La frappe aérienne menée le 3 janvier dernier à Bounti dans le cercle de Douentza, continue de susciter des réactions. La France maintient toujours sa thèse selon laquelle ce sont des djihadistes qui ont été tués dans cette zone. L’association Tabital Pulaku dément cette information et déclare que des civils ont perdu la vie dans cette opération. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), lui, dénonce cette frappe et demande l’ouverture d’une enquête.
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“Il n’y a pas eu de rassemblement festif à l’endroit où la frappe est intervenue’’. Ces propos sont de la ministre des armées françaises, Florence Parly. Elle l’a rappelé ce mardi 12 janvier 2021 à Paris face à la commission défense de l’Assemblée nationale française. La ministre française a aussi souligné que toutes les fausses informations qui circulent sur la frappe à Bounti profitent aux groupes djihadistes qui cherchent à manipuler l’opinion publique. “Notre ennemi au Sahel n’est pas homogène. Les groupes djihadistes profitent des tensions inter- communautaires. Et certains combattants qui sont manipulés et embrigadés sous la bannière du Djihad international doivent, s’ils font le choix de déposer les armes et d’intégrer le processus d’Alger, pouvoir retrouver toute leur place dans la vie de leur pays’’, précise-t-elle.
Cependant, l’association Tabital Pulaku soutient que ces frappes ont bel et bien visé des civils réunis pour un mariage à Bounti. Cette situation inquiète ses responsables. « L’endroit où ils étaient installés et la maison où il y a eu le mariage c’est là dans l’après-midi qu’un avion de passage a largué des bombes sur le groupe. Cela a fait plusieurs tués et de nombreux blessés. Ils n’ont pas confirmé, mais ils ont affirmé pour justifier leurs actions », a indiqué le Président de l’association Abou Sow. Il ajoute qu’ «il est indéniable qu’il y avait une bavure. Et c’est fort des informations que nous avons reçues qui sont vérifiables, qui sont étayées de preuves palpables que nous avons fait l’affirmation que nous avons faites ».
Le bureau la Coordination des actions humanitaires (OCHA) a également réagi à la suite de ces événements de Bounti. Il se dit préoccupé par les conséquences mortelles des opérations militaires qui mettent en danger la vie et la protection des civils. Dans un communiqué publié mardi 12 janvier, ses responsables ont condamné fermement la mort de plus de 20 personnes lors des événements de Bounti. L’organisation humanitaire demande l’ouverture d’une enquête sur ces incidents.
Au même moment, la commission nationale des droits de l’homme au Mali (CNDH) dit prendre acte des différentes versions sur les événements de Bounty. Toutefois, elle estime qu’elle garde espoir quant au processus d’enquête en cours pour situer les responsabilités.
Condamnation de la coordinatrice humanitaire par intérim de l’ONU au Mali
La coordinatrice humanitaire par intérim de l’ONU au Mali condamne avec la plus grande fermeté la mort d’une vingtaine de personnes suite à une frappe aérienne.
La coordinatrice humanitaire par intérim de l’ONU au Mali, Amy Martin est profondément préoccupée par les conséquences mortelles des opérations militaires qui mettent en danger la vie et la protection des civiles, et condamne fermement la mort de plus de 20 personnes suite à une frappe aérienne militaire.
Le 3 janvier, selon les sources communautaires, une frappe militaire aurait fait 19 morts et neuf blessés dont trois cas graves à Bounti, village situé à environ 45 km au Nord-est de la ville de Douentza dans la région de Mopti. Ensuite, des blessés évacués par une organisation humanitaire ont été arrêtés et tués par des individus non identifiés.
« S’il est avéré que les civils aient été ciblés dans cette attaque, cela constituerait une rave violation du droit international humanitaire qui garantit la protection des civiles, du personnel et des biens humanitaires dans les conflits armés », déclare Amy Martin.
« Comme l’a demandé la commission nationale de défense des droits de l’homme, il est important que toute la lumière soit faite sur cet événement », ajoute-t-elle.
En 2020, la région de Mopti a été l’épicentre d’incidents de protection avec 35% des 4036 incidents collectés sur l’ensemble du territoire. Elle compte plus de 131 000 personnes déplacées internes.
Pour la coordinatrice par intérim, il y a nécessité d’une enquête dans ce nouvel incident de Bounti.
« Je réitère mon appel à l’ouverture d’une enquête sur cet incident. J’appelle à davantage de mobilisation des acteurs humanitaires pour apporter une réponse à toutes les victimes », a-t-elle conclu.
Bourama Kéita
Source : LE COMBAT