PROCHE-ORIENT – Le général iranien Qassem Soleimani, figure majeure du régime et personnalité très populaire en Iran, a été tué par des frappes américaines dans la nuit du 2 au 3 janvier à l’aéroport de Bagdad. Une escalade militaire qui inquiète la communauté internationale. Suivez les dernières informations.
PARIS
Selon l’Elysée, Emmanuel Macron veut “éviter une nouvelle escalade dangereuse” et appelle à la “retenue”.
Lors d’un entretien avec son homologue russe vendredi matin, le président français a aussi “rappelé l’attachement de la France à la souveraineté et à la sécurité de l’Irak et à la stabilité de la région”. Il a appelé l’Iran à “revenir rapidement au plein respect de ses obligations nucléaires et à s’abstenir de toute provocation”, ajoute la présidence dans un communiqué.
DISCORDE
Quand le chef de la diplomatie américaine critique la secrétaire d’Etat française aux Affaires européennes. Mike Pompeo a estimé vendredi que la France avait “tort” de dire que le monde était “plus dangereux” après la mort du général iranien Qassem Soleimani, tué dans un raid américain en Irak.
Le secrétaire d’Etat a été invité sur CNN à réagir aux propos d’Amélie de Montchalin, qui avait déclaré au micro de RTL que l’on se réveillait “dans un monde plus dangereux” en raison des risques d'”escalade militaire” au Moyen-Orient.
“Les Français ont simplement tort sur ce point”, a-t-il répondu. “Le monde est beaucoup plus sûr aujourd’hui. Et je peux vous assurer que les Américains dans la région sont plus en sécurité aujourd’hui après la mort de Qassem Soleimani”.
QUAI D’ORSAY
Dans a foulée de la réaction d’Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian s’exprime à son tour. Le patron de la diplomatie française, via un communiqué, précise s’être entretenu par téléphone avec son homologue américain Mike Pompeo à la suite des derniers développements survenus en Irak, et notamment des actions entreprises cette nuit.
“Dans le contexte actuel, la France appelle chacun à la retenue et l’Iran à éviter toute mesure susceptible d’aggraver l’instabilité régionale, ou de conduire à une grave crise de prolifération nucléaire. Les parties à l’accord de Vienne doivent en particulier rester étroitement coordonnées pour appeler l’Iran à revenir rapidement au plein respect de ses obligations nucléaires et à s’abstenir de toute nouvelle action contraire”, estime le Quai d’Orsay. Et d’ajouter que la “priorité doit aller à la poursuite de l’action de la Coalition internationale contre Daech, qui intervient en Irak à la demande des autorités irakiennes et en appui des forces de sécurité irakiennes.”
DÉTAILS
Washington a dévoilé quelques détails de ses frappes, précisant que le Pentagone suivait de près depuis des mois les déplacements du général Soleimani et aurait pu le tuer bien avant.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a affirmé vendredi que le responsable iranien préparait une “action d’envergure” menaçant des “centaines de vies américaines”. “Nous savons que c’était imminent”, a-t-il insisté, précisant que la décision américaine avait été prise “sur la base des évaluations” des services de renseignement.
L’Iran promet de venger la mort du général Soleimani “au bon moment et au bon endroit”.
SYRIE
Le président syrien réagit à son tour, Bachar Al-Assad assurant que le soutien du général Soleimani à l’armée syrienne “ne sera pas oublié”.
“Le peuple syrien n’oubliera pas sa présence aux côtés de l’armée arabe syrienne dans sa défense de la Syrie face au terrorisme et ses soutiens”, a indiqué M. Assad dans une lettre adressée au guide suprême iranien Ali Khamenei, selon des propos rapportés par l’agence de presse officielle Sana.
ONU
“Le monde ne peut se permettre une nouvelle guerre dans le Golfe”, a affirmé vendredi dans un communiqué le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, après l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani, tué dans un raid américain à Bagdad.
Dans ce texte très court, Antonio Guterres appelle aussi “les dirigeants à faire preuve du maximum de retenue” dans ce moment de tensions, alors que l’Iran a appelé à la vengeance.
PARIS
Selon l’Elysée, Emmanuel Macron veut “éviter une nouvelle escalade dangereuse” et appelle à la “retenue”.
Lors d’un entretien avec son homologue russe vendredi matin, le président français a aussi “rappelé l’attachement de la France à la souveraineté et à la sécurité de l’Irak et à la stabilité de la région”. Il a appelé l’Iran à “revenir rapidement au plein respect de ses obligations nucléaires et à s’abstenir de toute provocation”, ajoute la présidence dans un communiqué.
