Exportation et développement Canada (EDC) n’entend pas rompre les liens avec Bombardier malgré le scandale qui a ébranlé la multinationale québécoise en Afrique du Sud.
En entrevue au Journal, hier, la nouvelle PDG d’EDC, Mairead Lavery, s’est montrée peu encline à radier Bombardier pendant 10 ans, comme la Banque mondiale l’a fait à l’égard de SNC-Lavalin, en 2013, pour des pots-de-vin au Bangladesh.
« Dix ans, c’est très long », a-t-elle estimé.
Cet été, EDC a commandé au cabinet d’avocats McCarthy Tétrault un examen des pratiques anticorruption de Bombardier.
Aide suspendue
L’organisme fédéral et l’entreprise ont tous deux été éclaboussés dans une vaste affaire touchant un contrat ferroviaire avec une société d’État sud-africaine et la vente d’un jet privé à une puissante famille du pays. EDC a financé les deux transactions, qui remontent à 2015.
EDC a suspendu son aide financière à Bombardier pendant la durée de l’examen, mais l’agence se tient prête à reprendre du service rapidement.
« Bombardier est une entreprise canadienne très importante et nous continuons de dire, chez EDC, que nous sommes ouverts aux affaires, a déclaré Mme Lavery. Ce que nous voulons accomplir, c’est aider les entreprises à pousser plus loin leurs pratiques [anticorruption]. »
McCarthy Tétrault a livré les premières constatations de son examen. « Nous parlons avec Bombardier de ce que ça signifie et des processus qu’ils aimeraient changer à cet égard », a précisé la dirigeante.
Des milliards de dollars en prêts
Bombardier est, et de loin, le plus important client d’EDC. Depuis 2001, l’entreprise a reçu au moins 19,5 G$ en financement de la part de l’organisme, selon le Globe and Mail.
Mairead Lavery n’a pas été mêlée au scandale en Afrique du Sud, a soutenu Exportation et développement Canada, hier.
De 2000 à 2014, elle a occupé des postes de direction chez Bombardier à Montréal, avant de faire le saut comme vice-présidente, puis PDG, chez EDC.
Bombardier n’est pas au bout de ses peines. La Banque mondiale songe à radier l’entreprise en lien avec des irrégularités dans un contrat ferroviaire en Azerbaïdjan. Bombardier assure n’avoir rien à se reprocher dans ce dossier.
Cet été, EDC a dit « regretter » le prêt de 41 M$ US fait pour l’achat du jet privé de Bombardier en Afrique du Sud.
Également prise à partie pour des prêts à des entreprises corrompues d’Amérique latine, EDC a récemment adopté des politiques en matière d’environnement et de droits de la personne. Elle effectue désormais plus de vérifications sur ses transactions et s’engage à faire preuve de plus de transparence à l’avenir.
« Ceci dit, je ne pense pas que notre maison était si sale que ça », a insisté Mme Lavery.