Il faut informer et sensibiliser les acteurs du monde éducatif pour les amener à adopter des pratiques favorisant le bon déroulement des examens scolaires
Les examens scolaires de fin d’année sont prévus à partir du mois de mai. Une délégation du ministère de l’Éducation nationale conduite par le directeur adjoint du Centre national des examens et concours de l’éducation (CNECE), Mamadou Coulibaly, a donc effectué du 29 mars au 2 avril une mission sur la moralisation des examens scolaires dans les 3 académies d’enseignement (AE) de Kayes, de Nioro du Sahel et de Kita. La mission a pris fin le 2 avril dans la ville de Kita par une rencontre entre les visiteurs, les responsables du conseil communal, du conseil de cercle, des comités de gestion scolaire (CGS), l’Association des parents d’élèves (APE), les syndicats d’enseignants, les promoteurs d’écoles, les partenaires sociaux et les forces de sécurité. Outre le directeur de l’Académie de Kita, Kinane Ag Gadeda, le préfet adjoint du cercle de Kita, Moussa Diallo, les autorités administratives, politiques, traditionnelles et les notables de la capitale de l’arachide étaient présents.
On entend par moralisation des examens, une opération qui consiste à informer et sensibiliser les acteurs du monde éducatif et à les amener à adopter des pratiques favorisant le bon déroulement des examens scolaires. Le doyen de la délégation du ministère, Hassimi Adama Touré, a cité la fuite de sujets et la fraude au premier rang des pratiques qui entravent le bon déroulement des examens scolaires. Il a défini la fuite de sujets comme la soustraction ou la divulgation de tout ou partie du contenu d’une épreuve avant l’ouverture de son enveloppe lors de l’examen. Les origines de cette mauvaise pratique sont multiples et ne sont pas déterminées de façon précise. Le phénomène touche généralement les matières « principales » des candidats. La fuite de sujets a toujours existé. Mais elle s’est accentuée et généralisée depuis 2008, date à laquelle l’on a procédé à la réforme des examens, et en 2010 lorsque toutes les matières ont été introduites dans les examens scolaires, a souligné Hassimi Adama Touré. Les moyennes de classe n’intervenant presque pas, les candidats sont prêts à tout pour se procurer des sujets avant la date indiquée.
LES MULTIPLES VISAGES DE LA FRAUDE. La fuite des sujets peut être constatée, selon le conférencier, dans quelques centres seulement ou quelques communes. Elle peut aussi être généralisée à travers le pays grâce au téléphone ou à internet. A ce propos, Hassimi Adama Toure a listé les sanctions encourues par ceux qui organisent la fuite de sujets et la fraude : remboursement des indemnités perçues au titre de l’organisation de l’examen concerné, interdiction définitive de participer à tout examen, impossibilité d’accéder à des postes de responsabilité, plainte portée contre les auteurs de la fraude et leurs complices, traduction des auteurs en justice, en conseil de discipline et demande de radiation de la Fonction publique…
Hassimi Adama Touré a défini la fraude comme tout acte, tout geste, tout comportement et toute attitude non autorisée par le règlement de l’examen et la police de surveillance. La fraude réside aussi dans l’exploitation de tout document ou l’utilisation de tout appareil non autorisé. Les causes du phénomène sont identiques à celles de la fuite des sujets. La pratique se manifeste par la fausse déclaration dans le dossier d’inscription, la falsification d’identité ou la substitution de candidat, l’inscription des candidats dans plusieurs pays pour le même examen de la même session, le fait pour le candidat de s’inscrire sur les listes des examens (DEF, CAP, BT, IFM, BAC), la consultation de documents non autorisés lors d’une épreuve, la communication avec un candidat au cours d’une épreuve. A cela s’ajoutent la falsification de documents, la non-remise par le candidat de sa copie à la fin de l’épreuve, la mention sur la copie de signes distinctifs, la soustraction ou la substitution de copie, l’inscription d’informations relatives aux épreuves sur le corps ou sur les effets, la corruption ou la tentative de corruption sous quelque forme que ce soit.
L’attribution par un correcteur ou un examinateur, d’une note non conforme aux performances du candidat, la copie sans signature du candidat ou des deux surveillants ou de l’un des surveillants ou portant des signatures différentes de celle des surveillants, les copies de candidats présentant des écritures différentes d’une composition à l’autre, l’utilisation des téléphones portables, les communications avec des stylos, des montres, les échanges de brouillons et les écrits rédigés sur la table et sur une partie du corps sont d’autres manifestations de la fraude, a énuméré Hassimi Adama Touré.
Ceux qui organisent la fuite de sujets et la fraude, a-t-il averti, sont responsables de graves conséquences comme la dévalorisation, la décrédibilisation, la non reconnaissance de nos diplômes, l’absence de cadres valables pour notre pays.
Jugeant la rencontre fructueuse, Bakary Gueye, professeur de biologie au lycée public de Kita, situe la solution de la moralisation des examens scolaires au niveau des responsables scolaires. Car ce sont eux qui prennent des mesures de prévention et ont les moyens de réprimer des fraudeurs. Pour Bakary Gueye, chaque Malien doit prendre conscience de la détérioration de notre système éducatif et de la baisse du niveau des élèves et étudiants.
Le vieux parent d’élèves, Moussa Kéita, a, lui, invité les élèves et étudiants à s’adonner aux études. « Si vous ne prenez pas les études au sérieux, vous deviendrez un jour esclaves de certains », a-t-il prévenu. « Nous allons suivre les instructions données par nos experts lors des examens pour la bonne marche de notre école », a promis la directrice de l’école fondamentale « Kita Gare II », Mme Aminata Soucko.
Après la région de Kayes, la mission poursuit sa tournée de sensibilisation et d’information sur la moralisation des examens dans les autres régions.
S. Y. WAGUE
Le calendrier 2016 des examens
* Diplôme d’études fondamentales (DEF) : du lundi 2 mai au mercredi 8 juin.
* Instituts de formation des maitres (IFM) : du lundi 16 mai au vendredi 24 juin.
* Baccalauréat (BAC) : du lundi 16 mai au jeudi 23 juin.
* Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) : du lundi 30 mai au vendredi 3 juin.
* Brevets de techniciens 1 et 2 (BT1 et BT2) : du lundi 13 juin au vendredi 17 juin
* Brevet de technicien agro-pastoral : du lundi 29 aout au vendredi 2 septembre.
S. Y. W.
Source : L’Essor