Samedi à la Maison des Aînés et sous le parrainage de l’Imam Mahmoud Dicko et de Me Harouna Toureh, président de la Plateforme, un groupe à rallier le processus de paix et de réconciliation en adhérant à la Plateforme est le groupe de Hama Founé Diallo.
Cinquantaine robuste, moustache fournie, regard caché derrière d’épaisses lunettes noires, cet homme qui ne dit rien aux ressortissants du Sud du Mali est une véritable légende dans le Delta Central du Niger, qui correspond à la zone inondée de la Région de Mopti. La légende se renforce à partir de fin 2014 quand l’homme prend le commandement d’un groupe de combattants locaux dominés par les Peulh.
Mais Hama Founé était tout sauf inconnu au bataillon. Originaire de Sosoobe, il dirige les troupes de ce village du Cercle de Tenenkou dans la guerre contre le village voisin de Salsaalbe en1993. Cette guerre née d’un vieux litige foncier aura été particulièrement meurtrière avec une trentaine de morts, une cinquantaine de blessés et un profond traumatisme.
Bien avant ce sanglant conflit, Founé comme il est appelé partout dans sa région, a combattu au Liberia à la fin des années 1970 avec les troupes de Charles Taylor. C’est d’ailleurs au Liberia qu’il rencontrera son ex épouse américaine qui lui donnera deux enfants vivant aujourd’hui aux Etats-Unis plus de Macdo que de lait caillé. Retour dans le Delta au début des années 1980: il se fera une réputation contrastée. Pour certains il devient une sorte de Zorro toujours du côté des plus faibles. Pour d’autres, il est occasionnellement un des Terreurs locaux, ces voleurs de bétail qui obsèdent les éleveurs.
Identitaire mais pas jihadiste ?
En 1994, à la faveur de la rébellion du Nord, il se retrouve – avec la bénédiction de l’Etat comme il s’est dit?- à la tête d’une milice d’autodéfense peulh contre les éventuelles exactions des insurgés. Il prend alors du galon. Son aura aussi. C’est souvent qu’il invitera la communauté peulh à se mobiliser et à s’unir pour mieux se défendre en particulier contre les abus de l’administration.
Car la Région de Mopti, c’est connu, était le royaume de l’impunité et l’eldorado offshore des fonctionnaires: juges, gendarmes, eaux et forêts notamment. Il n’y a pas d’autre solution pour les Peulh, lui prête-t-on de dire à maintes occasions, “que de prendre les armes comme les Touaregs pour se faire respecter”. Est-ce pour la fascination des armes qu’il rejoindra le Mnla vers Nampala en 2012?
Le dernier charnier de militants de ce mouvement qui ont massacré des Peuls en 2013 passe pour l’avoir choqué au plus haut point. Il est vrai qu’au même moment la libération du pays par les troupes Franco maliennes avait commencé et que Founé ne peut pas ignorer la donne. Toujours est-il que de fin 2014 à son ralliement au processus de paix en février dernier, et ce grâce à l’entremise de certains de ses proches, les bons offices des députés de la Région de Mopti, la bénédiction du gouvernement et la facilitation du Général Ismaila Cissé, Il a surtout sévi dans le Delta, avec sa centaine d’hommes. Contrairement aux hommes de Hamadoun Kouffa, il n’a jamais, lui, revendiqué ses forfaits. Mais sa légende l’a dépassé et il est devenu la terreur noire de l’administration qui a préféré déserter le Delta.
Une centaine d’écoles fermées, des préfectures vides, des mairies abandonnées, des postes de sécurité “repliés”, des chefs de villages réfugiés à Bamako. Bref une psychose qui amalgame les actions jihadistes du fantomatique Kouffa et les frappes politiques de la bande à Founé. La frontière est évidemment mince et on le sait les vases du Sahel communiquent. Mais la confusion est peut être terminée car Hama Foune Diallo l’a juré samedi: il dépose les armes et adhère au fragile processus de paix en cours.
Adam Thiam
Source: Lerepublicainmali