La semaine dernière, le ministre de l’Administration et des Collectivités territoriales, le Lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga a divulgué le chronogramme des élections générales au Mali. Et la question qui se pose ce calendrier est-il tenable ?
Au regard des bruits qui ont suscité ces derniers temps, tant sur le plan national et international concernant l’élaboration d’un calendrier électoral définitif, les autorités de la transition ont pris le contre-pied en dévoilant la semaine dernière le chronogramme des élections générales (le référendum, législatives et la présidentielle) qui mettra fin à la transition de 18 mois.
Avec cette situation d’insécurité inédite qui prévaut dans le pays, la cacophonie politique qui règne dans le pays et le retard dans le toilettage du fichier électoral et sans oublier que 75 % du territoire qui échappe au contrôle de l’Etat central. On se demande si ce chronogramme est tenable? Déjà des voix se lèvent pour dire qu’elles attendent un second chronogramme car le premier est impossible à tenir.
Pour Dr. Ibrahima Sangho, président de l’Observatoire pour les Elections et la bonne gouvernance au Mali, « ce chronogramme viole la loi électorale ». Selon lui, « si on regarde la loi, du 1er octobre au 31 décembre se déroule la révision ordinaire des listes électorales, c’est-à-dire mettre sur la liste électorale les noms de ceux qui ont l’âge de voter et radier ceux qui sont décédés en prévision des élections présidentielle et législatives. Pourtant, le gouvernement propose des élections dans la même période d’octobre et de décembre ».
Selon ses dires, « ce qui est mieux à faire, est de se concentrer sur la révision ordinaire des listes électorales du 1er octobre au 31 décembre 2021 et de programmer le referendum en janvier de l’année prochaine, les élections législatives en février de la même année et la présidentielle en mars 2022 et de laisser cette affaire de couplage. Car le Mali n’a jamais fait de couplage des élections à grandeur nature sur l’ensemble du territoire excepté en 2009 à Bougouni où c’était des élections partielles », dit-il.
Si on devrait organiser des élections en 2021 comme c’était dit dans le chronogramme dévoilé par le gouvernement, Dr. Sangho affirme qu’il devrait y avoir un fichier électoral propre en amont alors qu’on sait qu’il n’y a pas ce fichier propre à cause de la grève des administrateurs civils. Le président de l’Observatoire conclut qu’aujourd’hui, « il n’y a pas de fichier électoral propre au Mali, et même si on doit faire une révision exceptionnelle des listes, cela doit prendre au moins trois mois », explique-il alors que ce qui est proposé par le gouvernement est de 15 jours ajoute-t-il.
La plus grande erreur du chronogramme, selon Dr. Ibrahima Sangho, est le fait d’organiser les élections des Conseillers communaux, des Conseillers de Cercles et des Conseillers régionaux le même jour.
Ousmane Mahamane
(Stagiaire)
Source : Mali Tribune