Le ministère de l’éducation nationale du Mali et le bureau de l’UNESCO à Bamako avec l’appui financier du gouvernement du Japon a organisé un forum sur l’éducation à la culture de la paix le 28 et 29 septembre dernier à l’hôtel Salam sous la présence du ministre de l’éducation nationale, Kénékouo dit Barthélemy Togo et la supervision d’Adama Samassékou, ancien ministre et du représentant du bureau de l’UNESCO à Bamako Lazare Eloundou.
Ce forum a réuni plus de cent participants parmi lesquels les personnes ressources de la société civile, des collectivités territoriales et d’éminents experts du monde éducatif national et international sur le thème : « l’éducation à la paix et le vivre ensemble.» L’objectif visé consiste à proposer à travers des échanges d’expériences et des débats constructifs des mécanismes visant à renforcer la sécurité et la paix dans l’espace scolaire.
Quatre thématiques étaient à l’ordre du jour à savoir : l’alphabétisation, gage de la compréhension mutuelle et de consolidation de la paix et de l’unité nationale; l’implication des communautés dans la gestion de l’école selon une approche participative, élément de consolidation et de renforcement du sentiment d’appartenance à une même nation; les tuteurs/tutrices de résilience : l’entraide; les valeurs socioculturelles, facteurs de cohésion sociale et de consolidation de la paix.
Selon le président du forum Adama Samassékou « les recommandations à l’issu de ce forum constituent véritablement une raison d’espérance. Ce forum se passe dans le cadre de plusieurs symboles, symbole de reprise du processus de la paix à travers l’Accord qui a été signé, symbole de la veille de l’ouverture des classes qui est un signal très fort qui donne à ces régions qui ont beaucoup souffert de cette grave crise qu’a traversé notre pays et qui ont vécu des drames au niveau au niveau de l’espace scolaire. Je crois qu’il s’agit d’une nouvelle espérance à leur niveau.»
Durant ces deux jours des travaux des groupes, le forum a été sanctionné par des recommandations suivantes : reconnaitre que la culture de la paix est le passage obligatoire pour le développement de tout pays; accorder, à l’instar de l’éducation formelle, la même importance à l’éducation non formelle; mobiliser les ressources humaines et financières en faveur de l’enseignement de l’Education à la Culture et aux Droits Humains (ECPDHD) ; prendre en compte l’Education informelle pour la diffusion de l’ECPDH; prendre un décret portant obligation de l’enseignement de l’éducation à la culture de la paix dans tous les centres d’éducation non formelle et les centres ; créer des centres d’éducation non formelle dans les zones où les besoins se font sentir particulièrement dans les régions qui ont été affectées par les crises ; doter le système éducatif d’un cades juridique pour la défense des valeurs socioculturelles ; encourager toutes les initiatives et actions visant à instaurer et à promouvoir la paix ; renforcer et dynamiser l’éducation pour la culture de la paix dans les différents établissements formel et non formel ; multiplier les campagnes de sensibilisation sur la culture de la paix au niveau de la communauté éducative ; mener un plaidoyer auprès des partenaires techniques et financiers pour la mise en place d’un programme national d’éducation pour la paix ; généralise grâce à l’appui de l’Etat la formation des acteurs de l’école, des partenaires et des administrateurs scolaires ; enseigner des aptitudes et des connaissances pour le soutien de la paix et l’art de la négociation en harmonie avec soi même et avec les autres (micro) ; enseigner l’Education civique et morale par le biais des valeurs sociétales ; promouvoir les droits humains ; mettre en place un mécanisme de suivi-évaluation des comités de Gestion Scolaire ; poursuivre la mise en place des comités de Gestion Scolaire fonctionnels ; organiser des réunions périodiques aux communautés à la base ; mettre en place démocratiquement les Comités de Gestion Scolaires ; développer la notion culture de la paix dans le domaine de développement des personnes dans le curriculum de l’enseignement fondamental, secondaire et général ; former et outiller les enseignants ; assurer le suivi et l’évaluation des maitres avec les partenaires des communautés et d’encourager la participation ; reconnaitre que l’espace scolaire a subi des traumatismes dans les régions du nord du Mali d’où la nécessité d’apporter des réponses appropriées : écoute, compréhension, entraide, valorisation, empathie, modestie du tuteur/enfant ; renforcer les capacités d’accueils en ce qui concerne le tutorat dans les localités qui reçoivent les enfants des zones affectées et totalement dévastées ; réviser le programmes d’enseignement.»
Selon Abou Diarra, conseiller technique et représentant du ministre de l’éducation nationale, ces recommandations pertinentes « permettront de soutenir et de favoriser la mise en œuvre de l’Accord de Paix et de Réconciliation nationale en vue d’instaurer un véritable climat de paix dans notre pays et au sein de l’espace scolaire.» a-t-il indiqué avant d’ajouter que le ministère de l’Education nationale « y accordera une attention particulière et veillera à leur mise en œuvre dans le souci de véhiculer une culture de la paix et du vivre ensemble par les acteurs et partenaires du système éducatif au sein de l’espace scolaire» a-t-il rassuré.
Pour le représentant du bureau de l’UNESCO au Mali, M Lazare Eloundou, ce forum est un coup propulseur de l’espace scolaire : « la coopération entre le Mali et l’UNESCO est une coopération de longue date et nous toujours au coté du Mali dans le domaine du patrimoine et quand il faut refonder l’espace scolaire. Nous considérons ce forum comme un point de réveil qui permettra de participer de façon durable à la pacification de l’école au Mali en processus de refondation de l’école malienne. Nous ambitions de développer un grand programme de la culture de la paix qui prendra ces questions de manière plus large.» a t-il soutenu.
Sur la même ligne, à l’occasion de la rentrée scolaire aujourd’hui, le président Adama Samassékou appelle les acteurs de l’éducation et les comités de gestion scolaires à plus de d’engagement : « il est grand temps que nous revenions à nous-mêmes. Nous avons un potentiel extraordinaire à travers notre culture. Il faut que chacun à son poste se remobilise. Nous avons les moyens de transformer la situation.
Les enfants attendent de nous que nous soyons bien formés pour mieux les former. L’administration scolaire doit se remobiliser pour faire preuve de rigueur, de constance, d’engagement, et de patriotisme. Chacun doit se mobiliser autour et au service de l’école. Ce faisant nous allons créer les conditions du Mali de demain.» a conseillé le président du forum.
Source: Le Forum
