En ce Mardi 10 Novembre 2020, une partie de mon âme s’en est allée et je souffre.
Je pleure : l’absence de ce franc-parler, de cette modestie, de cette simplicité qui séduit, réussissant en peu de temps à vous faire oublier les affres de cette vie.
Je pleure : de nos confidences pendant les années de braise accompagnées d’insultes, de critiques et de menaces. Résidant à Dakar, tu subissais cinq (05) ans durant la noire accolade de la solitude. En homme réfractaire aux pesanteurs du protocole, au lieu de Monsieur le Président, tu me dis appelle-moi « DOGO » (petit-frère) et moi je t’appelle « KORO » (grand-frère). Tu me disais « KORO » peu importe tout ce qui se dit, la vérité finira par triompher. Le temps en sera juge. Et vois-tu pour accepter de laisser le passé derrière soi il faut le dépasser. Creuset de sagesse ; parfois devant ma mine déconfite par tant de critiques, d’insultes, d’accusations infondées avec une violence inégalée, tu restais stoïque et me disais « Koro » tous les prophètes confondus, et je n’en suis pas un, ont été vilipendés, insultés, incompris un temps car vois-tu tout vient à point à qui sait attendre. La violence de l’homme précède toujours la sagesse et la reconnaissance. Donne-lui un café tiède, il demandera de le chauffer et pour le boire il soufflera dessus pour l’attiédir. C’est la nature de l’homme. A cela s’ajoute que l’ingratitude est aussi commune que la reconnaissance est rare. Seulement vois-tu en temps de guerre « la première victime c’est la vérité. Je suis et je reste un soldat de la paix.
Je pleure : pour tous ces enfants désormais orphelins. A cet effet témoignage ne peut être plus éloquent pour magnifier cette complicité entre ATT et les enfants que ce discours combien élogieux à ton endroit alors Lauréat du Prix Kéba MBAYE pour l’Ethique et la Solidarité à Dakar en Avril 2010 par Monsieur Sidiki KABA, Président d’honneur de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme et Président du centre Africain pour la Prévention des Conflits (CAPREC) je le cite « Vous êtes, Monsieur le Président un poète de la paix. Poète itinérant car vous acceptez d’être médiateur dans tous les conflits meurtriers que nos frères et sœurs ont enduré dans leur chair et leur sang. C’est sans doute cet attachement quasi-atavique à la paix qui les emporte spontanément vers vous. Vous dites excellence que vous êtes ami des enfants. Les enfants vous le rendent bien en faisant de vous une sorte d’abri et de soupape dans leur quête d’affection et de bien-être. La fondation pour l’enfance que vous créez et portez dès que vous avez quitté le pouvoir en 1992 est la marque tangible de cette rencontre entre l’homme de cœur que vous êtes et les créateurs d’avenir que sont les enfants.
L’amour pour les enfants est l’insigne marque de générosité. Cette générosité vous l’avez portée jusqu’au comble pour votre grand pays, le Mali et l’Afrique. » Fin de citation.
Je pleure : que tes appels incessants n’aient pas été entendus. Déjà le 15 Mai 2004 lors de la tenue à Bamako de la 6eme session ordinaire de leaders et chefs d’Etats de la Communauté des Etats SAHELO – SAHERIENS CEN-SAD tu disais je cite « chacun de nous perçoit aujourd’hui l’impérieuse nécessité pour la CEN-SAD de faire un pas supplémentaire vers une politique de défense et de sécurité qui nous permettra de mieux anticiper constamment nos mécanismes à l’évolution de ces menaces qui ont pour nom : Terrorisme, banditisme frontalier, et trafic de drogue. Fin de citation
Appels non entendus faisant de cette jeunesse une cible privilégiée des terroristes et trafiquants de drogue qui transforment l’innocence en arme de destruction.
Je pleure : quand tu disais la Lybie de KHADAFI est une soupape de sécurité pour la zone sahélo-saharienne. Investissons-nous pour négocier la paix, car en cas de défaite, la Lybie ne sera plus une nation encore moins un Etat. Toute notre zone s’embrasera et notre sécurité menacée comme jamais elle ne l’a été. Encore une fois les faits te donnent raison.
A chacune de nos rencontres je lisais du dépit sur ton visage face à cette surdité collective et à l’immobilisme face à ces dangers qui menaçaient la paix et la sécurité de nos Etats sans te départir pour autant de la sérénité de ton statut.
Je pleure : pour ce don de soi, silence de l’égo, rejet assoiffé du pouvoir, paix pour le peuple.
Dans la dure épreuve de l’exil forcé, à la souffrance silencieuse de tes proches tu as opposé la cruelle nécessité du devoir accompli.
Je pleure : pour LOBO, épouse exceptionnelle que seuls les poètes par la magie des mots peuvent magnifier, la gentillesse, l’humilité et la courtoisie. Elle te rappelait sans cesse nos heures de rencontre. LOBO et famille vous n’êtes pas seules dans cette épreuve et c’est tout le Mali qui pleure avec vous.
ATT : ce n’est pas la peur de la mort puisque toute ta vie elle a été ta compagne. C’était plutôt la peur de voir ta dulcinée la paix s’échapper et plonger ton Mali bien-aimé dans les profondeurs abyssales du chaos.
ATT : Ton courage c’est le peuple et ton champ le Mali et l’Afrique. Là où les malfaisants sèment des mines de destruction humaine, toi laboureur infatigable en sueur invisible sous la pluie battantes des critiques, tu sème dans le tien des plants qui ont pour nom Paix – Tolérance – Amour et travail.
Après tous ces débits des évidences je te dis que tu as accompli ton devoir avec comme bréviaire ce que disait l’écrivain Jérôme CARLOS que je cite à ton intention « Dans les tirs groupés des francs-tireurs embusqués décochant depuis leur sombre repère des flèches assassines contre votre personne. Retenez que c’est l’ambigu destin de ceux qui s’élèvent au-dessus du lot commun. » Fin de citation.
ATT : tu étais au-dessus du lot et ton nom sera inscrit au panthéon de l’histoire pour ton exemple du respect de la parole donnée et de ton amour pour la paix.
Tu ne seras pas une poussière de l’histoire mais un faiseur d’histoire tant l’œuvre accomplie est immense et grandiose saupoudrée de modestie, d’humilité et du don de soi. Comme une prémonition tu as laissé ton testament au micro de FOFANA, journaliste compétent de l’ORTM. L’heure du Tout Puissant arriva te ramenant à une juste dimension de simple mortel alors ton nom sera chanté de génération en génération et comme le début magique d’un récit, on dira : il était une fois, une des lumières les plus éclatantes de notre histoire s’est éteinte.
A jamais tu seras l’absent le plus présent.
« DOGO » ATT repose en paix.
Fousseyni DIARRA
Pilote, Commandant de Bord à la retraite.
Cité SICA – FASS MBAO
Dakar – Sénégal
Tél : 77 165 27 44
Whatsapp : 77 394 64 91 // 77 641 13 13
Source: L’ Aube- Mali