Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Gabriel Touré est secoué par un scandale de marché de gré-à-gré de 500 millions de francs CFA, à la lumière de l’attribution de ce marché à la société Medical General Systems (MGS) par le Directeur Général Adjoint (DGA) de l’Hôpital Gabriel Touré, Cheick Tidiane Sylla. La transparence des attributions des marchés est encore mise à rude épreuve par ceux qui ont la charge de la traduire dans les faits en respectant la réglementation en vigueur. Et qui mieux que le DGA de l’Hôpital Gabriel Touré devait veiller à respecter scrupuleusement la loi ? Et qui est aujourd’hui au creux de cette affaire scabreuse ? Le Directeur général adjoint du CHU Gabriel Touré lui-même, Cheick Tidiane Sylla.
Violation flagrante des textes
En effet, et dans le cadre de la prise en charge des blessés en provenance des opérations de l’armée malienne et des accidentés de la route, ainsi que des grand brûlés des accidents professionnels et domestiques, un marché de 500 millions FCFA vient d’être attribué en violation totale du principe de transparence et de saine concurrence pour les marchés publics, objet d’une réforme du code des marchés publics (décret n°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2016, modifié, portant code des marchés publics et des délégations de service public). Aucun dossier d’appel d’offres.
En effet, l’article 58 du dit décret portant recours au marché par entente directe est sans appel. Et son article 58.2 stipule : le marché est passé par entente directe dans les cas suivants :
– Lorsque les besoins ne peuvent être satisfaits que par une prestation nécessitant l’emploi d’un brevet d’intervention, d’une licence ou de droits exclusifs détenus par un seul entrepreneur, un seul fournisseur ou un seul prestataire ;
– Dans le cas d’extrême urgence, pour les travaux, fournitures ou services que l’autorité contractante doit faire exécuter en lieu et place de l’entrepreneur, du fournisseur ou du prestataire défaillant ;
– Dans le cas d’urgence impérieuse motivée par des circonstances imprévisibles ou de force majeure ne permettant pas de respecter les délais prévu dans les procédures d’appel d’offres, nécessitant une intervention immédiate, et lorsque l’autorité contractante n’a pas pu prévoir les circonstances qui sont à l’origine de l’urgence ; lorsqu’il ne peut être confié qu’à un prestataire déterminé pour des raisons techniques ou artistiques.
Cependant, en ce qui concerne l’exécution de ce marché de scanner et d’une table de radiologie télécommandée pour le CHU-Gabriel Touré, il n’y avait pas de besoin, encore moins une urgence pour que le DGA de l’Hôpital, Cheick Tidiane Sylla, profite de l’absence de son supérieur hiérarchique pour conclure un marché par entente directe avec la société MGS. Mieux, MGS n’est pas le seul entrepreneur, fournisseur ou prestataire qui détient le droit d’exclusivité du produit au Mali.
Il y a des sociétés agréées comme Cissé Technologique (C.TECH) et Global CODEV. Bien plus, il n’y avait pas de cas d’urgence impérieuse motivée par des circonstances imprévisibles ou de force majeure ne permettant pas de respecter les délais prévu dans les procédures d’appel d’offres, nécessitant une offre par entente directe. Enfin, le seuil de passation du marché de gré à gré qui est de 24 millions, selon la loi, a été dépassé. Comme par magie. En bloc, c’est le goût du lucre qui a prévalu dans l’exécution de ce marché de gré à gré pour le CHU-Gabriel Touré.
À la soupe, chers pots
Selon nos sources, lors de la mission du Directeur général de l’Hôpital Gabriel Touré, son adjoint a exécuté plus de 10 marchés en son absence. Et cela en complicité avec des agents de la comptabilité, du contrôle financier et de l’administration de l’Hôpital.
Mais ce qui a estomaqué plus d’un au Centre hospitalier universitaire Gabriel Touré, c’est l’exécution de ce marché de scanner et d’une table de radiologie télécommandée. Une affaire décidée entre quatre murs par l’adjoint du directeur de l’Hôpital, Cheick Tidiane Sylla. Sur les 500 millions FCFA du marché, le DGA du Gabriel Touré, Cheick Tidiane Sylla, et ses zombies tapis dans l’administration hospitalière auraient empoché 10% du montant, soit la bagatelle de 50 millions de nos francs. Du moins, si l’on en croit une source bien introduite. Et le reste de l’enveloppe est revenu à la société MGS.
