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Eliane Luthi, Chef de la Communication de l’UNICEF au Mali, au sujet des violences contre les enfants au Mali : « Au premier semestre 2019, deux fois plus d’enfants (154) ont été tués que sur l’ensemble de l’année 2018 (77) »

 La semaine dernière, le monde a commémoré le 30e anniversaire de l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant. A cette occasion, nous nous sommes entretenus avec la chef de la communication de l’UNICEF au Mali, Éliane Luthi sur la situation des droits des enfants au Mali. Voici l’interview :

 

Le Pays : La rentrée scolaire 2019-2020 est effective il y a plus d’un mois au Mali, quelle est la situation des écoles dans les régions du Nord et du centre ?

Eliane Luthi : Les premières analyses faites par le Cluster Éducation sur la situation de la rentrée scolaire 2019-2020 montrent que 1051 écoles sont actuellement fermées pour des raisons d’insécurité. Il s’agit donc d’une détérioration par rapport à la fin de l’année scolaire 2018-2019, où 920 écoles étaient fermées. Les régions de Tombouctou, Taoudéni et Mopti sont les plus frappées par cette détérioration. La situation reste très fluide et complexe : plusieurs écoles qui étaient fermées l’année dernière ont heureusement pu rouvrir leurs portes, alors que d’autres écoles qui n’étaient pas touchées avant sont désormais fermées. Dans ce contexte, il est nécessaire de comprendre les causes précises de la fermeture de chaque école et adapter l’offre éducative en fonction des besoins de chaque communauté.

Pourriez-vous nous dire ce que fait l’UNICEF pour les enfants de ces localités où la menace terroriste constitue un handicap pour l’éducation ?

L’objectif à long terme est d’assurer que chaque enfant au Mali ait une école de qualité avec un enseignant bien formé à proximité de son domicile. En attendant, nous travaillons avec les partenaires du Cluster de l’éducation et le Ministère de l’Éducation pour assurer l’apprentissage ininterrompu des enfants affectés à travers des mécanismes temporaires et innovants tels que des centres d’apprentissage communautaires, l’apprentissage par audio interactif et des innovations pédagogiques telles que la formation des enseignants par tablettes. Nous distribuons également des kits scolaires pour répondre au manque de matériel.

Je tiens à rappeler que l’éducation n’est pas un privilège, c’est un droit garanti dans la Convention relative aux droits de l’enfant, que le Mali a ratifiée en 1990. L’éducation est aussi protégée par la Constitution du Mali.

En août 2019, l’UNICEF avait tiré la sonnette d’alarme sur l’augmentation des violences commises sur les enfants ; cela a-t-il eu des échos sur le phénomène ?

En effet, l’UNICEF et les partenaires de la protection de l’enfance sont profondément préoccupés par l’augmentation des graves violations contre les enfants au Mali. Les enfants sont devenus les premières victimes de la montée en flèche de la violence au Mali. Au premier semestre 2019, deux fois plus d’enfants (154) ont été tués que sur l’ensemble de l’année 2018 (77). Le nombre d’enfants blessés a également considérablement augmenté. Nous avons donc lancé un appel à toutes les parties à cesser toutes les attaques contre les enfants et à prendre toutes les mesures nécessaires pour les protéger contre toutes formes de violence.

Nous sommes encouragés par les efforts récents menés pour négocier des efforts de paix à Mopti. Néanmoins, les actions doivent être accélérées sur le terrain, mais également au niveau des cadres juridiques. Nous soulevons régulièrement nos préoccupations auprès du gouvernement et plaidons en faveur d’une protection accrue des enfants touchés par le conflit, en particulier pour la révision de l’adoption d’un Code de protection de l’enfance qui tienne compte des questions des enfants touchés par le conflit.

Sur le plan sanitaire, votre organisation publiait un article dans ce mois de novembre sur la mortalité enfantine : “1 nouveau-né sur 30 ne survit pas son premier mois de vie”. Une innovation semble en cours pour changer la tendance. Pourriez-vous nous en dire plus ?

En effet, le Mali a l’un des taux de mortalité néonatale les plus élevés au monde. Beaucoup d’enfants qui meurent dans leur premier mois de vie meurent de causes parfaitement évitables et traitables, et pourraient être sauvés si les gestes qui sauvent étaient mieux connus et pratiqués. Grâce à l’appui du Fonds français MUSKOKA, nous pouvons désormais former le personnel sanitaire, y compris les matrones, des districts les plus touchés à travers des tablettes contenant des modules de formation sur les soins obstétricaux et néonataux d’urgence. Cela permet une formation continue directement dans les centres de santé et les premiers résultats sont très encourageants.

Votre dernier mot. 

Nous venons de commémorer le 30e anniversaire de l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant. C’est le premier texte international qui reconnait explicitement les enfants en tant que porteurs de droits. En la ratifiant en 1990, le Mali s’est engagé à respecter et à défendre les droits énoncés dans la Convention. C’est donc le moment de renouveler les engagements en faveur des enfants en prenant des mesures concrètes pour atteindre notre objectif commun : l’objectif d’un Mali où chaque enfant est enregistré à la naissance, vacciné, bien nutri, éduqué, et protégé contre toutes formes de violence.

Propos recueillis par

Fousseni TOGOLA

Source : LE PAYS

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