« Le Mali d’abord » ! Ce groupe de mots, qui avait suffisamment tympanisé et charmé les Maliens en juillet et août dernier au cours de la campagne présidentielle passée, est-il un (vain) slogan ou un (réel) Programme présidentiel ? Telle est l’interrogation légitime qui taraude aujourd’hui l’esprit de nos concitoyens, mais dont le mode de gouvernance instauré par IBK commence à livrer les réponses à grands jets.
« Le Mali d’abord » a-t-il déjà fait long feu ? Oui, sans hésitation
Oui, à travers une pile de questionnements sombres qui meublent la gestion actuelle du pouvoir. Oui, parce qu’aujourd’hui, le bateau Mali (d’abord ?) ne semble pas avoir de commandant de bord.
Oui, si l’on sait que le pilotage à vue est érigé en système de gestion. C’est quoi « Le Mali d’abord » ?
Quand dans un gouvernement, taillé sur mesure, on retrouve des amis, des beaux parents, des affidés, des courtisans, des vieux chevaux de l’écurie ; c’est ça « Le Mali d’abord » ?
Quand la Présidence, la Primature et les différents ministères deviennent des bureaux de
placement pour les amis, les parents et les militants du parti (Rpm), c’est ça « Le Mali d’abord » ?
Quand le tâtonnement devient la règle de gouvernance, c’est ça « Le Mali d’abord » ?
Quand les discours du genre « Tout est négociable » concernant une partie du pays (le Nord) deviennent un leitmotiv, alors que pour l’autre partie du pays (le Sud) l’on prône rigueur et fermeté, c’est ça « Le Mali d’abord » ?
Quand des bandits aux mains tachées de sang sont libérés impunément, sans jugement, c’est ça « Le Mali d’abord » ?
Quand des responsables de groupes armés, auteurs présumés de crimes, ne courent plus aucun risque, c’est ça « Le Mali d’abord » ?
Quand la justice, à Bamako, a du mal à auditionner certains privilégiés de la République, alors que de pauvres citoyens sont quotidiennement embastillés et envoyés au gnouf, c’est ça « Le Mali d’abord » ?
Quand des cadres civils et militaires sont éjectés de leurs postes au gré de l’humeur du Prince du jour, d’un simple claquement des doigts de la belle famille ou des intérêts du parti (Rpm), c’est ça « Le Mali d’abord » ?
Quand Kidal demeure toujours une zone interdite pour l’armée malienne, c’est ça « Le Mali d’abord » ?
OUI, c’est tout cela « Le Mali d’abord » ? Il ne peut nullement en être autrement si l’on sait que ce Projet du candidat IBK est une coquille vide qui ne devrait aucunement constituer le Programme du président élu. Mais, à l’époque, les Maliens aveuglés par l’euphorie de porter au pouvoir « l’homme de la situation », ne pouvaient le réaliser. Aujourd’hui, la réalité est là. Triste.
C.H Sylla
Source: L’Aube du 14 nov 2013