Face à la fronde, les conseillers du président de la Transition essaient de calmer les ardeurs des plus mécontents, essayant de redresser le tort causé par l’Etat à travers certains ministres. Mais les dégâts sont trop importants pour que l’image des autorités intérimaires soit fortement entachée auprès de la population qui risque de se joindre des acteurs politiques.
Ismaël Sacko, conseiller spécial de Bah N’Daw, a tenté de dissuader les responsables de ce front qui se met en place peu à peu. Il avait organisé un meeting à Bamako, en mars dernier, pour soutenir la Transition, avec le concours du colonel-major Mamoutou Traoré, chef de cabinet du président de la Transition. Là où se trouve le problème, c’est que les représentants des couches les plus malmenées étaient dans la salle.
Les victimes de la démolition des maisons dans la zone aéroportuaire étaient massivement présentes. Le paradoxe est que des responsables de la Transition ont ordonné la démolition de ces maisons. Dans la foulée de ces évènements, un meeting de soutien à cette Transition est organisé, avec comme invités les victimes. L’effort des conseillers de Bah N’Daw est louable, mais les victimes de la démolition ne pouvaient pas cacher leur mécontentement.
Beaucoup de participants ont exprimé leur colère sans être autorisés à prendre la parole. Avec des gestes de la main, certains ont tenté d’interrompre les intervenants qui voulaient caresser les autorités dans le sens des poils. En réalité, les conseillers de Bah N’Daw ont eu vent de la tentative de certains acteurs politiques de fédérer tous les frustrés de la République.
Pour couper l’herbe sous les pieds de ces opposants, Ismaël Sacko et le colonel-major Mamoutou Traoré ont invité tous les groupes socioprofessionnels susceptibles de joindre le front contre la Transition. Le représentant des commerçants détaillants et celui des communautés du nord ont eux aussi été invités au même titre que les victimes de la démolition des maisons de la zone aéroportuaire. Tous ont tenu le langage de la vérité aux autorités : les Maliens sont fâchés.
Oumar KONATE