Depuis l’occupation des régions du nord par les groupes rebelles ainsi que des réseaux de mafieux et de terroristes, le Mali fait face à plusieurs attaques sporadiques. Pour faire face à ces menaces, la Force Spéciale Antiterroriste (FORSAT) est désormais opérationnelle. Force citoyenne au service du peuple, elle est composée de policiers et de gendarmes d’élite et elle est toujours prête à intervenir.
Secoué par une crise politico-institutionnelle, le Mali est un pays en proie à une insécurité grandissante avec la multiplication des hôtels et espaces de loisirs. Sans compter que nos forces armées et de sécurité sont régulièrement la cible des groupes terroristes comme Ançar Dine, Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)…
Si le renforcement des forces de sécurité était à l’étude depuis des mois, l’attentat contre le Radisson Blu de la capitale a vraiment servi de déclic. «Il n’y a pas eu de défaillance, mais cette expérience a montré qu’il fallait changer certaines choses», explique le Général de Brigade Salif Traoré, ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile.
C’est ainsi que les autorités maliennes ont décidé de constituer une unité d’élite à part entière capable d’intervenir rapidement et partout sur le territoire en cas d’attaque terroriste. «Il nous fallait un mécanisme plus souple, plus réactif, qui permette d’assurer une meilleure coopération entre les différentes forces de sécurité», confie un conseiller du ministre.
Créée par arrêté ministériel du 22 mars 2016, la Force Spéciale Antiterroriste (FORSAT) est composée de 60 policiers, 60 gendarmes et 60 gardes nationaux triés sur le volet. Elle s’appuie sur les unités d’élite déjà existantes au sein de la police, de la gendarmerie et de la garde nationale. Il s’agit notamment du Groupe d’Intervention de la Police Nationale (GIPN), le Peloton d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (PIGN) et les Forces Spéciales de la Garde Nationale (FSGN) qui sont aujourd’hui rassemblés au sein d’un dispositif commun exclusivement affecté à la lutte contre le terrorisme.
Postés dans leurs bases respectives à Bamako, ces policiers et soldats d’élite sont mobilisables vingt-quatre heures sur vingt-quatre par le ministre de la Sécurité à qui ils répondent directement en cas de crise. Un centre de commandement spécial a d’ailleurs été récemment installé au ministère pour diriger les opérations.
Après avoir passé ces derniers mois une batterie de tests physiques, techniques et oraux, les policiers, gendarmes et gardes sélectionnés pour composer la Forsat participent désormais régulièrement à des formations avec des policiers français du Raid, des militaires américains et des membres de l’Eucap Sahel-Mali, la mission civile de soutien aux forces de sécurité intérieure mise en place par l’Union européenne.
Un outil très utile dans le contexte actuel
«La Forsat est un outil très utile, mais qui demande encore à être huilé», reconnaît une source sécuritaire en évoquant quelques rivalités persistantes entre policiers, gendarmes et gardes nationaux.
A terme, chaque unité devrait disposer d’un médecin, d’un infirmier, d’un maître-chien, d’un négociateur et d’un officier de renseignement. Des snipers, déjà opérationnels au sein de la gendarmerie, seront également bientôt présents dans les rangs de la police et de la garde nationale.
Les différentes composantes de la Forsat peuvent aussi compter sur des moyens matériels renforcés. Elles viennent par exemple d’être équipées de petits drones et de robots dotés de caméras qui leur permettront de recueillir des informations sur leurs futurs théâtres d’opérations.
Soulignons qu’après une première collaboration lors de l’attaque contre le Radisson Blu, les différents corps constituant ce nouveau dispositif avaient été déployés ensemble, le 21 mars dernier, lors de l’attaque de l’hôtel Azalaï Nord-Sud qui abrite le siège de la Mission de formation de l’Union européenne à Bamako. En symbiose, ces forces ont fait une démonstration de leur capacité d’intervention à la hauteur des attentes des Maliens.
Aliou Touré
Source : Le Matin