Les attentes semblent ne pas évoluer comme on espérait. Ca fait déjà six (6) ans que je faisais les mêmes analyses.
C’est bien gentil de se battre dans son coin. Mais pour changer notre société dans sa logique globale, il faut que nos idées accèdent aux leviers de commande. D’où la nécessité de relancer le débat politique à partir de nos réflexions. Pour consolider notre démocratie, pour réveiller les consciences, il faut intervenir sur la place publique, énoncer à la tribune ses idées, les faire approuver par le vote. Il est temps de proposer une nouvelle politique dont la pierre angulaire serait la démocratie active.
Il est urgent, dans la mesure où cela correspond à une attente, de fonder un courant de pensée qui réfléchira à des solutions concrètes pour sortir notre société, notre chère patrie de sa torpeur, pour l’aider à surmonter ses angoisses.
Il nous faut des femmes et des hommes de terrain, rompus à des expériences novatrices, dégagées des appareils politiques qui ne semblent plus en situation d’intégrer de nouveaux repères.
L’urgence nous guide. Il est clair que la montée des intolérances appelle à une prompte réaction de tous les démocrates, de tous les patriotes, de tous les humanistes.
Actuellement, il y a peu de démarches pragmatiques, participatives et inclusives :
– Les uns évoquent des idées générales mais dépourvues des moyens de leur application concrète ;
– Les autres invoquent la crise pour justifier tous dysfonctionnements et se contentent d’une gestion du quotidien ;
– Mais nombreux sont ceux qui, dégoûtés du blocage des partis traditionnels, s’inscrivent dans des projets concrets et réalisent en petit, contre vents et marées, ce qu’ils rêvent de voir naître en grand.
Les maliens doutent de la démocratie car le pouvoir de l’argent s’infiltre dans toutes les pratiques, toutes les consciences, sans que les hommes politiques au pouvoir ne puissent rien y changer.
Une recomposition politique qui permettrait aux réformistes de terrain de s’unir pour revivifier la pratique démocratique est bien possible. Il faut bâtir, pour consolider nos institutions politiques, une démocratie de proximité. Faire en sorte que les gens, au quotidien, se sentent à nouveau maîtres de leur destin.
Il convient de faire connaître nos idées, de relancer un débat qui semble atone aujourd’hui. La tribune politique doit demeurer le lieu de ce débat. Car il ne faut pas cultiver le rejet de la classe politique et verser dans le sentiment que les politiciens sont « tous pourris ».
Nous regrettons un vide d’idées, une carence de la pensée politique, un défaut de visions alternatives.
Les hommes politiques seraient tentés de dire à l’électorat : « le chômage monte, l’exclusion se développe, mais nous n’y pouvons rien. » Bien entendu, personne ne peut se permettre publiquement ce constat d’impuissance. Aussi rabâchent-ils des discours auxquels ils ne croient plus eux-mêmes.
Chaque mois sort une idée qu’on voudrait faire passer pour neuve, sans qu’apparaisse clairement la vision d’ensemble qui sous-tend telle ou telle réforme.
Le pari démocratique, c’est de lutter contre la désintégration de nos sociétés.
Des reformes nombreuses, inspirées d’expériences concluantes, peuvent être envisagées pour unir des forces généreuses.
La puissance publique doit envisager l’initiative locale, faire en sorte que tous les citoyens se réinvestissent dans les projets qui les concernent directement. Sans quoi, la rupture sera consommée et les aventures politiques extrêmes se développeront.
Faisons le pari que des femmes et jeunes créent un courant pragmatique, ignorant les tabous, ayant le courage de dénoncer non seulement les symptômes du mal (l’exclusion, le chômage, la délinquance), mais aussi les causes du mal qui ronge notre société : l’abus de pouvoir, le règne débridé de l’argent, le vécu souvent plus formel que réel de la démocratie.
La situation actuelle soulève des défis qui, pour être relevés, réclament une extraordinaire capacité d’adaptation.
Les maliens ne demandent qu’une chose, avoir leur mot à dire sur ces adaptations, ne pas subir le changement mais en être les acteurs.
Un sage a dit : « Si la goutte d’eau refuse d’être une goutte d’eau, il n’y aura pas d’océan, si le grain de sable refuse d’être un grain de sable, il n’y aura pas de désert. »
Chacun de nous doit faire son autocritique pour se remettre en cause.
C’est parce que chacun d’entre nous le voudra qu’ensemble nous ouvrirons la voie d’une ère nouvelle …
Dr Aly WELE Président de V.
Le challenger