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Entrepôts Maliens au Sénégal : chronique d’une gestion bancale

Que se passe-t-il avec les Entrepôts Maliens au Sénégal (EMASE) ? Voilà une question que l’on devrait se poser sérieusement au regard du dernier rapport du Bureau du Vérificateur Général (BVG). Après une vérification financière en 2020, des recommandations avaient été émises pour corriger les dysfonctionnements constatés. Quatre ans plus tard, le bilan est sans appel : seulement 36,4 % des recommandations ont été appliquées. Pendant ce temps, le Mali continue de dépendre des infrastructures portuaires sénégalaises pour acheminer ses marchandises essentielles.

Des chiffres impressionnants… sur le papier

Bamada.net-En 2023, les EMASE ont permis le transit de plus de 11 millions de tonnes de marchandises, allant des hydrocarbures aux produits alimentaires de base comme le riz, le sucre et la farine. 59 % des importations maliennes ont transité par le Port de Dakar. Un enjeu stratégique donc. Pourtant, derrière ces chiffres impressionnants, la gestion des entrepôts laisse à désirer.

 

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On pourrait penser qu’avec plus de 10,4 milliards de FCFA de recettes générées sur trois ans, les EMASE seraient un modèle d’organisation. Mais en grattant un peu sous la surface, le rapport du BVG révèle des pratiques hasardeuses, des irrégularités comptables et des violations flagrantes des règles financières.

Quelques bons points, mais trop peu…

Soyons honnêtes, quelques progrès ont été faits. On note par exemple que les responsables des EMASE ont enfin décidé de mentionner les dates de notification sur les contrats (encore heureux !). De même, les procédures de passation des marchés publics semblent désormais respecter les seuils réglementaires.

Mais est-ce suffisant pour redresser une structure aussi stratégique ? Clairement pas. Car pendant qu’on se félicite de ces maigres avancées, les principales recommandations du BVG continuent d’être superbement ignorées.

Un effectif qui enfle, une fiscalité aux abonnés absents

Tenez, parlons du cadre organique. En 2023, un décret a fixé un effectif maximal de 61 agents pour assurer le bon fonctionnement des EMASE. Or, au dernier comptage, ils étaient 77. Cherchez l’erreur !

Autre problème, et pas des moindres : la non-perception de l’Impôt sur les Traitements et Salaires (ITS). Les responsables des EMASE continuent de ne pas prélever ni reverser cet impôt, un manque à gagner considérable pour les caisses de l’État. Comment justifier qu’une structure publique puisse impunément s’exonérer d’une obligation fiscale ?

 

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Et ce n’est pas tout. Le parking de Mbao, qui devrait générer des recettes conséquentes, fonctionne dans une opacité totale. Plutôt que d’être collectées par un comptable public, les recettes sont gérées directement par un agent des EMASE. Des caisses parallèles en gestation ? On en vient à se demander si ces irrégularités relèvent de l’incompétence ou d’un laisser-aller coupable.

Des recommandations toujours dans les tiroirs

Le BVG avait pourtant donné des pistes de redressement claires. Mais la majorité des recommandations restent lettre morte :

Les bonnes nouvelles : quelques ajustements ont été faits, notamment sur la gestion des contrats et la transparence des appels d’offres.

Les mauvaises nouvelles : toujours pas de gestion comptable rigoureuse, un effectif gonflé, une fiscalité ignorée et des finances opaques.

Dans ces conditions, comment espérer une amélioration durable ? On nous parle d’un manuel de procédures administratives en cours de révision. Soit. Mais pourquoi a-t-il fallu attendre quatre ans pour s’y atteler ?

L’heure des comptes

Il est urgent que les autorités prennent ce dossier au sérieux. La dépendance du Mali aux infrastructures portuaires sénégalaises ne permet pas d’improvisation. Une gestion efficace des EMASE est une question de souveraineté économique.

Si les recommandations du BVG ne sont pas appliquées rapidement, il faudra bien qu’un jour quelqu’un réponde de cette inertie. À qui profite réellement ce laxisme ? C’est la question à laquelle il serait temps d’apporter une réponse.

 

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Moussa Keita

 

Source: Bamada.net

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