INTERVIEW
L’attaque pourrait provoquer un embrasement dans la région, selon le chercheur Adel Bakawan.
Frappes américaines à Bagdad : “Rien n’empêche désormais l’Iran de pratiquer la politique de la terre brûlée en Irak”
RUSSIE
L’assassinat du général iranien Qassem Soleimani, tué dans un raid américain à Bagdad, risque de “sérieusement aggraver la situation” au Proche-Orient, a mis en garde vendredi le président russe Vladimir Poutine lors d’une conversation téléphonique avec Emmanuel Macron.
RÉACTION
Que pense la classe politique française des frappes américaines ? Le patron du PCF Fabien Roussel a qualifié vendredi de “pure folie” le raid américain qui a tué le général iranien Qassem Soleimani, la présidente du RN Marine Le Pen estimant que la France doit tout faire pour “relancer les négociations” sur le nucléaire iranien. Le N.3 des Républicains (LR) Aurélien Pradié s’est dit “très inquiet” de la “manière dont les États-Unis peuvent parfois jouer avec le feu”.
WASHINGTON
Donald Trump a estimé vendredi que le général iranien Qassem Soleimani, tué dans un raid américain à Bagdad, aurait du être tué “il y a des années”.
“Le général Qassem Soleimani a tué ou grièvement blessé des milliers d’Américains sur une longue période et prévoyait d’en tuer beaucoup d’autres (…) Il était directement ou indirectement responsable de la mort de millions de personnes”, a tweeté M. Trump.
“Si l’Iran ne sera jamais capable de l’admettre clairement, Soleimani était à la fois détesté et craint dans son pays. Ils ne sont pas aussi tristes que les dirigeants (iraniens, Ndlr) essayent de le faire croire au reste du monde. Il aurait du être tué il y a des années !”, a-t-il ajouté.
WASHINGTON
D’après le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, Soleimani préparait une “action d’envergure” menaçant des “centaines de vies américaines”.
“Il s’affairait activement à mener des actions dans la région – une action d’envergure, comme il disait – qui auraient mis en danger des dizaines, voire des centaines, de vies américaines”, a déclaré le secrétaire d’Etat sur CNN. “Nous savons que c’était imminent. Nous avons pris notre décision sur la base des évaluations de nos services de renseignement”.
QUAI D’ORSAY
Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a enjoint à la “prudence” vendredi les ressortissants français se trouvant dans plusieurs pays du Proche-Orient, et notamment en Irak, “à la suite des récents événements” dans ce pays et “d’une montée des tensions dans la région”.
“Le contexte de montée des tensions dans la région et les récents développements imposent de faire preuve de la plus grande prudence s’agissant des déplacements en ou vers l’Irak”, préconise le ministère sur son site internet. Il formule des recommandations similaires à l’intention des Français “résidant ou de passage en Arabie saoudite” ou encore en Israël/territoires occupés.
IRAK
Des employés américains du secteur pétrolier en Irak, deuxième producteur de l’Opep, ont commencé à quitter le pays ce vendredi, indique à l’AFP le porte-parole du ministère irakien du Pétrole, après que Washington a appelé ses ressortissants à partir “immédiatement”.
DÉCRYPTAGE
“Les Américains ont ni plus ni moins décapité l’élite du régime iranien. Ils ont directement frappé au sommet”, estime Michel Scott, grand reporter et chef du service international de TF1, après la mort du général Soleimani.
ISRAËL
Tout en félicitant Donald Trump, qui a selon lui “agi avec rapidité, force et sans hésitation”, le Premier ministre Benjamin Netanyahu – qui a quitté la Grèce en urgence dans la matinée – a estimé que les Etats-Unis avaient le “droit” de “se défendre” en tuant le général iranien Soleimani. “Qassem Soleimani est responsable de la mort de citoyens américains et d’autres innocents et planifiait de nouvelles attaques”, a-t-il fait valoir.
ÉTATS-UNIS
Les Etats-Unis veulent “la désescalade” après la mort de Qassem Soleimani, assure le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo.
Le secrétaire d’Etat a indiqué dans trois tweets distincts s’être entretenu avec ses homologues chinois, britannique et allemand de “la décision de Donald Trump d’éliminer M. Soleimani en réponse à des menaces imminentes pour des vies américaines”.
