La tentative de révolution tranquille demeure largement méconnue du grand public. Pourtant si elle aboutissait, elle amènerait un bond en avant dans la gouvernance de l’Organisation des nations unies. Le mandat de l’actuel secrétaire général de l’ONU prendra fin en 2016. Pour certains, lors des élections qui surviendront, la communauté internationale disposera d’une occasion historique pour améliorer le processus de sélection du patron de l’ONU. Le paradoxe est en effet indiscutable : alors que l’Organisation s’est considérablement développée et que ses responsabilités se sont largement accrues au cours des 70 dernières années, le processus de sélection de son dirigeant reste défini par des pratiques coutumières informelles.
Pour les initiateurs de la campagne mondiale « 1 pour 7 milliards », l’ONU n’a pratiquement pas de règles publiques établies ou de critères formels pour la sélection du Secrétaire général. La Charte de l’ONU de 1945 et une résolution adoptée l’année suivante par l’Assemblée générale de l’Organisation continuent de fournir les seules dispositions formelles et très larges relatives au processus de nomination du secrétaire général. Les gouvernements proposent leurs candidats, puis le Conseil de sécurité s’accorde à designer un candidat final généralement à l’issue d’une négociation secrète entre les cinq membres permanents du Conseil sous réserve de leur droit de veto individuel. L’Assemblée générale confirme alors le candidat final par un vote majoritaire.
Au cours des 20 dernières années, insistent les concepteurs de la campagne, une grande majorité des gouvernements a convenu que le processus actuel est inadapté pour choisir le meilleur candidat possible chargé de diriger l’ONU. Sept milliards de personnes dans le monde sont touchées par les décisions que ce dernier prend. Malgré cela, le Secrétaire général est choisi en secret par seulement cinq pays dans un processus relativement opaque. N’interviennent pas les procédures classiques que constituent par exemple la description du poste, ou encore l’examen public des candidats. La « liste courte » établie par le Conseil de sécurité se réduit à un seul nom au terme d’accords conclus en coulisses et aucune femme n’a jamais occupé ce poste. C’est pourquoi l’ONU a révisé certains critères dans le recrutement. A cet effet, des dispositions visant à réformer le processus de sélection ont été présentés à plusieurs reprises et soutenues par la majorité des membres de l’Assemblée générale.
Mais les réformes ne sont jamais intervenues à cause essentiellement du manque de temps accordé à leur examen en amont des nominations. Les prochaines nominations en 2016 offrent donc aux membres de l’ONU pour changer les choses C’est ce que pensent en tous les cas les initiateurs de la campagne mondiale « 1 pour 7 milliards » qui affirment vouloir trouver le meilleur dirigeant de l’ONU. A cet effet, les acteurs de la société civile se sont engagés. La campagne qui a démarré en mars dernier prendra fin en septembre 2016. Elle a été lancée dans notre pays le jeudi 3 septembre dernier en faveur d’une conférence de presse animée par la présidente du réseau Musonet, Mme Doumbia Mama Koité.
Pour cette dernière, si la campagne aboutissait, les procédures pour élire le patron de l’Onu seront révisées. Serait instauré un processus de sélection plus ouvert et plus inclusif, engageant tous les Etats membres. Ce qui, de l’avis de la conférencière, pourrait donner au futur secrétaire général un mandat plus fort. Raison pour laquelle la présidente de Musonet a invité les uns et les autres à rejoindre la campagne. Elle a souligné qU’au tournant actuellement atteint « le changement est à la fois réalisable et indispensable pour la crédibilité de l’organisation et sa capacité à relever les défis auxquels nous sommes confrontés ». Le vote est possible à l’adresse www.1for7billion.org/french.
M. A. TRAORÉ
source : L’ Essor