Le Premier Ministre Abdoulaye Idrissa Maiga ne s’était pas encore acquitté de ce fastidieux exercice devenu traditionnel pour chaque nouveau chef de gouvernement. Ayant suivi toutes les DPG depuis bientôt 4 ans, c’est au pupitre que ce « membre permanent » de l’exécutif dirigé par IBK était attendu.
Nommé le 8 avril dernier, le PM dit être aux commandes au moment où le pays est profondément marqué par le terrorisme, la criminalité, le trafic d’armes, de drogues, de tous les genres et la recrudescence du banditisme urbain et périurbain. Rappelant que le mandat de l’actuel Président tire vers la fin, il s’est obligé dans son discours à placer sa mission dans ce contexte précis. L’une des priorités majeures pour le Mali tout entier est la sécurité. En dépit d’une dégradation généralisée dans le nord et le centre du pays, le Premier Ministre s’est contenté de dépeindre un tableau assez brillant. « … D’autres avancées récentes, obtenues au cours des rencontres intercommunautaires et intra-communautaires, y compris celles engagées avec les groupes armés, ici même à Bamako, en vue de leur cantonnement, incitent à l’optimisme et constituent un socle solide vers une vraie normalisation », s’est-il réjouit. Or, l’attaque du camp de Kidal et les affrontements intercommunautaires ayant entrainé plusieurs dizaines de morts se sont déroulés dans la foulée de cette DPG. Sans oublier que dans de nombreuses localités dans les régions de Mopti et de Ségou, l’état est totalement absent, donc, les services sociaux de base comme l’école aussi. Le terrorisme y trouve des espaces favorables à son expansion ne manquant pas d’utiliser une certaine hostilité intercommunautaire qui couve sans la cendre d’une insécurité qui s’éternise. C’est dire combien deux des axes principaux de son mandat, à savoir le parachèvement de la mise en œuvre de l’Accord et l’apaisement du climat social sont déjà mis à mal.
Pour ramener la paix et la sécurité sur toute l’étendue du territoire, Abdoulaye Idrissa Maiga compte engager une lutte efficace contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. Les actions seront basées sur le renforcement des capacités en renseignements, la formation et l’acquisition d’équipements militaires et d’infrastructures adaptées. Mais le PM ne compte pas s’arrêter là dans les bonnes intentions. Le Gouvernement veut intensifier la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre, la création d’une Direction Générale de la Police Scientifique et Technique mais également l’opérationnalisation du Centre d’Analyse et de Fusion du Renseignement. Il a aussi annoncé la mise en place des centres de crise au niveau des Directions Générales de la Police Nationale, de la Gendarmerie Nationale et de la Garde
Nationale. « Ces mesures vont conduire progressivement au retour de l’Etat
sur toute l’étendue du territoire, plus particulièrement en assurant un retour visible de l’administration à Kidal et l’installation des structures de l’Etat dans la nouvelle région de Taoudenit », explique le Premier Ministre.
Mais aucune période claire n’est indiquée pour le retour de la paix et de l’administration partout au Mali bien que le pays ait déjà consommé plusieurs années dans ce fameux processus. Il y a eu une lueur d’espoir lorsqu’il note que le Gouvernement a décidé d’envoyer d’ici au 30 juin au plus tard, une mission de bons offices dans les régions de Kidal, du Delta Intérieur et de la Boucle du Niger. L’objectif ultime de cette mission de bons offices étant de rendre effective la présence de l’Etat à Kidal, de contribuer à stabiliser le Centre et surtout de consolider davantage le vivre ensemble. Mais coup de théâtre, la CMA s’est désolidarisée du plan du gouvernement prévoyant le retour de l’état à Kidal avant la fin de ce mois. Résultat, la paix semble repoussée aux Calendes grecques. A moins d’un retournement brusque et heureux de situation qui ramènera tous les acteurs à de réelles intentions de mettre fin aux souffrances des populations.
Idrissa DICKO