es électeurs maliens auraient-ils, à nouveau, accepté de se faire traiter par des politiciens malhonnêtes comme de « pauvres chiens affamés » à qui l’on peut, à tout moment, jeter des os pour ensuite s’en servir selon son vouloir ? Le scrutin présidentiel du 29 juillet 2018, aura été l’une des fêtes démocratiques les plus honteuses de notre vie de nation tant la fraude et l’achat de conscience d’une bonne frange de l’électorat, furent phénoménaux.
La maxime populaire selon laquelle, « Tout peuple mérite son dirigeant ou chaque dirigeant est à l’image de son peuple », se confirme nettement dans le cas malien. Sinon, comment comprendre que des électeurs qui, après avoir, durant tout un quinquennat, vociféré dans tous les sens contre un régime en y revendiquant, avec bec et ongles, de meilleures conditions de vie, puissent encore accepter sans hésitation, de troquer leur conscience contre des miettes en cherchant même à se prostituer au plus offrant ?
Par ailleurs, comment, des hommes politiques se disant « honorables » et « intègres » et qui, après avoir abondamment vanté les « mérites éthiques, politiques et institutionnels » d’un régime tout en y défendant farouchement le bilan quinquennal, se voient décidément obligés de créer les conditions optimales d’une fraude électorale massive et d’achats de conscience sans vergogne ? Aussi, comment, des opposants et adversaires du pouvoir en place, se disant « crédibles » et « présidentiables », se voient également obligés d’utiliser, à tout prix, les mêmes procédés illégaux (achats de conscience massifs) à l’intention d’électeurs vénaux, pour n’accéder qu’à la fonction suprême ?
C’est donc spécifiquement, à ces trois niveaux (Pouvoir, Opposition et Electorat), que résident toute l’immaturité d’un peuple ainsi que l’indignité caractérisée d’une classe politique, d’où, la honte abyssale d’un scrutin présidentiel. Jamais, une journée électorale au Mali, n’a été autant argentivore ; jamais, l’électorat malien ne s’est autant prostitué aux hommes politiques et jamais, l’image du Mali n’a été aussi mal vendue à l’extérieur tant l’élection présidentiel du 29 juillet 2018 fut entachée de triches de tous genres.
Tout avait manifestement commencé avec la protubérance de soutiens opportunistes, tant à la réélection d’IBK qu’à l’avènement de l’Opposition au pouvoir jusqu’au jour même du vote où des masses électrices se sont faites acheter par des partis politiques en compétition, en particulier, ceux parmi les grands favoris du scrutin. Pis, de nombreux groupes d’électeurs, notamment féminins, ont ouvertement menacé de ne voter aucun candidat tant qu’elles n’auront pas reçu de l’argent. Cela, à Bamako comme l’intérieur du pays, surtout dans la région de Kayes où l’achat de conscience par le parti présidentiel (RPM), fut phénoménal. Quelle franche et réelle légitimité pour le candidat qui sera élu ?
Il est 9h et M.D ne cessait de roder dans les parages du bureau de vote d’une école de la commune I. A la question si elle a voté, elle nous rétorqua sans gène qu’elle attend le petit soir, car c’est le moment attendu pour avoir de l’’argent afin de voter. Et lorsque vers 17h nous sommes retournés dans le même bureau vote, elle confirma alors qu’elle a voté sous échange d’un billet de ‘’Tais-toi’’, pour utiliser son expression. Tout comme MD, Aliou aussi a voté pour 5 000 fcfa. Il ne s’est pas contenté de son petit billet de 5000 fcfa, il est allé chercher d’autres personnes aussi pour la circonstance. Ce qui lui a permis de se faire un peu moins de 50 000 fcfa pendant la journée du vote. Plus loin de la commune I en commune II, un monsieur bien mis dans son bazin était à coté d’une école, prêt à donner des billets de 5 000 f pour le vote de son candidat. Le votant avait 2500 avant d’entrer dans le bureau de vote et l’autre moitié était conditionnée à une photo de son candidat.
La Rédaction
La Sirène