Le Forum sur la paix de Paris s’est achevé ce mardi 13 novembre à la Grande Halle de la Villette au nord de la capitale française. Cet évènement a clos les commémorations du centenaire de l’Armistice qui a mis un terme à la Première Guerre mondiale. Trois jours de réflexion sur le multilatéralisme au service de la paix avec pour but de remettre le dialogue au cœur de la stratégie contre les conflits et la montée du terrorisme. C’est justement ce que certains acteurs d’Afrique de l’Ouest ont essayé de plaider.
Dan Dano Mahamadou Lawaly est l’ancien gouverneur de Diffa, au sud-est du Niger. Une région en proie aux attaques des jihadistes de Boko Haram. Malgré les opérations anti-terroristes de l’armée, la menace est toujours réelle. L’ancien gouverneur plaide pour un changement de stratégie, car il ne voit pas de solution dans l’approche militaire.
« Nous avons mis en place le processus d’accueil des repentis de Boko Haram. On a parlé avec ces jeunes, nous avons compris quelles étaient leurs motivations et nous avons fait en sorte que plus de 200 jeunes soient revenus au pays et aient déposé les armes, explique-t-il. Il faut les conditions du retour de la paix et ces conditions passent nécessairement par le dialogue, il faut parler ».
La mise en place d’une approche globale
Alors que la force conjointe du G5 Sahel continue de chercher des financements, la menace jihadiste s’est étendue gagnant récemment l’est du Burkina. Une vraie inquiétude pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Le général Francis Behanzin, commissaire paix et sécurité de la Cédéao demande qu’une approche globale soit mise en place.
« Il faut pouvoir fidéliser les jeunes et les déradicaliser, détaille le militaire. La solution n’est jamais militaire, il faut prévenir avant d’en arriver là. Des instructions ont été données à la Commission de la Cédéao de s’intéresser davantage au G5 Sahel afin de demander à être ensemble sur certains projets ».
Le G5 Sahel dispose aussi d’un outil de financement de projets de développement : l’Alliance Sahel qui devrait soutenir à hauteur de 6 milliards d’euros 500 projets d’ici 2022. Mais ses débuts sont encore timides.
Des débats aussi marqués par les questions climatiques
Sur le continent africain, le lien entre le réchauffement climatique et l’augmentation des conflits ne fait plus aucun doute chez les chercheurs. Il suffit d’un degré et demi de plus pour que l’existence d’un millard et demi de personnes en Afrique et en Asie soit menacée. Ces conclusions viennent du rapport du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat, rendu le mois dernier.
Un degré et demi, et la saison des pluies du Golfe de Guinée à l’Afrique centrale serait plus courte mais plus violente, entraînant de fortes inondations. Un degré et demi, et 7 à 10% du bétail d’Afrique subsaharienne serait menacé. Un degré et demi et 40% des surfaces cultivables de maïs en Afrique de l’Ouest pourraient disparaître.
La diminution des ressources naturelles augmente la pression sur le foncier et les conflits éclatent. En témoigne le centre du Mali, où les affrontements entre agriculteurs et éleveurs sont instrumentalisés par les groupes jiadistes.
Le constat est d’autant plus amer, que l’Afrique produit moins de 4% du total des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Durant la COP 21 de Paris, en 2015, les pays du Nord ont promis 100 milliards de dollars par an au Fonds vert pour le climat, qui doit soutenir les pays du sud. Selon Oxfam, trois ans plus tard, moins de la moitié de ces fonds ont été débloqués.
RFI