Les femmes se sont toujours impliquées en politique au Mali. Mais, aujourd’hui encore, elles sont nombreuses à s’engager, mais la question de leur représentativité reste toujours d’actualité.
Une population à plus de 50% féminine et trop peu de femmes dans les instances où se décident la vie de la nation. Si l’on peut se réjouir d’avancées significatives dans la prise en compte des problématiques féminines sur le plan social, sur le terrain politique, elles restent encore, pour la plupart, cantonnées à des fonctions subalternes, voire des rôles de figuration pure et simple. Malgré leur forte capacité de mobilisation et leur poids à travers la société civile, la démocratie malienne n’a pas encore bien intégré cette frange de la population. Les différentes institutions de la République ont cependant vu peu à peu des femmes occuper des responsabilités importantes. La Cour Constitutionnelle est aujourd’hui dirigée par Madame Manassa Danioko, tandis qu’à l’Assemblée nationale, on retrouve des femmes vice-présidentes ou encore présidentes de commission de travail.
Une avancée saluée par toutes celles qui sont engagées pour une meilleure représentativité politique. Pour rappel, la deuxième législature (1997-2002) reste dans l’Histoire comme celle qui a réuni le plus de femmes au sein de l’Hémicycle. Elles étaient 18 sur un total de 147 députés, alors que la présente législature ne compte que 14 femmes, soit tout juste 10%. Au niveau local, les statistiques ne sont guère meilleures. Lors des municipales de 2009, il y a eu 13 537 candidatures féminines, soit 16% du total. Le taux d’élues n’a pas suivi la même progression, car sur un total de 703 communes, seules 8 sont dirigées par des femmes, dont deux pour les communes urbaines, Mme Konté Fatoumata Doumbia en Commune I de Bamako et Oumou Sall Seck à Goundam.
Pour Mme Traoré Nana Sissako, présidente du Groupe pivot droit et citoyenneté des femmes, « malgré les efforts entrepris pour l’accompagnement des candidatures des femmes, elles sont toujours victimes de stéréotypes, de manque de moyens financiers et d’alliances contre nature, qui enfreignent toute éthique ou morale politique». « Les raisons pour lesquelles les femmes ont du mal à accéder à des fonctions électives sont surtout liées à la tradition. Au Mali, la femme ne doit pas être sur le devant de la scène, elle ne doit pas s’imposer », explique Madame Tamboura Ma Keïta, Présidente du Conseil de Cercle de Koulikoro. Une fenêtre s’ouvre cependant aux femmes pour améliorer leur situation dans le monde politique. L’adoption de la loi sur les quotas en novembre 2015 accorde aux femmes les 30% de postes dans les instances électives et nominatives qu’elles réclamaient. Selon l’honorable Aïchata Cissé, cette loi, rendue possible grâce à l’implication personnelle du Président de la République, « fera partie de l’histoire démocratique du Mali ». Cela dit un bémol s’impose car « de nombreuses lois ont été votées mais leur application reste un problème ». Le premier test grandeur nature sera très certainement les prochaines municipales. On verra si le texte, voté sous le boisseau, permettra aux femmes politiques maliennes d’accéder à la lumière.
Par Modibo FOFANA et Célia d’ALMEIDA
Source: Autre presse