Une épidémie de grippe aviaire sévit au Burkina Faso depuis le mois de mars dernier. Le Mali partage avec ce pays une longue frontière qui s’étend du cercle de Sikasso à celui de Yorosso en passant par Kadiolo pour la Région de Sikasso. D’importantes foires hebdomadaires existent le long de cette grande frontière dans lesquelles s’effectuent beaucoup d’échanges commerciaux de produits agricoles, d’animaux et de volaille. Les échanges sont particulièrement intenses dans les localités de Boura, Koury et Ourikila (cercle de Yorosso), Loulouni et Zégoua (cercle de Kadiolo), Warasso, Zantiguila et Bambougou (cercle de Sikasso).
Si l’apparition de la grippe aviaire au Burkina Faso a été prise très au sérieux par les autorités sanitaires nationales, la menace ne semble pas émouvoir outre mesure certains marchands de volailles qui la confondent avec les épidémies ordinaires dans nos contrées. A les entendre, l’Etat dramatiserait la situation.
Adama Berthé, un marchand de volaille au marché de Sikasso, n’est pas de ceux-là. Il a pleinement conscience du danger. Il explique que tout bon marchand de volailles évite d’ordinaire les localités où sévissent les épidémies aviaires car le risque de se faire ruiner est très élevé. « Un seul coq malade peut dévaster tout votre cheptel. Nous sommes sur le qui-vive. Mais dans les foires des localités frontalières, il est difficile de déterminer l’origine de la volaille tant le brassage des populations frontalières est total », note-t-il.
Pour le directeur régional des services vétérinaires de Sikasso, le Dr Binafou Dembélé, il faut être très vigilant sans céder à la psychose. Dès l’annonce de l’apparition de la grippe aviaire au Burkina Faso et la décision des autorité nationales de suspendre les importations de volailles en provenance du « pays des hommes intègres », témoigne-t-il, des comités de veille et de lutte contre l’épidémie ont été mis en place dans tous les cercles de la Région de Sikasso. La coordination est assurée par un comité régional. Les comités locaux qui sont déjà opérationnels organisent des réunions d’information et de sensibilisation dans les cercles et les communes. Ces informations sont relayées à la base par les chefs de village dans les différentes contrées.
Le directeur régional des services vétérinaires de Sikasso a rappelé qu’une épidémie de grippe avait déjà frappé le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire en 2005-2006. Notre pays avait alors pris des dispositions en installant un mécanisme de veille et de contrôle. Ces mécanismes ont été redynamisés. « Nous avons bon espoir que notre pays sera épargné. Les services de sécurité surveillent les marchands de volailles au niveau des grands axes qui relient les deux pays », assure Binafou Dembélé qui lance un appel à tous les acteurs de la filière volaille pour qu’ils restent mobilisés autour des dispositions prises et qu’ils informent les autorités à la moindre suspicion.
F. DIABATE
AMAP-Sikasso
source : L ESSOR