Entre l’argument de manque de moyen du Gouvernement de faire face immédiatement à la revendication des enseignants grévistes et la volonté de ces derniers de faire appliquer strictement une loi et tout de suite, les enfants doivent encore prendre leur mal en patience. Ni les députés de l’Assemblée nationale qui demandent au Gouvernement d’appliquer la loi ni l’Imam Mahmoud DICKO qui se porte garant du respect des droits des enseignants n’ont la confiance du Collectif des enseignants grévistes.
Le front scolaire sérieusement touché par la grève du Collectif des syndicats enseignants signataires du 15 octobre 2016 se noie dans les interventions des acteurs ou partenaires de l’école qui tentent de trouver une issue à la crise. Parmi ces acteurs, il y a l’Assemblée nationale et l’Imam Mahmoud DICKO qui ont donné de la voix le week-end dernier.
Ainsi, après avoir écouté des membres du Gouvernement et des responsables syndicaux, l’Assemblée nationale a exigé du Gouvernement l’application de la loi comme le revendiquent les enseignants.
« Il n’y a aucune ambiguïté dans l’article 39. Cette loi ne doit pas poser de problème d’applicabilité sous prétexte des difficultés financières. Ça ne tient pas », a indiqué l’honorable Moussa DIARRA.
Pour les députés, si le Gouvernement a accepté d’initier un projet de loi, il devait être en mesure d’apprécier tous les contours et les contraintes économiques. Mieux, à l’époque, les députés affirment avoir alerté le Gouvernement sur les conséquences de ladite loi.
« Tous les avantages octroyés au statut général de facto sont accordés au statut particulier. Ce qui n’est pas normal, parce qu’on ne peut pas être du statut particulier et prétendre à tous les avantages du statut général », a expliqué Abdoul Kassoum TOURE.
Le même week-end, l’ancien Président du Haut conseil islamique, Mahmoud DICKO, suppliait les enseignants à regagner les classes tout en se portant garant quant à la satisfaction de leur doléance.
«Nous supplions les enseignants d’ouvrir les classes pour que nos enfants aillent à l’école, mais nous ne supplions pas le Gouvernement, il doit donner le dû des enseignants et le peuple se portera garant. Nous voulons que le problème scolaire soit réglé d’ici vendredi prochain, sinon nous allons sortir», a déclaré Mahmoud DICKO lors de son meeting du samedi 29 février, au Palais de la Culture.
Par la suite, on nous rassure que la synergie des enseignants a rencontré la CMAS de Mahmoud DICKO. ‘’Des éclaircissements ont été donnés’’. Toutefois, la synergie rassure les militants de leur détermination et les informe que le mot d’ordre est toujours maintenu.
Entre temps, la porte est ouverte à toutes sortes de dérives. D’un côté, l’on s’en prend à des élèves d’établissements privés pour les obliger à regagner la rue à l’image de leurs camarades du public et, de l’autre, des injures de toutes sortes sont proférées à l’endroit du secrétaire général du SNEC pour avoir appelé ses militants à reprendre le travail. Comme si la liberté ou le pluralisme syndical était proscrit en république du Mali, le collectif ne veut d’aucune voix discordante.
« Ce matin, les élèves armés de bâtons, de coupe-coupe ont créé la panique en faisant sortir les élèves des écoles privées », témoigne un habitant du quartier de Badalabougou.
Par ailleurs, des députés, en mal de popularité, semblent trouver en cette crise de l’école malienne un argument de campagne. C’est le cas de l’élu de Kolokani qui va jusqu’à en faire un post sur YouTube : « le blocage des salaires des enseignants par le gouvernement malien, c’est de la méchanceté et non la rigueur. Bloquer les salaires des chefs de famille est un crime et nous déposerons une motion de censure contre ce gouvernement qui n’a pas de base sociale. »
Pour le moment, nous en sommes là, en attendant l’arrivée des premiers enseignants volontaires le 11 mars prochain, les classes restent fermées. Le SNEC, qui annonce avoir eu un accord avec le gouvernement, peine à renverser la tendance à cause de sa faible représentativité sur le terrain.
Pour rappel, selon Moustapha GUITTEYE, son syndicat et le gouvernement sont parvenus à un accord en trois points : l’alignement de la grille des enseignants sur l’indice plafond 1100 à compter de mars 2020 pour la catégorie A avec deux mois de rappel (Janvier 2020 et février 2020) ; l’alignement de la grille des enseignants sur l’indice plafond 1200 à compter de janvier 2021 pour la catégorie A et enfin le paiement par tranches des rappels des douze (12) mois de l’année 2019.
Par Sidi DAO
INFO-MATIN