Le Mali est encore en proie à des attaques et violations de droits de l’homme qui y rendent la situation « préoccupante » en dépit de la signature d’un accord de paix dans le pays en 2015, a estimé mercredi un expert de l’ONU.
Suliman Baldo, expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, s’exprimait à Bamako à l’issue d’une visite entamée le 21 février, sa sixième dans le pays depuis sa prise de fonctions en août 2013.
« D’abord, j’ai noté un certain progrès dans le processus de paix dans la mesure où les signataires » de cet accord de paix, entériné en mai-juin 2015 par le gouvernement, les mouvements armés qui le soutiennent et les groupes rebelles à dominante touareg qui l’ont combattu, « se sont mis d’accord pour accélérer la mise en place des mesures de sécurité », a affirmé à l’AFP M. Baldo, un Soudanais.
Cependant, a-t-il ajouté, « la situation sur place demeure très préoccupante. Il y a beaucoup d’insécurité dans le nord du Mali, et dans le Centre maintenant ».
« C’est seulement avec le déploiement et le retour de l’Etat partout sur le territoire national que les droits des citoyens peuvent être mieux protégés et leur accès à la justice peut être garanti », a-t-il dit.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à une rébellion touareg.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés du Nord à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, toujours en cours.
Mais en dépit de la signature de l’accord de paix censé isoler définitivement les islamistes extrémistes, des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Longtemps concentrées dans le nord, les attaques se sont étendues à partir de début 2015 vers le centre, puis le sud du pays.
Suliman Baldo a regretté des retards dans la mise en oeuvre de l’accord censé permettre aux autorités régionales et locales d’assurer leurs missions, notamment en matière de sécurité, justice et droits de l’Homme.
« Les instances juridiques du nord du pays ne sont pas encore en mesure d’accomplir leurs tâches de vraiment connaître les violations graves des droits de l’Homme qui ont eu lieu au Mali et qui continuent d’avoir lieu », a dit M. Baldo.
Selon lui, les juridictions du Sud « n’ont pas bénéficié (…) du soutien matériel et logistique nécessaire » pour leurs enquêtes « sur les cas qui leur ont été confiés ».
Source: 45enord