Encore de la boutade de la part de Soumaila CISSE. Pour le chemin de la paix, de la réconciliation nationale, le chef de file de l’opposition pense que la Côte d’Ivoire ‘’peut et doit servir de source d’inspiration pour le Mali’’. Et pourtant, dans ce pays, il se passe difficilement de mois sans crépitement des armes. Peut-on alors dire que la crise politique de ce pays est désormais derrière pour que le Mali voisin aille s’inspirer de cette expérience ?
Le président de l’URD, Soumaila CISSE, était, la semaine dernière l’un des invités vedettes du 3e congrès ordinaire du parti Rassemblement des républicains (RDR) de la Côte d’Ivoire tenu à Abidjan du 9 au 10 septembre. Comme attendu à cette tribune, Soumaila CISSE s’est adressé aux congressistes tout en flattant la Côte d’Ivoire comme un pays de modèle de réussite en Afrique. Aussi, dans son speech, le président de l’URD n’est pas resté indifférent à la crise que son pays, le Mali, est en train de traverser.
« Aujourd’hui encore le Mali cherche le chemin de la paix et de la réconciliation nationale, le chemin de la stabilité et de l’émergence.
La Côte d’Ivoire peut et doit nous servir de source d’inspiration et d’espérance », a-t-il martelé devant les invités de ce congrès. Discours politique ou réelle conviction du chef de file de l’opposition malienne ? Oui dans certains domaines, ce pays est enviable pour ses voisins comme le Mali.
De là à croire que le Mali peut trouver une source d’inspiration en Côte d’Ivoire en matière de résolution de crise, il y a lieu de douter de cette proposition de notre chef de file de l’opposition certainement emporté par l’accueil amical à lui réserver Soumaïla CISSE a vite perdu de logique d’analyse. Et pour cause ? Le RDR n’est pas la Côte d’Ivoire. Si ce parti présidentiel a réussi une certaine mue au cours de ses années de gestion du pouvoir par son président, il y a lieu de reconnaitre que la crise politique dans ce pays est loin d’être définitivement résolue.
Les mutineries dans certaines casernes ou localités de ce pays prouvent à suffisance qu’il y a encore du pain sur la planche chez ce voisin qui ne saurait être une inspiration pour le Mali en cette matière. Tout comme le RDR ne résume pas la Côte d’Ivoire, la Côte d’Ivoire n’est pas également le Mali.
La Côte d’Ivoire fait face à une crise politique alors que le Mali gère une crise multidimensionnelle. Comparer ou confondre ces deux éléments est une erreur fatale de la part du chef de file de l’opposition de notre pays et aussi synonyme de défaut de mémoire.
En effet, il est à reconnaitre que le Mali, dans la résolution de sa crise, quoique multidimensionnelle (politique, sécuritaire, sociale et économique), a réussi à se faire du chemin à la grande surprise de beaucoup d’analystes. Depuis la signature de l’Accord pour la paix, en 2015, entre le gouvernement et les groupes armés, un seul coup de feu n’a été tiré entre ces deux protagonistes (mouvements armés et forces régulières). Cela est une avancée à l’actif des Maliens et qui mérite d’être encouragée.
Pour d’autres volets, des efforts sont en cours pour aller à une paix définitive. Or, une bonne observation de la scène politique ivoirienne permet de comprendre que la Côte d’Ivoire n’est pas un cas de réussite de résolution de crise comme est en train de le faire croire le président de l’URD, Soumaila CISSE.
Si la Côte d’Ivoire est vue par Soumi Champion comme une source d’inspiration, en matière de paix et de résolution de crise, il n’en demeure pas moins que les dernières évolutions de la situation socio-politique de ce pays prouvent qu’elle a encore des efforts à fournir dans le cadre de sa stabilité.
Par Sikou BAH