Dans l’effervescence de l’ère démocratique, il y a plus de vingt ans, le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME), censé être l’organe de regroupement et d’unification de la diaspora malienne, fut fondé. Mais, il est aujourd’hui loin de combler les attentes des Maliens.
Ses objectifs et buts non exhaustifs étaient notamment:
– l’encouragement des ressortissants maliens à participer activement au développement socio-économique et culturel du Mali.
– Inciter, favoriser l’investissement et l’épargne au sein des communautés maliennes de la Diaspora.
– Élaborer des dispositions (en accord avec l’État), à faciliter le retour et l’installation des ressortissants maliens au pays.
Certes la création du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur est une recommandation issue de la Conférence Nationale de 1991. Mais cela ne lui confère aucune prépondérance légale ou légitime de REPRÉSENTANT UNIQUE des Maliens de l’Extérieur. Aucun texte administratif ou juridique ne l’affirme.
Cependant, on va jusqu’à lui conférer un caractère et une valeur d’institution constitutionnelle. Ce qu’il n’est pas du tout conforme à la réalité.
Cette interprétation relève d’une malhonnêteté intellectuelle. Toute la latitude prêtée à cette structure au début relevait d’une logique organisationnelle et non institutionnelle. Si le fait d’être issu de la Conférence Nationale conférait un « droit » de fait sans les textes, nous aurions déjà eu (autre recommandation) des députés à l’Assemblée nationale.
Qu’en est-il de cette représentation? Nous savons bien qui y lutte et continue d’y lutter aujourd’hui. C’est le Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne (CSDM). La main ne peut cacher le soleil.
Le CSDM se trouve à la pointe du combat de cette revendication. N’en déplaise à certains.
À ce jour, en plus de 20 ans d’existence, quel bilan positif tire-t-on sur ces deux décennies du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur?
Manifestement, un constat d’échec pour plusieurs raisons, entre autres:
– Dans l’euphorie de la création du Haut Conseil, aucune réflexion intellectuelle approfondie n’a été faite sur le mécanisme de réussite et de maintien de l’organisation.
– Des rivalités (insensées) de personnes. Si la première présidence s’est achevée dans une accalmie relative, la seconde a été un mandat de tumultes, division, agitation dans de nombreux pays y compris le pays de base du Président d’alors.
Le HCME était devenu plus fictif que réel. Ses objectifs n’étaient plus conformes à l’esprit qui a guidé sa création, l’accès à sa présidence devenait synonyme de désir d’importance. Les divisions créées étaient notoires dans les communautés maliennes de Côte d’Ivoire, France, Arabie Saoudite, etc.
– Le désengagement de l’État d’une structure mal ficelée, laissée à l’abandon au profit d’un hypothétique ministère des Maliens de l’Extérieur scindé des Affaires Étrangères, aux fonctions et rôles mal définis, invisibles. Le budget consacré à ce ministère aurait pu entretenir le Secrétariat Permanent du HCME, dont la survie dépend des seuls subsides de ses Présidents.
– Mais le grand poids de l’échec vient des Conseils de base, dont l’élection des membres est un simulacre cautionné par des soi-disant délégués du HCME et du Ministère de tutelle. Ces élections ne se passent pas conformément aux textes en la matière. Corruption et coups bas sont passés par-là.
Par ces subterfuges, quelques regroupements hétéroclites d’éléments avides d’importance et de grandeur (dont la plupart n’ont ni idée, ni maîtrise du rôle à jouer dans un bureau) créent la zizanie, des clivages, divisions et tiennent ainsi en otage au nom du Conseil des Maliens de l’Extérieur, des communautés entières. Ces cas sont perceptibles dans plusieurs pays. En illustration, des délégués analphabètes de sélectivité partisane sont le plus souvent présents à des Congrès et Conseil d’administration à Bamako. Ne sachant ni lire ni écrire, quels rapports succincts font-ils à leur base?
La sub-conséquence de tels faits a été le désintérêt de nombreux Maliens pour la chose.
La méconnaissance textuelle et statutaire du HCME par ceux en ont accaparé à la base a été aussi préjudiciable à la structure.
De milliers de nos compatriotes comprennent par HCME, un pouvoir ou une capacité de protection dans les pays d’accueil. À défaut d’être comme tel, il pouvait être cet espoir s’il était bien structuré à la base et soutenu d’une réelle volonté politique de l’État.
En termes de « Maliens de l’Extérieur », il ne s’agit pas seulement de penser ou faire référence à la manne financière que cette catégorie de citoyen transfère chaque année dans notre pays (plus de 400 milliards), participant ainsi, d’une touche, infime soit-elle au développement économique du pays.
Bénéficient-ils pour autant de l’aide, de l’assistance nécessaire qu’ils sont en droit d’attendre de l’État si besoin est? On ne saurait l’affirmer…..à partir de prestations d’assistance de certains de nos Consulats et Ambassades.
Bien qu’il faille relativiser, l’incompétence, voire l’indifférence de certains de nos services diplomatiques et consulaires pénalise bon nombre de nos concitoyens. Rien ne s’invente. On a vu à Paris une employée consulaire porter la main sur un usager. Ce qui en a résulté a été une promotion fulgurante pour la coupable. Voilà des cas où le HCME pouvait et devrait intervenir. À défaut de la protection promise aux Maliens de l’Extérieur par le Président de la République, concéder un « droit » de regard aux Maliens de l’Extérieur eux-mêmes dans les nominations de Consuls généraux apporterait plus d’attention de leur part à nos compatriotes. Il est grand temps de rappeler tous les inamovibles diplomates inactifs en poste.
Nous souhaitons tous redynamiser la mobilisation. Nous sommes plus de 4 millions de Maliens qui font les frais de décisions administratives incongrues, nous pénalisant. Mais ce n’est pas le HCME qui peut rassembler, loin s’en faut, après des décennies de déconvenues. Sans vouloir aborder de volet politique, je signale au passage que son président s’est sabordé lui-même en violant allègrement le caractère apolitique de sa structure en appelant à voter un camp.
Mal lui en a pris de se rendre compte qu’il n’est pas suivi des Maliennes & des Maliens de l’Extérieur.
Ce qu’il faut craindre à présent est l’orientation que le nouveau ministre Yaya Sangaré donnera à la politique de gestion de la Diaspora, compte-tenu du comportement irresponsable et très partial de son prédécesseur. Ça murmure déjà des rumeurs d’instructions reçues dans certaines chancelleries (consulats et ambassades), à imposer le métaphorique HCME.
Comme le dit si bien un ami de sur la toile, au Mali, tout commence par la rumeur, suivie du démenti et ensuite la confirmation…
Le temps nous édifiera.
Tièfing KANTE