Le contrôleur financier, la comptabilité et certains cadres de la Direction de l’Hôpital Gabriel Touré sont concernés par l’opération. Une attribution qui n’a respecté aucune forme légale ou régulière malgré les prétentions de transparence affichées par nos autorités dans ce domaine. Mais le grand hic est que cette attribution a été faite par le DGA du Gabriel Touré lui-même, Cheick Tidiane Sylla et dans les conditions les plus opaques. Aucune publicité n’a été faite de ce marché par la Commission de passation des marchés pour les infrastructures compétentes pour ce genre de marché. Preuve certaine qu’elle n’a jamais été saisie de ce dossier.
Pas la moindre trace d’un PV (Procès Verbal) traitant de l’attribution de ce marché de 500 millions de francs CFA par le Directeur adjoint du CHU Gabriel Touré.
Rien ! Absolument rien. Rien encore du côté de la commission nationale de contrôle des marchés publics. Celle-ci n’a jamais autorisé ce marché de gré-à-gré comme le confirme les données à notre disposition.
Mais en remontant cette affaire, on apprend qu’au CHU Gabriel Touré où tout s’est décidé en aparté, cette attribution n’a fait l’objet du moindre marché régulier malgré l’importance de l’enveloppe engagée, soit 500 millions de francs CFA.
On apprendra, en revanche, que c’est une attribution faite par le DGA du CHU à l’un de ses « proches ». Son bienfaiteur, en l’occurrence. Ce dernier l’aurait confié (pour ne pas dire sous-traitée) à un fournisseur spécialisé dans la commercialisation de dispositifs médicaux neufs et d’occasions, à travers une société appelée Medical General Systems, en abrégé MGS, sise à Hamdallaye-ACI.
À en croire nos sources, le scanner commandé est loin d’être un matériel d’imagerie médicale neuf. Ce qui montre le degré d’irresponsabilité des auteurs de cette affaire rocambolesque.
Ce marché a été attribué directement comme s’il n’y avait aucune réglementation sur l’octroi des marchés publics dans notre pays. À quoi servent alors les lois et règlements allègrement piétinés.
Si le Directeur adjoint du CHU Gabriel Touré garant de la santé publique se livre à de telles pratiques on peut considérer que le pari lancé par le président de la République qui est la santé pour tous –et chaque jour démenti par les faits de la pratique– reste un slogan creux. Le pari des soins de santé pour tous est donc loin d’être gagné.
Au CHU Gabriel Touré, le DGA, Cheick Tidiane Sylla, Inspecteur des services économiques, a droit de vie ou de mort sur tout le monde. Ces désirs sont partout des ordres. Il déclare, à qui veut l’entendre, que Mme le ministre de la Santé est son ange protecteur. Et ce n’est pas un hasard si à l’ouverture du crédit du 4ème trimestre du CHU Gabriel Touré, l’homme s’est empressé d’engager des dépenses, sans que le besoin réel ne s’impose à l’Hôpital. Il a acheté 6 motos, une 4×4 Hilux pour lui-même. Avant de mettre son véhicule de service qui est de trois ans, à la disposition de sa famille. Où est le régime du « Mali d’abord » ?
Pour recouper nos informations, somme toute accablante, nous avons tenté de joindre la société MGS et le DGA du CHU Gabriel Touré, Cheick Tidiane Sylla, à travers leurs secrétariats. Mais ce fut peine perdue.
Par ailleurs, le Dga du CHU Gabriel Touré, est au cœur d’abus des biens de l’État lorsqu’il était Dga de l’Hôpital Nianakoro Fomba de Ségou. Et l’actuel Directeur de cet hosto, Abdoulaye Sanogo, peu en témoigner. Aujourd’hui, le dossier de Cheick Tidiane est au Pôle Économique… Nous y reviendrons, plus en détail, dans nos prochaines éditions.
Jean Pierre James
Source: Le Nouveau Réveil