Les syndicats Libre de la magistrature (Sylima) et Autonome de la magistrature du Mali sont entrés dans un tournant crucial de leur grève devenue illimitée depuis la semaine dernière. Leur mouvement conjoint aura été d’un impact incommensurablement négatif dans les activités judiciaires.
C’est en effet la paralysie quasi générale dans les cours et tribunaux sur l’ensemble du territoire national ou du moins partout où la justice est fonctionnelle au Mali. En abandon de travail pour réclamations bon satisfaites en hausse des salaires, d’indemnités et de primes, les magistrats auront réussi une perturbation inédite du fonctionnement de leur secteur. Les structures judiciaires ont été littéralement désertées car les syndicalistes ont veillé à faire observer la grève y compris par des procédés coercitifs comme le refus de l’accès des locaux à leurs membres
Vendredi dernier, la cour du Tribunal de la Commune VI de Bamako était vide ou presque puisqu’elle n’était occupée que par quelques agents de sécurité en plus certains agents auxiliaires éparpillés dans les bureaux pour assurer la permanence et recevoir les dossiers. L’agent Idrissa Alhad confie que depuis plus d’un mois lui et ses collègues tournent le pouce toute la journée, perdent le temps aux parties de thé et aux va-et-vient inutiles dans la cour jusqu’à l’après-midi. Tidiane Niang, un usager de l’administration à la recherche d’un certificat de nationalité, exprime quant à lui son désarroi de n’avoir pas été en mesure de se procurer le document en raison de la grève. “C’est dommage pour nous les nouveaux bacheliers qui voulons nous inscrire dans les concours et des bourses. Je suis là pour chercher un simple document administratif, mais l’accès à la cour du tribunal est interdit”, s’est-il lamenté. La grève des magistrats n’a ainsi pas épargné les nouveaux bacheliers en plein préparatif de la rentrée des classes, de concours et de bourses. C’est la colère et l’angoisse à peine contenues dans leurs rangs, à l’instar de Samba Guindo, qui s’est confié en ces termes : «Je suis venu rassembler mes pièces, mais on m’a fait savoir qu’ils sont en grève. J’ai procédé au dépôt de mes dossiers, mais la réponse à la demande est suspendue à la fin de la grève illimitée». Et Fatim, une autre bachelière, de déplorer son cas en s’estimant victime de la politique du gouvernement. «Toujours des grèves à n’en pas finir par-ci par là ça; c’est seulement au Mali que cela se passe», a grommelé notre interlocutrice très amer de n’avoir pu décrocher son certificat de nationalité, tout simplement parce que le service est aux arrêts au niveau des tribunaux. “J’ai besoins de mes dossiers pour préparer ma demande de bourses et faire un concours”, a-t-elle fulmine les larmes aux yeux.
Abdoulaye Tangara
Source: Le Témoin