Le Kremlin a admis que des erreurs avaient été commises dans sa campagne de mobilisation des réservistes de l’armée russe pour combattre en Ukraine, dans un contexte d’opposition publique croissante.
“Il y a des cas où le décret est violé”, a déclaré le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, ajoutant que “toutes les erreurs seront corrigées”.
Selon de multiples rapports, des personnes sans expérience militaire – ou trop âgées ou handicapées – sont appelées.
Le décret de mobilisation de la semaine dernière a déjà déclenché de vastes protestations.
Le 21 septembre, le président Poutine a annoncé ce qu’il a décrit comme une mobilisation partielle.
Le ministre de la défense, Sergei Shoigu, a ensuite déclaré que 300 000 réservistes seraient appelés.
Toutefois, les médias russes d’opposition ont laissé entendre que jusqu’à un million de personnes pourraient être appelées, soulignant qu’un paragraphe censé concerner le nombre exact de réservistes requis a été omis (classé secret) dans la version publiée du décret de M. Poutine sur le site officiel du Kremlin.
Selon un certain nombre d’experts militaires occidentaux et ukrainiens, la décision de M. Poutine de rappeler les réservistes montre que les troupes russes échouent gravement sur le champ de bataille en Ukraine, plus de sept mois après que Moscou a lancé son invasion.
Depuis l’annonce de la mobilisation, plus de 2 000 personnes ont été arrêtées lors de manifestations à travers la Russie.
Lors d’un point de presse lundi, le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, a admis que des erreurs étaient commises.
Il a déclaré que dans certaines régions, “les gouverneurs travaillent activement à rectifier la situation”.
M. Peskov a également déclaré qu’il n’avait pas connaissance de décisions visant à fermer les frontières de la Russie et à imposer la loi martiale dans le pays.
Les médias avaient précédemment suggéré que cela pourrait être fait pour empêcher les recrues potentielles de s’échapper à l’étranger.
Depuis l’annonce de la mobilisation, de nombreux jeunes Russes cherchent à quitter le pays.
Des images satellites montrent de longues files d’attente de voitures russes à la frontière avec la Géorgie.
Dans le dernier signe de protestation publique croissante, un homme a grièvement blessé un agent de recrutement de l’armée dans la ville sibérienne d’Ust-llimsk, lundi.
Des images ont été diffusées sur les réseaux sociaux, montrant apparemment l’agresseur s’approchant de l’agent et lui tirant dessus.
Les habitants du bâtiment apparaissent ensuite paniqués, criant et courant après avoir reçu par le tireur l’odre de fuir.
Au cours du week-end, des habitants de la république russe du Daghestan, dans le Caucase du Nord, ont affronté la police au sujet de la campagne de mobilisation.
Plus de 100 personnes ont été arrêtées lors de manifestations dans la capitale régionale, Makhachkala, a indiqué OVD-Info, un organisme russe indépendant de surveillance des droits humains.
Un certain nombre d’incendies criminels ont également été signalés dans des centres de recrutement et d’autres bâtiments administratifs à travers la Russie.
Dans son annonce de la mobilisation la semaine dernière, M. Poutine n’a pas précisé combien de réservistes seraient appelés.
Mais s’exprimant immédiatement après le président, M. Shoigu a déclaré que 300 000 réservistes – des personnes ayant eu une expérience militaire et nécessitant des compétences spécialisées – seraient enrôlés.
Le ministre a déclaré que cela représentait un peu plus de 1 % des 25 millions de réservistes potentiels de la Russie. Le processus s’étalera sur plusieurs mois.
Certaines limites d’âge et d’invalidité s’appliqueraient, selon le décret de mobilisation. Il ne fournit pas d’autres détails. On pense que les hommes âgés de 18 à 60 ans – et dans certains cas même plus âgés – pourraient être mobilisés.
Certains commentateurs russes ont immédiatement émis de sérieux doutes sur les promesses du président et de son ministre de la Défense selon lesquelles la mobilisation serait limitée.
Ils ont fait remarquer que le décret ne dit rien sur les exceptions, comme l’interdiction de recruter des étudiants ou des conscrits.
Ils ont laissé entendre que ce serait aux chefs de région de décider qui appeler pour atteindre les quotas.
Le 24 septembre, M. Poutine a publié un nouveau décret stipulant expressément que les étudiants seraient exclus du service militaire.
Avant de lancer son invasion le 24 février, la Russie avait rassemblé environ 190 000 soldats le long des frontières de l’Ukraine.
Source : BBC Afrique