Accompagné d’une délégation d’une cinquantaine de membres, le Président de la République s’est rendu à New York pour prendre part à la 73ième session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette occasion fut mise à profit par des Maliens des Etats Unis, certainement ceux de l’opposition, pour dénoncer à la face du monde le hold-up électoral qui a permis au Président malien d’avoir un second mandat. Ce précédent va-t-il se répéter dans les pays à forte concentration de la diaspora malienne ?
Si, à l’intérieur du pays, des opposants sont souvent brutalisés, parfois embastillés, voire torturés pour avoir exprimé leur opinion, ailleurs leurs droits sont préservés. Comme c’est le cas à New York, où en marge de la 73ième Assemblée Générale, des dizaines de Maliens ont pris d’assaut les portes donnant accès à l’hôtel Mariott Essex House, où s’était installé IBK, pour exprimer leur mécontentement de le voir encore à la tête du Mali, sur la base de la fraude électorale. Les manifestants n’ont été ni gazés, ni embastillés, encore moins interdits d’exprimer leurs opinions. Ils ont pendant une bonne vingtaine de minutes, chauffé à blanc la devanture du luxueux hôtel où logeait le Président IBK et sa très forte délégation que d’aucuns estimaient à 50 personnes. Cette manifestation, bien qu’elle n’ait eu aucune incidence sur l’agenda d’IBK, donnerait à coup sûr des idées à d’autres compatriotes, surtout dans les pays européens ou américains à forte présence d’immigrés maliens, pour dénoncer ce qu’ils ont en grande majorité qualifié de mascarade électorale. Tout porte à croire que sa prochaine visite en France ou en Espagne sera mouvementée, car nombreux sont les Maliens de ces deux pays qui contestent encore sa réélection. Ils l’ont d’ailleurs fait savoir à plusieurs reprises à travers des marches et rassemblements de protestation.
Pour rappel, nombreux sont les Maliens de la diaspora qui ont voté pour les candidats de l’Opposition afin, disaient-ils, de sanctionner le bilan d’IBK. C’est pourquoi, ils croient dur comme fer qu’il n’a pas gagné et, par conséquent, que c’est sur la base de la fraude qu’il se maintient au pouvoir. Alors, une autre équation, celle d’être acceptée par tous les Maliens vient de s’ajouter aux nombreuses crises déjà latentes que le Président IBK doit résoudre.
En définitive, le début du dernier quinquennat d’IBK ne semble pas être de tout repos, tant il fait l’objet d’attaques et de critiques de la part de ses opposants, mais aussi et surtout des couches socioprofessionnelles. Son salut ne pourrait venir que d’un dialogue sincère avec l’opposition afin d’aboutir à un minimum de consensus indispensable pour relever les immenses défis auxquels le pays est confronté. Sinon, à ce rythme tous les ingrédients risquent de s’accumuler pour un embrasement. Qu’à Dieu ne plaise.
Youssouf Sissoko
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