Le parquet guinéen a demandé mercredi à des syndicalistes de l’enseignement d’arrêter leur mouvement de grève lancé le 13 novembre, émaillé de manifestations violentes qui ont fait deux morts cette semaine, a-t-on appris auprès des intéressés.
Le calme était revenu mercredi dans les rues de la capitale, Conakry, a constaté un correspondant de l’AFP, après deux jours de heurts entre jeunes manifestants et forces de l’ordre, qui ont coûté la vie à deux adolescents, lundi et mardi.
Quatre responsables du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), à l’origine de cette grève illimitée, relâchés lundi soir après deux jours de détention, ont été présentés mercredi devant le procureur du tribunal de première instance de Kaloum (centre de Conakry).
Le procureur « nous a reçus, il nous a dit: +En fin de compte, rentrez chez vous, je compte sur vous pour continuer les négociations et mettre un terme à cette grève qui n’a que trop duré+ », a déclaré à la presse leur avocat, Salifou Béavogui.
« Il nous a demandé de revenir lundi prochain afin qu’on discute encore, et c’est ce que nous allons faire, parce que mes clients ne peuvent pas être au tribunal et négocier sur le terrain pour ramener le calme », a ajouté Me Béavogui.
Le ministre de la Justice, Cheick Sako, a dénoncé mardi une grève « sauvage » car lancée sans respect du préavis prévu par la loi.
En visite à Paris, le président guinéen Alpha Condé a aussi qualifié mercredi à Paris de « sauvage » et « illégale » la grève.
Après avoir été reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron, M. Condé a assuré que « les problèmes » allaient être « réglés » à son retour en Guinée jeudi.
« Nous nous battons pour l’amélioration de nos conditions de vie, ce qui n’est pas un crime », a réaffirmé mercredi le porte-parole des syndicalistes, Aboubacar Kaba.
« Nous sommes des syndicalistes et notre action est garantie par la Constitution, qu’il dise ce qu’il veut », a dit M. Kaba, en réponse aux propos du ministre.
« Le combat continue jusqu’à la satisfaction totale de nos revendications » salariales, a-t-il assuré, estimant que le syndicat n’était « pour rien » dans les violences. « Nous avons simplement demandé aux enseignants de rester chez eux, nous ne gérons pas les élèves, c’est aux parents et au gouvernement de prendre leurs responsabilités », a-t-il dit.
En février, huit personnes avaient été tuées en Guinée, dont plusieurs par balles, lors des manifestations liées à une grève des enseignants.
Les organisations de défense des droits de l’Homme dénoncent régulièrement le lourd bilan de victimes lors des manifestations politiques ou sociales dans le pays.
La rédaction