DÉCRYPTAGE
Patricia Allémonière, grand reporter à TF1, apporte son éclairage sur la mort de cette figure historique du régime iranien et ses conséquences.
Général iranien tué dans un raid : “Trump ne s’est peut-être pas rendu compte qu’il touchait à un symbole”
ÉTATS-UNIS
Un responsable militaire américain a affirmé à l’AFP que la frappe qui a pulvérisé tôt vendredi à Bagdad les deux véhicules où se trouvaient le puissant général iranien Qassem Soleimani et le principal homme de l’Iran en Irak était “un tir de précision d’un drone”.
En outre, il a ajouté, sous le couvert de l’anonymat, que “certains des 750 soldats supplémentaires déployés sont arrivés à Bagdad pour renforcer la sécurité de l’ambassade” américaine.
CONSEIL EUROPÉEN
“Le cycle de violence, de provocations et de représailles doit cesser” en Irak, a déclaré vendredi le président du Conseil européen, Charles Michel, après la mort d’un général iranien dans une attaque à Bagdad menée par Washington. “Une escalade doit être évitée à tout prix”, a ajouté dans un tweet celui qui préside l’instance représentant les 28 États membres.
IRAN
Des dizaines de milliers de personnes manifestent à Téhéran pour dénoncer les “crimes” américains, a constaté un journaliste de l’AFP. Après la prière du vendredi, une foule a rempli des rues du centre de la capitale, scandant “Mort à l’Amérique” et brandissant des portraits de Qassem Soleimani, dirigeant des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique iranienne.
OTAN
“L’Otan surveille la situation dans la région de très près. Nous restons en contact rapproché et régulier avec les autorités américaines”, a réagi un porte-parole auprès de l’AFP.
L’Alliance nord-atlantique maintient une présence limitée sur le territoire irakien. À la demande du gouvernement local, elle mène une mission de formation des forces du pays pour empêcher le retour du groupe État islamique. “La sécurité de notre personnel en Irak est primordiale. Nous continuons de prendre toutes les précautions nécessaires”, a-t-il ajouté.
ALLEMAGNE
L’Allemagne a exprimé vendredi sa “grande inquiétude” après la mort du général iranien Qassem Soleimani et appelé à la “désescalade”. “Nous sommes à un niveau dangereux d’escalade, et il est désormais important de contribuer à une désescalade avec prudence et retenue”, a déclaré lors d’une conférence de presse une porte-parole de la chancellerie, Ulrike Demmer, appelant à la recherche de solutions “par la voie diplomatique”.
IRAN
Le guide suprême iranien a nommé Esmaïl Qaani comme nouveau chef de la force al-Qods après la mort de son commandant vendredi dans un raid américain sur l’aéroport de Bagdad. “Après le martyr du glorieux général Qassem Soleimani, je nomme le brigadier général Esmaïl Qaani commandant de la force al-Qods” des Gardiens de la Révolution islamique, a déclaré l’ayatollah Ali Khamenei dans un communiqué publié sur son site officiel.
IRAK
Le président irakien Barham Saleh a appelé “tout le monde à la retenue” alors que de nombreux commandants pro-Iran ont déjà appelé à se “tenir prêts” à riposter après l’assassinat à Bagdad par les États-Unis du général iranien Qassem Soleimani. Il a condamné l'”agression” contre le puissant émissaire de Téhéran pour les affaires irakiennes et Abou Mehdi al-Mouhandis, son principal lieutenant tué avec lui. Mais il faut désormais que “la voix de la raison et de la sagesse l’emporte dans l’intérêt national suprême”, a-t-il plaidé.
ROYAUME-UNI
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, a appelé vendredi “toutes les parties à la désescalade” après la mort du général iranien Qassem Soleimani. “Nous avons toujours reconnu la menace agressive posée par la force iranienne Qods dirigée par Qassem Soleimani. Après sa mort, nous exhortons toutes les parties à la désescalade. Un autre conflit n’est aucunement dans notre intérêt”, a déclaré le chef de la diplomatie britannique.
IRAN
Les rebelles yéménites Houthis, soutenus par Téhéran, ont appelé vendredi à des “représailles rapides et directes” après l’assassinat du puissant général iranien Qassem Soleimani. “Nous condamnons cet assassinat”, a déclaré Mohammed Ali al-Houthi, un haut responsable de la direction politique des rebelles.
