Le collège électoral est convoqué pour le dimanche 29 mars 2020, sur toute l’étendue du territoire national, à l’effet de procéder à l’élection des députés (147 députés) à l’Assemblée nationale. Ces élections législatives se feront sur la base des anciennes circonscriptions électorales.
Cependant, les uns et les autres se posent encore la question sur la possibilité d’organiser ces dites élections. Surtout que, les enfants chouchous de la république, la coordination des mouvements de l’Azaouad (CMA) n’a pas encore donné son quitus.
Les maliens ont encore en tête la calamiteuse élection présidentielle, entachée de beaucoup d’incidents : enlèvement de matériel électoral par des hommes armés, destruction de matériel électoral et de bureaux de vote, des populations privées de leur droit de vote pour raison d’insécurité, des agents électoraux prisent en otage avant d’être libérés, certains tués. L’affluence n’était pas au rendez-vous dans bon nombre de centres et de bureaux de vote du pays. Les raisons évoquées sont relatives au problème sécuritaire.
A l’approche des échéances déterminantes, les citoyens s’interrogent encore sur l’utilité des élections, la nécessité d’aller voter, se demandant « à quoi servent les élections dont les résultats sont connus d’avance ? »
La République fonctionnant selon le principe du gouvernement représentatif, la fonction première des élections est de permettre aux citoyens de choisir leurs gouvernants, qui doivent conduire leur destinée et leurs représentants, qui rédigeront et voteront la loi en leur nom au Parlement. En effet, la possibilité pour les citoyens de pouvoir régulièrement exprimer une alternance ou, au contraire, de donner un nouveau mandat, évite que les désaccords politiques majeurs ne trouvent un autre terrain d’expression (la rue) et d’autres modalités (la violence), comme c’est souvent le cas dans le continent.
L’élection peut aussi permettre de régler une crise. Lorsqu’un débat extrêmement important divise les citoyens, le recours au suffrage universel peut permettre de trouver une solution.
Concernant le Mali, organiser les élections censées permettre aux peuples de choisir librement leurs dirigeants dans les différentes institutions est devenu quasiment un jeu d’enfants. Pendant que sous d’autres cieux, le rapport entre candidat et électeur a pour objet un cahier de charges à remplir par celui qui vient solliciter le suffrage et sensé conduire au bien-être du plus grand nombre, au Mali et dans la plupart des pays du continent, les jeux sont joués d’avance. Le parti au pouvoir s’arrange toujours pour faire évoluer les choses en faveur de l’élection de son favori. Dès lors que les jeux sont joués d’avance, à quoi servent alors réellement les simulacres d’élections ?
Une « élection démocratique » est le fait pour un peuple donné de se choisir librement et sans aucune contrainte, à un moment donné de l’histoire de son pays ses propres dirigeants sensés exécuter un programme convenu au préalable, et ce, en vue de son bien-être. Il ne souffre alors d’aucun doute que le pouvoir qu’exercent les hommes politiques issus des urnes a pour objectif principal l’amélioration du vécu quotidien des citoyens, l’amélioration des conditions de vie et d’existence dans le pays, la protection de l’intégrité territoriale et la défense des intérêts nationaux dans le concert des nations. Tel devrait être la nature du contrat liant les différents hommes politiques à leurs peuples respectifs. Et la survie ou la validité de tels contrats tient ni plus ni moins qu’à l’entière exécution de cette espèce de cahier de charges liant l’électeur à l’élu. Cette stratification de rapports socio-politiques fait que les candidats à l’élection s’engagent à être au fait au service de leurs peuples qui agissent en véritable souverain. Le pouvoir détenu par les hommes politiques est donc l’émanation de ceux-ci ; et à leur niveau, ils l’exercent par procuration.
Cette relation ou ce type de contrat n’est valable que si chacune des parties respecte et exécute scrupuleusement sa part de responsabilité ; ce qui malheureusement ne semble pas être au Mali (rien qu’à voir l’écart entre les promesses électorales et les réalisations pendant le temps du règne et d’exercice de l’imperium tant convoité et pour lequel beaucoup de candidats sont prêts à vendre leurs âmes au Diable). A cette imposture viennent s’ajouter tous les engagements avec les milieux des esprits : entendez par là les marabouts, les sorciers et autres petits féticheurs du quartier, au point que tout le monde se fait poli, docile et candide ; mêmes les loups se couvrent de la peau d’agneaux pour la circonstance. Mais après la publication de résultats des urnes, on assiste à une espèce de transformation quasi mystique de tous ces agneaux : l’arrogance, le mépris, l’ingratitude, le mensonge, l’insouciance, les rapines, etc… La vraie nature revient jusqu’au prochain scrutin. C’est un peu ça le vilain jeu appelé à tort « élection » au Mali, mais qui en réalité est un vrai marché de dupe.
A cause de peu d’exigences des citoyens et l’absence de la culture politique, les politiciens véreux abusent toujours du peuple ; raison pour laquelle la classe politique malienne devient davantage plus riche pendant que le peuple, lui, continue à tirer le Diable par la queue. Telle est quasiment l’état des lieux de la situation politique du Mali ou encore la nature de rapports entre la classe politique et le peuple.
Cependant, en dépit de ces turpitudes, le vote reste malgré tout un droit imprescriptible des individus dans une république, droit sans lequel ils cessent d’être citoyens. Le droit de vote est la base de la démocratie. Il permet aux citoyens d’exprimer leur volonté ; ils peuvent ainsi élire leurs représentants (parlementaires) et leurs gouvernants (président de la République), et participer directement à la prise de décision politique lorsqu’un texte est présenté à leur approbation par la voie du référendum. Cela dit, quelque soit les résultats d’un vote, il ne reste pas moins un acte citoyen et/ou un devoir civique. DONC VOTEZ, VOTONS !!!
Mahamadou YATTARA
Source: Infosept