Depuis le 11 Fevrier 2016, les hommes en robes avaient engagé des revendications suivies d’une démarche que certains avaient, à la limite, qualifiée de passive et de lâche. L’obligation de réserve a longtemps été observée par des magistrats qui ne voulaient nullement amplifier et approfondir l’instabilité d’un pays longtemps admis aux urgences.
Le bras de fer que le gouvernement a dernièrement engagé contre la famille judiciaire prend une autre tournure depuis ce lundi 24 Septembre 2018. Qu’est ce qui n’a pas été dit par les maliens ? Beaucoup de compatriotes sont révoltés par les méthodes sombres et frauduleuses du gouvernement d’une part, et par l’intransigeance illimitée des magistrats qui tiennent à faire aboutir leurs revendications. Face à l’irresponsabilité et à la provocation du ministre Boubou Cissé et de bien d’autres concernés par le dossier du 3ème pouvoir, le blocage, qui était né du rejet catégorique de certains points d’accord obtenus avec l’ancien Garde des Sceaux Me Mamadou Ismaila Konaté, demeure l’équation qu’il faut équilibrer.
Comment un ministre du gouvernement avait-il pu, en présence de certains de ses collègues et de partenaires financiers, engager tout un Etat dans un processus de sortie de crise ? En Janvier 2017, où le ministre de tutelle s’était fait accompagner de négociateurs afin de faciliter les échanges et aboutir à quelque chose consensuel. « Cette fois, l’Etat a entendu. Il a compris que tous ce que revendiquent ces magistrats est de leur mérite » soutenait Mamadou Ismaila Konaté, ancien ministre de la justice, contraint à la démission pour des raisons qui sont aujourd’hui évidentes.
Loin d’être une grève subite et improvisée, les hommes en robes avaient fait montre de beaucoup de patience et de professionnalisme. Pays de discussion et de dialogue, les magistrats avaient cédé et levé leur mot d’ordre de grève afin de donner une chance aux promesses et aux engagements. Leurs intentions avaient été affichées : « Nous n’avons été saisis pour enquêter sur quelque dossier de ce soit, tout ce qui se dit au sommet de l’Etat n’est que mensonge grotesque. Les rapports du Végal communiqués à la magistrature, ce n’est pas vrai, c’est archi-faux », affirmait l’un des hauts responsables syndicaux de la magistrature en 2017.
Que comprendre donc des déclarations du Chef Ibrahim Boubacar Keita, dont chacun des discours, tente de lever toute équivoque sur les suites envisagées dans les plus gros scandales financiers, orchestrés et exécutés par le cercle mafieux du chef de l’Etat ?
L’inquiétude et les récriminations des maliens sont légitimes. La justice qui devrait être la seule et vraie muraille dans une Démocratie, se voit malmener par un Président qui a pourtant prêté serment en jurant de « respecter et de faire respecter la constitution.» Les commissariats et autres gendarmeries abusent des droits des citoyens, le gouvernement, à travers quelques larbins et marionnettes, agit en violation flagrante de tous les principes en vigueur.
Une correspondance N°003576/MEF-SG datée de Septembre 2018, le Dr Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des Finances, mentionne qu’il « attache une importance particulière à l’exécution correcte » à la mesure consistant à l’établissement des ordres de recettes sur les salaires de Septembre, des magistrats grévistes.
La mauvaise foi et le mépris sont presque le bâton le bâton de pèlerins du gouvernement, dont la stratégie consiste en l’ignorance des revendications syndicales et sectorielles. Peu importe que le peuple crève. Avec les agents de la santé, les morts s’étaient comptés effroyablement.
Avec les magistrats, c’est encore pire. C’est l’Etat de droit qui est menacé et les syndicats SYLIMA et SAM ont prévenu cet après-midi dans un communiqué qu’ils ont conjointement signé. Ils prennent acte de cette décision gouvernementale de retenir sur leurs salaires, mais ils montent au créneau avec la riposte nécessaire de prouver que l’Etat peut bel et bien assurer et satisfaire leurs revendications. Dr Boubou Cissé, robot de la mafia serait impliqué dans un scandale de 3.500.000.000 F CFA qui ne répondent plus à l’appel. Cela serait arrivé lors d’un dédommagement intervenu loin de l’orthodoxie.
Saluant la bête décision gouvernementale, les choses sérieuses semblent avoir pris leur envol. L’obligation de résultats n’est plus une barrière pour des acteurs et piliers d’une République sans justice. Aussi, les magistrats comptent s’autosaisir d’autres affaires impliquant des véreux ministres sans les citer.
Cette fois-ci, après le grand et merveilleux défilé militaire, la question de sécurisation des juridictions n’auraient jamais dû se poser. Les maliens pensent qu’il y a suffisamment d’hommes et de moyens pour assurer la sécurité du pays. Quel autre moyen a été déployé pour libérer le juge Soungalo Koné ? Le silence et l’indifférence semblent être les maitres mots. Que fera le nouveau ministre de la Justice Tiena Coulibaly ? Sa tâche ne sera pas si facile, surtout avec des ministres qui se voient très haut et très loin, au-dessus des lois. Mais les magistrats, détenteurs de secrets potentiels de l’Etat, mettent sur la table leur droit de regard sur tout ce qui se fait au sommet de l’Etat.
Affaire à suivre
Ammi Baba Cissé ABC
Source: figaromali