Pour désamorcer la crise de gestion qui menaçait de paralyser la structure hospitalière de la capitale des rails, le ministre de la Santé et des Affaires sociales a fait le déplacement pour écouter toutes les parties. Les choses sont rentrées dans l’ordre après son passage
L’Hôpital Fousseyni Daou de Kayes a connu une montée d’adrénaline lundi dernier. En effet, le comité syndical a organisé le lundi 27 avril dernier un sit-in devant l’établissement pour dénoncer les « mauvaises » conditions de travail, notamment ceux qui s’occupent de la prise en charge des patients et personnes suspectes de la maladie à coronavirus. Le personnel sanitaire, qui assure la prise en charge des malades et cas suspects du Covid-19 de la 1ère région administrative du Mali, voulait faire connaître les mauvaises conditions dans lesquelles il travaillait. La tension a baissé après la visite jeudi dernier du ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Hamala Sidibé.
En cette période de crise sanitaire, le ministre de la Santé et des Affaires sociales se devait de répondre au plus vite au cri de cœur lancé par le personnel de l’Hôpital Fousseyni Daou de Kayes. Cette prompte réaction a permis d’apaiser le climat social à Kayes, car praticiens, autorités régionales et même la population se sont dits totalement satisfaits.
En effet, le ministre Michel Hamala Sidibé, accompagné notamment par le Coordinateur national de la lutte contre le Covid-19, le Professeur Akory Ag Iknane, a visité l’hôpital régional de la ville de Kayes, et constaté les conditions de travail et de prise en charge des malades dans cette structure sanitaire. Le ministre Sidibé a pris la décision de rétablir et de payer la prime de zone pour le personnel soignant. Il a recommandé la construction d’une haie de séparation du bâtiment Covid-19 des autres pavillons de l’hôpital et l’accompagnement de l’hôpital pour minimiser le manque à gagner dû au recouvrement des coûts.
Il a également décidé l’ouverture de l’hôpital mère enfant de Kayes. Il a ensuite instruit une visite de professionnels de la santé dès la fin de cette semaine pour améliorer les conditions de prise en charge des malades à Kayes et l’amélioration de la communication entre les autorités et la communauté pour un meilleur engagement.
«Je me rends compte que dans l’adversité quotidienne nos services se battent pour sauver des vies», a dit Michel Hamalla Sidibé. «Nous avons mis à la disposition de Kayes des équipements, bien sûr qu’ils ne sont pas suffisants, mais qui sont en route. Nous avons demandé que 130 millions de francs CFA soient mis à la disposition de Kayes pour accompagner ce processus de lutte contre la pandémie. Chaque fois que nous avons eu des approvisionnements nous avons demandé à ce que Kayes soit la priorité».
Ces visites de terrain ont été utiles pour les membres de la délégation qui ont fait une évaluation rapide de la situation du 2è foyer épidémiologique du pays. Selon les constats, l’hôpital éprouve un besoin réel de restructuration de son centre de prise en charge du Covid-19, de l’équipement et de la formation de son personnel.
Parlant de la situation épidémiologique de Kayes, le directeur régional de la santé, Dr Cheick Tidiane Traoré, a déclaré que sa région suivait depuis le 25 mars dernier, 443 contacts, dont 22 à ce jour. Parmi ceux-ci, 3 cas sont en traitement : 2 à Kayes et 1 dans une mine de Kéniéba.
Comme action de riposte, la région a entrepris, entre autres, l’activation de ses cordons sanitaires, la diffusion des directives techniques nationales de la maladie, l’installation des tentes d’isolement à l’Hôpital Fousseyni Daou et au niveau des corridors.
Selon le directeur Cheick Tidiane Traoré, la région a aussi tenu des sessions de formation sur l’habillage et le déshabillage. Mais le directeur général de l’Hôpital Fouseyni Daou de Kayes, Dr Toumani Konaré, dira que son infrastructure fut vite confrontée à une faible disponibilité des équipements de prévention (EPI, combinaisons et termoflash), à une faible disponibilité des intrants de prévention (bavette, gels hydroalcooliques, kits de lavage des mains et savon) et à l’acheminement des prélèvements à Bamako.
À ceux-ci, il a ajouté l’insuffisance des ressources humaines, les difficultés de respect du confinement des personnes contactées, les mesures d’accompagnement, la recherche et le suivi des personnes qui ont eu des contacts avec les patients, l’absence de service d’infectiologie, le retard dans la délivrance des résultats.
Les notabilités ont, quant à elles, déploré le manque de communication. Selon Salif Diarra, chef de quartier de Kayes-Liberté, la communication est primordiale en cette période de pandémie. Il a estimé que le mécontentement exprimé l’autre jour par le syndicat de l’Hôpital et des mouvements de la société civile aurait pu être évité s’il y avait eu la communication. Elles se sont engagées à s’impliquer davantage dans cette lutte pour le bien-être de tous.
Comme réponse à cette préoccupation et pour éviter tout désagrément, le gouverneur de la région, l’inspecteur général de police Mahamadou Zoumana Sidibé, a demandé aux responsables des structures impliquées d’animer une émission radiophonique synchronisée sur la gestion de la pandémie.
Le ministre a insisté sur le fait que Kayes ne serait pas en reste dans la lutte contre cette pandémie. Mieux, elle serait même privilégiée car, elle constitue le 2è foyer épidémiologique du pays. «Nous nous mobilisons partout pour avoir des équipements» a-t-il dit. Il a demandé aux acteurs de Kayes de faire en sorte que tout ce qui sera mis à leur disposition soit rigoureusement bien géré et utilisé de façon rationnelle.
Quant au secrétaire général du comité syndical de l’hôpital, Guéladio Traoré, il est satisfait du fait qu’ils ont été entendus. «Avec la présence du ministre et du gouverneur à l’hôpital, nous sommes contents et satisfaits» a-t-il témoigné. Ce qui l’a poussé à dire qu’ils sont fins prêts à lutter contre cette pandémie.
Par ailleurs, il a invité ses collègues de Kayes et de l’ensemble du Mali, à se mobiliser et à jouer leur partition pour vaincre la maladie.
Envoyée spéciale
Fatoumata NAPHO
Source : L’ESSOR