Bien que subventionnée par l’Etat au prix de 2910 F CFA, la bouteille de 6kg de gaz butane est vendue à 5000 F CFA à Bamako depuis quelques jours. Les opérateurs gaziers parlent de rupture de subvention ayant entrainée la pénurie et la spéculation.
Dans une boutique bien achalandée en face de la mairie principale de la Commune IV, la bombonne de gaz de 6kg a été proposée le vendredi dernier à 5000 F CFA. Le client qui croyait mal entendre, a vu le boutiquier lui préciser qu’il s’agit de la bouteille de 6kg !
Mais qu’est-ce qui justifie cette augmentation vertigineuse pour une bouteille dont le prix est fixé par la Direction générale du Commerce et de la Concurrence (DGCC), dans le cadre de la subvention à 2910 F CFA (bouteille de 6kg) et 1335kg (bouteille de 2,5kg) ?
Selon Oudiary Diawara, directeur d’une usine d’emplissage de gaz et doyen des opérateurs gaziers du Mali, qui a passé la main à la jeune génération, 5000 F CFA la bombonne de 6kg est de la pire spéculation. Sinon dit-il, le prix hors subvention de cette bouteille ne devra pas dépasser 3550 F CFA à 4000 F CFA. « Mais certains détaillants profitent toujours de cette situation de pénurie pour spéculer, à ma connaissance, les fournisseurs n’ont pas encore franchi le seuil de 2910 CFA», explique-t-il.
L’Etat, à travers la DGCC et l’Agence malienne de l’Energie rurale (Amader), ont signé un cahier de charge avec les opérateurs gaziers en 2020. Dans ce cahier de charge, un quota de tonnage subventionné est attribué à chaque importateur de gaz. « Cela fait longtemps que nous avons épuisé nos quotas, moi particulièrement. Nous avons écrit pour leur signaler s’il y a lieu de renouveler le cahier de charge ou comment il faut faire. Nous n’avons reçu aucune suite », explique-t-il.
Le ministre libère les vendeurs
Aux dires de M. Diawara, sa faîtière a récemment discuté avec un conseiller technique du ministre de l’Economie et des Finances sur le sujet. Ce dernier, à en croire M. Diawara, a élaboré une rallonge de 5 milliards de F CFA qu’il a déposée sur la table du ministre qui ne l’a pas signée. A entendre M. Diawara, le ministre de l’Economie et des Finances a répondu de vendre le gaz au prix qu’ils veulent lorsqu’ils finissent avec leurs quotas. Tout cela s’est passé verbalement puisque les opérateurs gaziers n’ont reçu aucune correspondance.
Dans cette cacophonie, la DGCC reste droite dans sa botte. Celle-ci qui continue à signer les arrêtés de subvention conseille aux fournisseurs de gaz de continuer à vendre au prix subventionné, au risque d’être pénalisés. Malgré cette mise en garde, les importateurs de gaz disent être financièrement coincés. Le prix du gaz sur le marché international a fortement augmenté. Il est passé de 368 000 F CFA la tonne en février 2020 à 580 000 F CFA la tonne en novembre 2021. « One ne peut plus continuer, on est essoufflé, l’Etat refuse de nous payer, nos factures datent de juin 2020, il n’y a aucun engagement pour apurer nos dettes non plus », affirme M. Diawara.
En cette période froid, le gaz butane est bien consommé dans notre pays. Il revient à la DGCC de châtier les spéculateurs pour protéger les consommateurs. Une solution de proximité en attendant que le ministère de l’Economie et des Finances délie le cordon de la bourse.
Pour le moment, les consommateurs sans défense sont coincés entre pénurie et spéculation.
Abdrahamane Dicko
Source: Mali Tribune