À moins d’un mois de l’élection du Bureau de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), la tension est perceptible et certaines de ses manifestations jurent avec le fair-play, mais, plus grave, représentent une menace pour la paix et la stabilité nationale vers lesquelles tous les efforts convergent depuis la crise multidimensionnelle de 2012.
Lors d’élections ailleurs, l’on s’est doté d’un Code de bonne conduite qui a été tant bien que mal respecté par les acteurs en compétition. Le football, le sport roi, est le domaine par excellence où les membres devraient s’en donner et surtout l’appliquer rigoureusement au nom du fair-play. Cette question se pose avec beaucoup plus d’acuité au fur et à mesure qu’approche l’élection du Bureau de la FEMAFOOF qui devrait mettre aux prises deux connaisseurs du Ballon rond : Bavieux TOURE et Sahala BABY. Le président sortant, Boubacar Baba DIARRA, privilégiant l’intérêt supérieur du football, n’est pas candidat à sa propre succession.
Le besoin de fair-play repose justement sur des dérives naissantes mettant en opposition ressortissants du Nord et ceux du Sud. Il est connu, le premier adversaire du racisme sur et en dehors des stades, pour des motivations liées au football est la FIFA. La FEMAFOOT, étant membre à part entière de la FIFA, est tenue de combattre toute discrimination fondée sur l’origine sociale ou géographique, la couleur de la peau… Elle n’a pas le choix, si tant est qu’elle entende rester membre de l’instance fédérale internationale.
Les considérations basées sur l’origine n’ont aucune place dans le sport roi, ni au Mali ni ailleurs. D’ailleurs, selon nos sources, la majorité des membres qui composent la liste de Sahala BABY, celui qui passe pour le candidat à abattre, en raison du fait qu’il est ressortissant du Nord, sont des Bamakois. Preuve que lui-même privilégie les considérations électoralistes par rapport à celles régionalistes ; qu’il a compris que toutes les voix possibles sont les bienvenues pour remporter l’élection du 8 octobre prochain.
De l’autre côté, son adversaire, Bavieux TOURE, n’a jamais déclaré qu’il cracherait sur les voix des Ligues du Nord.
Il est d’autant plus périlleux de créer des clivages régionalistes que notre pays reste toujours fragile et qu’il faut plutôt le renforcer que de chercher à le déstabiliser. En effet, on le sait, le football, de tout temps, déchaîne les passions. C’est pourquoi le facteur le plus rassembleur de la jeunesse malienne ne doit pas être celui qui la divise.
Nul ne saurait jamais prédire la portée d’un déchaînement provoqué par des considérations footballistiques. D’où, une nécessaire prudence, faire en sorte que le football ne recouvre pas une plaie à peine cicatrisée. Comme on le dit, il ne faut pas jeter de l’alcool à brûler sur des plaies pas cautérisées. Le Mali est convalescent ; il n’est pas guéri.
Au demeurant, une élection reste une élection où des candidats s’affrontent pour un combat loyal, à la régulière. C’est le meilleur qui gagne. Le plus important, c’est de travailler, pendant qu’il est encore temps, à être le meilleur et remporter cette élection d’octobre qui, au lieu de fragiliser le football, devrait marquer le début d’une nouvelle ère, après plusieurs années au cours desquelles on a passé le plus clair du temps à s’écharper et à se tirer dans les pattes. L’idéal serait que, quel qu’en soit le vainqueur du vote, que le vrai vainqueur soit le sport roi ; que le perdant félicite le vainqueur et qu’ensemble on continue à servir la cause du football. Cela, a priori, n’est pas au-dessus des forces des acteurs du football malien.
In fine, pour ce qui est du Gouvernement, sa neutralité s’impose en raison des dispositions de la FIFA qui interdisent toute ingérence. Ceci expliquant cela, le président de la Commission de suivi du Protocole d’entente, Abdel Karim KONATE, a préféré céder le pas au président de la Commission de dépouillement, estimant que sa mission est terminée. Il l’a fait savoir au cours d’une rencontre où il a révélé avoir reçu les deux camps, mais n’avoir de préférence pour aucun, parce qu’il a des amis de longue date dans l’un comme dans l’autre.
Par Bertin DAKOUO
Source: info-matin.