Sous la pluie battante, des hommes et femmes handicapés, enfants des écoles coraniques, jumeaux, des vrais et des faux, à tendent la sébile en quête de la pitance quotidienne. L’hivernage est au summum, avec des quantités de pluies considérables, chaque jour, ou presque. Pendant que certains cherchent des abris contre la pluie, eux, la bravent pour pouvoir mendier.
Samedi dernier encore, les Bamakois ont eu droit à une journée de pluie, empêchant pas mal de personnes de vaquer à leurs occupations. Aux alentours de la grande Mosquée de Bamako, un groupe de femmes sont assises sous la pluie, avec leurs enfants, attendant un geste de bonne volonté, des passants.
Pourquoi ne peuvent-elles pas occuper des endroits protégés de la mosquée ? L’une d’elle a répondu: « Nous préférons rester ici sous la pluie avec tous les risques de maladies pour demander l’aumône. On vit de ça ». Non loin de la mosquée, une petite fille de 8 ans, seule sur la voie bitumée, marche vers un « sotrama », à la quête d’un geste de charité. Mais, depuis la patache, une voix l’oblige à renoncer. C’est un passager qui lui a conseillé de chercher un abri contre la pluie pour ne pas attraper une pneumonie.
Dans la rue de l’hôpital Gabriel Touré, une vieille femme, en fauteuil roulant, détrempée, elle aussi, par la pluie fine insistante, aborde les automobilistes au feu tricolore. « Tu risques de prendre froid, ma vieille, il faut te protéger», lui a lancé un automobiliste. « Que faire ?» a-t-elle rétorqué. Et l’automobiliste de lui glisser quelques pièces, suivi des bénédictions de la vieille mendiante.
A coté d’elle, est arrêtée une petite fille tenant la canne du vieux Balla, un non voyant. Couvert par un plastique, le vieux n’a pas nié le danger de mendier sous la pluie. Mais il a indiqué que chacun de ses bienfaiteurs a son heure de passage qu’il ne veut pas rater.
Il est 11h, dans la même journée du samedi. A la descente du pont Fahd, à Torokorobougou, avancent, sous une pluie battante, trois garçons dont l’âge varie entre 7 à 10 ans. L’un d’eux, nommé Moussa Cissé, tout mouillé, se dirige vers une motocycliste, suivi des deux autres chantant des refrains coraniques. Lorsque celle-ci lui a demandé pourquoi il est sous la pluie, le garçon a gardé le silence. Son compagnon, Amadou Ba, répond qu’ils n’ont ni abris ni de quoi manger aujourd’hui. « Si nous rentrons sans argent, sous prétexte qu’il pleut, notre maitre ne comprendra pas et il va nous battre».
Malgré la pluie, ils réussissent à empocher des pièces de certains passagers sensibles à leur sort. Ils soutiennent que c’est leur maitre coranique qui en profite, sans se soucier du danger comme des maladies respiratoires et des accidents de la circulation.
AMK/MD
(AMAP)