Il est le Président de la plus éclatante légitimité politique et institutionnelle, depuis l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale. Cette infaillible détermination des maliens à élire Ibrahim Boubacar Kéita à la tête d’un Etat qui sombrait dans l’agonie, avait une portée historiquement inaltérable.
En effet, en cet homme, ils y voyaient l’incarnation de la justice, l’intégrité, en un mot, la Vérité. Cependant, nos concitoyens seront rapidement surpris, quand ils verront celui qu’ils ont plébiscité (IBK), s’entourer de figures politiques, auxquelles, ils avaient déjà donné « carton rouge » ! A quoi leur vote aurait-il donc servi si le système, sévèrement sanctionné par l’électorat, finit d’une certaine manière par se réinstaller après avoir fait front commun avec ceux-là mêmes qui l’avaient mafieusement entretenu ?
En effet, IBK, lui-même, depuis un certain temps, ne cesse de se plaindre d’une Majorité Présidentielle qu’il n’a pas du tout hésité à qualifier de dolociste et même d’opportuniste, vu le manque d’engagement politique réel et sincère de celle-ci, en faveur du régime. En voulant dire franchement les choses telles qu’elles s’offrent à notre observation, l’on conclurait simplement que le Président ne devrait, en définitive, s’en prendre qu’à lui-même, vu qu’il était certainement bien conscient que bon nombre d’hommes politiques parmi tous ceux à qui il ouvrit grandement les portes de la famille dirigeante, ne pouvaient qu’être de véritables ennemis dont la « morsure » pourrait, à tout moment, lui être fatale.
IBK doit donc s’assumer formellement devant le peuple malien et cette prétendue majorité qui, en vérité, n’est autre qu’un attelage « ridicule » de partis politiques aux objectifs foncièrement contradictoires dont il a, lui-même, accepté l’alliance sans pour autant y avoir été forcé et aussi, sans aucun souci d’identification préalable des vrais mobiles de leur ralliement. Dès l’instant où Ibrahim Boubacar Kéita fut pressenti pour devenir le tout prochain Président élu de la République du Mali, l’on assista aussitôt, à une multiplication hallucinante d’alliances contre-natures. L’opportunisme viscéral et la félonie politicienne de certaines personnalités de ce pays, restent bien connus de tous.
Ces cadres vénaux iraient, des fois, jusqu’à pactiser avec le diable, juste pour n’obtenir qu’une piètre prébende. Personne n’est réellement mieux placé qu’IBK pour savoir qu’il est le Chef d’une famille politique dont une bonne partie des membres ne constituent qu’un véritable frein à la réussite de sa mission. Y compris plusieurs issus du parti présidentiel, pour qui, «l’heure» serait enfin venue pour se servir du patrimoine d’Etat, autant que possible. Ce qui ne saurait plus nous étonner, au regard des enquêtes du FMI et les dernières conclusions du BVG (Bureau du Vérificateur Général), mettant nettement en évidence, l’implication massive des proches d’IBK, dans des malversations colossales. Et ce, en seulement deux ans de règne !
La confiance des maliens est-elle toujours intacte en un Président de plus en plus méconnaissable ?
Qu’est-il advenu de la confiance des maliens en celui-là même qui leur avait solennellement promis de ne guère la galvauder, après leur avoir garanti que le pouvoir dont il fut légitimement investi, ne serait point un « gâteau » à partager ? IBK est-il vraiment obligé de garder, à ses côtés, toutes ces brebis galeuses qui ne sachent que lui mettre des bâtons dans les roues ? Le Président n’aurait-il pas, par contre, une dette cachée envers plusieurs de ces « prédateurs » malheureux, dont il a visiblement du mal à s’en défaire ? Agit-il par myopie politique ou est-ce, peut-être, parce que ce sont les maliens, eux-mêmes, qui se seraient juste trompés de choix ?
