Le 22 juin dernier fut lancée en grande pompe une opération d’évacuation des ordures de Bamako et Kati pour un coût d’une dizaine de milliards de francs CFA. Le Premier Ministre, Choguel Kokalla Maïga, tout juste nommé à l’époque, en avait fait l’un de ses premiers combats. Un mois après, les ordures continuent de s’accumuler dans les décharges.
Au dépotoir de Lafiabougou, en face du cimetière, l’odeur vous pique le nez à des mètres. Bien qu’il soit clôturé, les ordures sont jetés çà et là dans la rue, rendant difficile le passage. À la devanture de la clôture se dresse une montagne d’ordures et des paquets de sacs plein de déchets et d’eau croupie. En cet après-midi du 23 juillet, un conducteur de tracteur et un charretier s’apprêtent à y déverser leurs chargements. « Tous les jours c’est comme ça. Les ordures ne font qu’augmenter. Le gouvernement a promis d’évacuer les déchets chaque mois, mais cela ne suffit pas.
Le mois dernier ils sont venus. Ils ont juste évacué une petite partie et s’en sont allés. À ce rythme, rien ne va changer », se désespère le gardien du lieu, Makan Kouyaté, un homme chétif d’une trentaine d’année. Pourtant, en juin dernier, le gouvernement, lors du lancement en grande pompe des opérations d’évacuation des décharges solides de Bamako, expliquait que « les dépôts de transit de Bamako sont devenus un cauchemar pour les riverains et les usagers des services publics mitoyens ». Le Premier ministre avait insisté sur le fait que « les autorités de la transition ont souci du quotidien des populations.
Cette opération fera l’objet d’un suivi rigoureux afin qu’elle ne ressemble pas aux précédentes ». Mais il semble que rien n’ait changé. « C’est juste du m’as-tu-vutisme. Si le gouvernement a vraiment la volonté de faire ces opérations, avec les moyens dont il dispose les dépotoirs seront vite vidés. Pourquoi ne pas embaucher des jeunes payés mensuellement qui feront le travail chaque jour ? En plus cela diminuera le chômage », se lamente un étudiant rencontré au dépôt de la colline de Badalabougou, où le constat est identique à celui de Lafiabougou.
Tout comme à Médine, en face du stade Modibo Keita, où les opérations d’évacuation ont aussi été lancées. Là, le lundi 26 juillet, la pelleteuse qui sert à évacuer les déchets était aux arrêts alors que les charretiers déversaient des ordures à la pelle. En dépit de nos nombreuses sollicitations, le département en charge de l’Environnement n’a pas souhaité réagir.
Aly Asmane Asmane
Source : Journal du Mali