Il faut une approche multisectorielle qui apporte une synergie et une complémentarité entre les acteurs clés que sont le gouvernement, la société civile et la population
Le Comité national de contrôle du tabac (CNCT) qui veille à l’application des textes en vigueur relatifs à l’importation, à la distribution, à la vente, à la publicité, à la promotion et à la consommation du tabac et des autres produits du tabac, a organisé jeudi, un atelier de renforcement de capacités de ses membres. La session s’est déroulée à la Maison des Ainés sous la présidence du représentant du ministre de la Santé, le Dr Bakary Konaté, coordinateur du programme national de lutte contre la tuberculose. C’était en présence du chargé de la promotion santé à l’OMS, Abdoulaye Cissé, et de nombreux acteurs de la santé. L’atelier était destiné à développer la capacité des participants à analyser les difficultés de mise en œuvre de la lutte antitabac et de proposer des solutions au gouvernement. Durant la session, l’accent a été mis sur le rôle multisectoriel de la lutte antitabac, sur les emballages commerciaux du tabac, l’ampleur du problème et des conséquences médicales du tabagisme. Il a été aussi question du protocole pour l’élimination du commerce illicite des produits du tabac et du cadre juridique.
Pour le représentant de l’OMS, il ne faut cesser de rappeler que la consommation de tabac est l’une des plus graves menaces pesant sur la santé publique mondiale. Elle tue près de 6 millions de personnes chaque année. Plus de 5 millions d’entre elles sont des consommateurs ou d’anciens consommateurs et plus de 600 000 des non-fumeurs, involontairement exposés à la fumée. Une personne meurt toutes les six secondes du fait de ce fléau, ce qui représente un décès d’adulte sur 10. La moitié des consommateurs actuels mourront d’une maladie liée au tabac. Le traitement des maladies liées au tabac comme le cancer et les cardiopathies est coûteux. Les maladies et les décès dus au tabac frappent souvent des consommateurs dans la force de l’âge, en pleine activité professionnelle, affectant leur productivité et leur revenu.
Face à la situation, il faut agir. Pour cela, Abdoulaye Cissé conseille d’augmenter les taxes sur le tabac. « C’est le moyen le plus efficace de réduire le tabagisme et de sauver des vies » souligne-t-il. Et pourtant, l’augmentation des taxes ne fait pas en général l’unanimité. Mais dans le cas du tabac, il s’agit bien d’une mesure que tout le monde peut appuyer car, il est prouvé que dans plus de 80% des pays la taxation du tabac n’atteint pas le plus haut degré d’exécution de cette mesure. « Si les taxes grimpent, la mort et la maladie liées à la consommation du tabac reculent », assure le représentant de l’OMS.
L’OMS est engagée dans la lutte contre l’épidémie mondiale de tabagisme. C’est dans ce cadre que la convention-cadre de l’OMS est entrée en vigueur en février 2005. Cette convention est le principal instrument de l’OMS pour la lutte antitabac et elle marque une étape importante dans la promotion de la santé publique. Elle est devenue l’un des traités les plus largement acceptés de l’histoire des Nations Unies avec 180 parties, représentant environ 90% de la population mondiale. Depuis, un programme mondial a été fixé fondé sur neuf cibles mondiales concrètes à atteindre en 2025 et adossé au plan d’action de l’OMS pour la stratégie de lutte contre les maladies non transmissibles. Ce plan comprend une série de mesures qui, appliquées collectivement, contribueront à atteindre la cible mondiale de la réduction de 25% de la mortalité prématurée par maladies non transmissibles d’ici 2025 et de 30% de la prévalence du tabagisme.
Les pouvoirs publics sont conscients de la gravité et de l’ampleur du phénomène et considèrent le tabagisme comme un problème de santé publique, a souligné le représentant du ministre. Pour y faire face, des efforts remarquables ont été consentis sur le plan législatif et communicationnel, afin de protéger singulièrement les populations jeunes cibles de prédilection des fabricants de tabac, assure-t-il. Le Mali a aussi ratifié la convention-cadre de l’OMS. Pour matérialiser cet engagement l’Assemblée nationale a même adopté la loi n°10-33 du 12 juillet 2010 relative à la commercialisation et à la consommation du tabac et des produits du tabac. L’article 13 interdit toute forme de publicité, toute activité de promotion et de parrainage du tabac. Le Dr Bakary Konaté estime que l’atelier aidera à atteindre des résultats déterminants dans le fastidieux combat contre le tabagisme.
Nazim Diarra, un des conférenciers, a démontré la nécessité d’une approche multisectorielle pour lutter contre le tabac. Cette approche apporte une synergie et une complémentarité, car il faut la participation de tout le monde à commencer par les acteurs clés que sont le gouvernement, la société civile ainsi que la population. Le Dr Sadio Séya a confirmé que le tabagisme est la cause des maladies cardiovasculaire. C’est un phénomène qui est à la une de l’actualité. Il augmente le risque de maladie coronaire, a-t-il assuré. Selon lui, le tabagisme et le cancer sont deux phénomènes identiques qui opèrent des destructions silencieuses. « Son traitement est difficile et coûteux », a-t-il noté en préconisant de le prévenir impérativement grâce à une lutte adaptée et approuvée. « Il faut mettre en place des stratégies élaborées par nous mêmes », a conseillé le Dr Sadio Séya.
F. NAPHO
Source : L’Essor