Des questions que l’on est en droit de se poser au regard d’un laxisme croissant, une oligarchie financière sans frein et une impunité quasiment institutionnalisée, caractérisant désormais un régime en lequel, la grande majorité des maliens semblaient pourtant voir une « panacée ». L’attribution de fonctions de haute responsabilité à des cadres sans « honneur » ni « dignité », la transformation des postes administratifs en des privilèges délictueux à la merci de vrais-faux amis politiques, n’ayant réellement autre rêve que d’en tirer le maximum de profit, la constitution d’une équipe gouvernementale dont certains membres sont en perte totale de crédibilité politique et morale etc., ont factuellement contribué à rendre IBK, méconnaissable aux yeux d’une nation qui attendait beaucoup mieux que cela. Si l’on avait une classe politique, un tant soit peu sérieuse, qui ait un minimum de respect pour le peuple, l’on assisterait jamais à des nominations aussi décevantes de leaders véreux, corrompus et illégitimes comme Dramane Dembélé, Choguel Kokalla Maïga, Mountaga Tall, Mamadou Sangaré dit Blaise, pour ne citer que ces quelques fossoyeurs de grand chemin.
Comment IBK a-t-il daigné attribuer des postes ministériels à des politiciens, qui aient été battus à plate couture dans leurs propres fiefs électoraux, lors des dernières législatives, en l’occurrence, Housseini Amion Guindo, Mountaga Tall et Dramane Dembélé ? En outre, comment des Ministres, ayant de graves antécédents judiciaires, peuvent-ils figurer dans un Gouvernement dit crédible et responsable ? Quelle espèce de légitimité, IBK saurait-il, lui-même, accorder à tous ces « malpropres » en quête permanente de crédibilité et même de « virginité » et dont le désaveu populaire ne souffre d’aucune ambiguïté ?
Si d’un autre point de vue, des cadres très proches du Président, ont pu jusque-là, se maintenir tranquillement à des postes importants, en dépit de leur corruption ou inefficacité avérée et malgré d’interminables plaintes des maliens, ce ne sont pas des cadres venus d’autres horizons, qui en démontreront forcément le contraire. Le cas des Ministres Bocari Tréta et Sada Samaké (heureusement que ce dernier n’en fait dorénavant plus partie) en est un exemple probant. Quelle transformation substantielle, IBK pourrait-il véritablement espérer, venant de personnes qui ne sauraient quasiment rien apporter de pur à ce pays ? Ce n’est, quand même, pas un ex-Ministre aussi arrogant que paternaliste, en la personne de Nancoma Kéita, non moins secrétaire général du parti présidentiel, qui saurait redresser quoique ce soit.
Lui qui, il y a juste quelques mois, menaçait avec la plus grande désinvolture, de « créer des misères » aux journalistes, si ceux-ci n’apprenaient pas à « mieux contrôler leur langage », car le pouvoir leur « appartient » désormais. Juste comme si les institutions de l’Etat étaient amplement devenues sa nue-propriété… Quelle honte ! Ce n’est non plus, un pitoyable thuriféraire à l’image de Mamadou Blaise Sangaré qui demandait inlassablement à ATT, de briguer un troisième mandat, qui saurait apporter une quelconque pierre de rénovation à l’édifice commun, en tant que Conseiller Spécial du Président avec Rang de Ministre. Quel titre fanfaron !
A quoi IBK devrait-il donc s’attendre, après s’être sciemment pris au piège par des imposteurs « professionnels », au mépris du soutien ô combien important, d’un peuple qui a pratiquement tout tenté pour l’aider ? Le peuple malien ne devrait aucunement mériter, une récupération aussi malsaine de sa révolution, pour la simple raison que des maux férocement combattus depuis des décennies, aient vite réussi à refaire surface par la faute d’une alliance présidentielle, en grande partie, constituée d’individus dont le souci pour le devenir de ce pays, n’est que pure comédie.
Le dernier réaménagement du Gouvernement, en gardant ces mêmes cadres que les populations n’ont, en aucun moment, cessé de décrier, désigne encore, une grosse déception pour celles-ci qui semblent décidément y voir, une certaine « moquerie ». IBK en est, sans nul doute, le premier fautif et devra, absolument, s’assumer vis-à-vis de sa gouvernance et sa famille politique sans autre forme de procès, car il demeure le seul à être élu Président par les maliens, et non tout un clan de vils prébendiers. Ce qui, par conséquent, ferait de lui, le principal accusé, en cas de « naufrage » du navire MALI dont il tient le gouvernail. Encore une fois, IBK a pleinement intérêt à très vite « ouvrir les yeux » car le reste de son mandat, en dépend vitalement !
Modibo Kane DIALLO
Source: La Sirène