IRAN
“Il n’y a aucun doute sur le fait que la grande nation d’Iran et les autres nations libres de la région prendront leur revanche sur l’Amérique criminelle”, a promis le président Hassan Rohani, dans un communiqué. Le “martyr” du général Soleimani “a endeuillé le cœur de la nation iranienne et de toutes les nations de la région”, a-t-il ajouté.
Sa mort “a redoublé la détermination de la nation iranienne et des autres nations libres de la région de se dresser contre les intimidations de l’Amérique et de défendre les valeurs islamiques”, selon le président iranien. “Cet acte vil et lâche est un autre signe du désespoir et de la faiblesse de l’Amérique dans la région”, a-t-il assuré.
IRAK
Le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne, a qualifié dans son sermon du vendredi d'”attaque injustifiée” l’assassinat dans un raid américain à Bagdad du puissant général irakien Qassem Soleimani et du principal homme fort de l’Iran en Irak.
IRAN
La dirigeante des Moudjahidine du peuple, un groupe de l’opposition iranienne en exil, a appelé vendredi à “expulser les mollahs de la région”, après la mort en Irak du général iranien Qassem Soleimani, tué dans un raid américain, selon un communiqué du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI).
Selon ce communiqué du CNRI, sa présidente Maryam Radjavi a qualifié l’opération “de coup irréparable pour le régime des mollahs”. “Mme Radjavi a souligné que le moment était venu d’expulser les mollahs de la région, en particulier d’Irak, de Syrie et du Liban, et d’expulser le Corps des Gardiens de la révolution de ces pays”, est-il indiqué dans le texte, qui fustige le “joug du fascisme religieux au pouvoir en Iran”.
LIBAN
Le chef du mouvement chiite libanais Hezbollah, grand allié de l’Iran, a promis vendredi “le juste châtiment” aux “assassins criminels” responsables de la mort du général iranien Qassem Soleimani. “Apporter le juste châtiment aux assassins criminels (…) sera la responsabilité et la tâche de tous les résistants et combattants à travers le monde”, a promis dans un communiqué le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui utilise généralement le terme de “Résistance” pour désigner son organisation et ses alliés.
IRAK/ÉTATS-UNIS
L’ambassade américaine à Bagdad, attaquée mardi par des pro-Iran, a appelé vendredi ses ressortissants à quitter l’Irak “immédiatement”, quelques heures après l’assassinat du puissant général iranien Qassem Soleimani dans un raid américain.
La chancellerie appelle les Américains en Irak à partir “par avion tant que cela est possible”, alors que le raid a eu lieu dans l’enceinte même de l’aéroport de Bagdad, “sinon vers d’autres pays par voie terrestre”. Les principaux postes-frontières de l’Irak mènent vers l’Iran et la Syrie en guerre, alors que d’autres points de passage existent vers l’Arabie saoudite et la Turquie.
ISRAËL
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a interrompu vendredi son voyage officiel en Grèce afin de rentrer en Israël, a indiqué son bureau à l’AFP. M. Netanyahu, arrivé à Athènes jeudi, devait rester dans ce pays jusqu’à samedi, mais a écourté son voyage après l’annonce du décès de Qassem Soleimani, chef des forces iraniennes al-Qods, souvent accusées par Israël de préparer des attaques contre l’Etat hébreu.
-Une frappe ciblée
Sur ordre de Donald Trump, le raid américain a bombardé un convoi de véhicules dans l’enceinte de l’aéroport international de Bagdad, tuant au moins 9 personnes au total, selon des responsables des services de sécurité irakiens. Outre le général Soleimani, l’autre grande figure tuée est Abou Mehdi al-Mouhandis, véritable chef opérationnel du Hachd al-Chaabi et lieutenant du général pour l’Irak depuis des décennies.
-Une figure majeure du régime iranien
Chef de la Force Qods des Gardiens de la révolution, Qassem Soleimani était chargé des opérations extérieures de la République islamique d’Iran. Cet homme de 62 ans a notamment joué un rôle important dans le combat contre Daech. Il est aussi l’homme clé de l’influence iranienne au Moyen-Orient où il a renforcé le poids diplomatique de Téhéran, notamment en Irak et en Syrie, deux pays où les Etats-Unis sont engagés militairement.
-Quelles conséquences ?
“On se réveille dans un monde plus dangereux. L’escalade militaire est toujours dangereuse”, a estimé ce vendredi la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin. Le président iranien Hassan Rohani a ainsi promis que “l’Iran et les autres nations libres de la région” prendraient “leur revanche sur l’Amérique criminelle pour cet horrible meurtre”.
Source: lci.fr