Après des années d’accession aux indépendances, nombreux sont les pays africains en quête de voie pour se développer. Le professeur de philosophie malien, Mikailou Cissé explique que la prospérité tant recherchée ne sera qu’un mirage tant que les Africains n’auraient pas réussi à couper les ponts avec l’Occident.
L’Afrique fait face à une déstabilisation profonde. Dans toutes les zones géographiques du vieux continent, le peuple cherche désespérément son chemin.Ce peuplepeine toujours àtrouver la quiétudequ’il cherchedepuis la découverte de son continent par le reste du monde. L’interconnexion avec l’extérieur, qui est en principe un facteur de développement pour un continent,n’a été qu’une source de malheur pour l’Afrique.
Une interconnexion problématique
La connexion avec le monde extérieur a étépeu bénéfiquepour l’Afrique. Elle lui a conduit à la perte de ses valeurs au profit de celles d’autrui.La paupérisation à laquelle on assiste aujourd’hui dans ce continent a commencé depuis au début de cette interconnexion.
La concentration du pouvoir entre les mains d’une minorité de personnestravaillant pour leurs propres intérêts et contre ceux des autres, les conflits intercommunautaires et/ou intracommunautaires sans cause connue se sont accentués dans ce continent avec cette interconnexion.
L’Afrique d’aujourd’hui n’est autre que ce que les hommes venus d’ailleurs ont voulu qu’elle soit. Elle n’est que l’œuvre des Occidentaux. C’est eux qui ont façonné un nom pour elle ainsi qu’à tout ce qui peut permettre de l’identifier.
Des indépendances peu significatives
L’émerveillement des Africains aprèsle départ des colonisateurs n’a été que de courte durée. Les plus avertis parmi le peuple d’Afrique se sont vite rendu compte de la métamorphose dans la méthode d’exploitation du continent. Tous les peuples ont été renommés.Des frontières artificielles ont été tracées entre les peuples qui vivaient ensemble en harmonie. Les fleuves, les lacs, les montagnes, les langues, les royaumes, les communautés, les noms de famille ont tous été changés.
L’occidentalisation de la vie des Africains, qui est autant décriée de nos jours, n’est autre que la réussite du combat de l’ex-colonisateur.
Nous comprenons donc que le départ des colonisateurs n’a constitué que le début d’une nouvelle forme demainmise de l’Europe sur l’Afrique. Certes, le continent a été remis à ses fils, mais l’Occidenta toujours la possibilité de le manipuler depuis l’extérieur selon son bon vouloir.
L’assimilation est complète
La culture occidentales’est bien implantée sur le continent. Les oppresseurs sont certes partis, mais ils n’ont pas emporté leurs cultures. Ils ont toutformaté. Ils n’ont rien laissé dans la conscience des Africains qui puisse leur permettre de se reconstruire assez aisément. Tout ce qui permet d’identifier une culture ou une communauté a été effacé. Ils ont tout pris et toutemporté. Tout ce que nous avons aujourd’hui comme culture, savoir théorique, savoir pratique, savoir-être sont occidental. Il n’y a rien d’africain en Afrique.
Le système de gouvernance et d’enseignement que nous avons dans nos paysest un exemple parfait pour montrer queles Occidentaux ont jusqu’à présent la mainmise sur le continent.L’occident est la référence sur tous les sujets.C’est la preuve que l’ex-colonisateur poursuit ses actions de formatage. Les fils du continent ont quasiment perdu toute leur identité.
Les conclusions du Sommet des chefs d’État des pays du G5 Sahel en février 2021 confirment bien que lesAfricains ne sont que des marionnettes entre les mains des anciens colonisateurs.
L’Occidentalisation est devenue une norme. Tout ce que les Européens font chez eux est à imiter en Afrique. Les décisions qui concernent le vieux continent sont prises par l’ex-colonisateur. La présence des forces étrangères sur les côtes africaines, dans les points stratégiques, est également une preuve.
Peut-on se développer dansune telle situation ?
Non. Aucun peuple ne peut occuper une place dans le concert des nations sans avoir entre ses mains sa destinée. Le rejet de la culture européenne et ses valeurs estune condition sine qua nonpour lesAfricains de se faire une place dans le monde. Il pourrait être l’ultime solution aux maux dont souffrent les peuples africains.
L’acte paraît simple en-soi, mais difficile à accomplir. N’importe quel leader ne peut pas le réaliser. Ce rejet demande un autre type d’homme africain. Un homme qui n’a rien à voir avec l’Africain actuel. Ce nouvel Africain est celuicapablederésister aux Européens.
Il est connu de tous que l’ex-colonisateur possède une haine viscérale contre les leaders intelligents de son ancien fief. Il l’a montré à chaque fois qu’il a senti la découverte de sa politique par certainsd’entre eux. La récente descente sur la Lybie confirme bien cet aspect. À l’unanimité, les anciens colons se sont dressés sur le chemin deMouammar Kadhafi.La France semble être leur soutien ultime.L’ONU qui, en principe, est une organisation qui œuvre pour la paix entre les peuples, l’égalité des hommes, l’indépendance des États n’a quasiment rien fait pour éviter que la Lybie ne soit pas détruite par Sarkozy.
Se passer de l’Occident pour prospérer
Certains pourraient trouverl’hypothèse que nous allons avancer comme surréaliste, mais c’est tout à fait le contraire. Les Africains peuvent faire développer leur continent sans avoir besoin du soutien des Occidentaux. Les Japonais l’ont prouvé chez eux. L’attitude qu’ils ont adoptée pour se mettre sur pied après les bombardements des Américains sur Hiroshima et Nagasaki le prouve à suffisance. La situation dans laquelle se trouve l’Afrique aujourd’hui, les peuples japonais et chinois étaient dans la même situation pendant un moment de leur histoire.
L’état actuel de la Chine peut bien servir d’exemple pour les habitants du vieux continent. Ce pays autrefois divisé, soumis aux autres peuples,a montré au monde qu’avec détermination, tout peuple peut se défaire des chaînes de l’exploitation et se prendre en charge.
LesChinois doivent être une référence pour les Africains. Àl’instar des Chinois, les Africains doivent se dresser comme un seul homme pour faire face à leurs oppresseurs. Ils doivent élaborer des visons qui prennent en compte leur propre aspiration. C’est ce qui permettra à ce continent d’avoir une place dans le monde.
L’exemple de la Corée du Nord en est également une illustration parfaite. Elle a su faire face aux oppresseurs et se frayer une place parmi les nations respectées.
Un combat qui demande du sacrifice
Le rejet des valeurs occidentales demande un sacrifice de la part des peuples d’Afrique. Ce combat peut être plus dur que celui mené par les Algériens lors del’accession à l’indépendance. Ce combat serait plus dur que la lutte menée par Nelson Mandela et ses compagnons pour mettre fin à l’apartheid. Pour que ce combat soit effectif, il est nécessaire que lesAfricains forment un bloc uni.
La liquidation de certains leadersde ce combat de libération pourrait en résulter comme on a coutume d’en assister en Afrique. La disparition brutale de certains pères de l’indépendance dansdes pays africains en est un exemple. Tout compte fait, l’Africain d’aujourd’hui est comme « l’homme » que le philosophe allemand Nietzsche décrit dans son livre magistral « Ainsi parlait Zarathoustra ». Il doit être un pont pour une nouvelle génération.
Mikailou CISSE
Les opinions avancées dans ce texte ne constituent nullement la position de Phileingora
Source : phileingora