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Éditorial : Nos mines : entre bénédictions et malédictions

Lors d’une conférence (fin des années 90) au Centre Culturel français rebaptisé Institut français, Dr. Seydou Badian Kouyaté a fait une affirmation qui a fait frémir : « S’il y avait le pétrole même en enfer, les impérialistes occidentaux ne manqueraient pas de lever des armées pour aller combattre Dieu pour s’en approprier ». C’est elle effroyable perspective qui nous nous guette aujourd’hui avec les ressources immenses dont recèle notre sous-sol, les mines notamment les richesses minières, outre les gaz dont le lithium.

Le monde entier sait que le Mali est un pays très riche en ressources minérales, mais aussi qu’il est confronté à la difficulté des structures économiques peu diversifiées, avec des bases industrielles faibles, un taux de chômage élevé et une économie tributaire des cycles des produits de base. Autant autrui ne l’ignore, autant les autorités de la Transition ont été vite conscientes de la précieuse réalité et elles en conséquence commandité un audit sérieux de nos mines. Celles-ci, parce qu’abondantes, certains disent qu’elles sont exploitables durant de longs siècles, mieux maîtrisées et mieux gérées, sont à même d’assurer notre bonheur sur la durée de leur vie. A défaut de devenir le nouvel Eldorado, le Mali deviendra quand-même un coin de paradis où l’abondance sera la chose la mieux partagée. C’est pour cette raison que le président de la Transition, Colonel Assimi Goïta, a tenu à ce qu’il soit écrit noir sur blanc dans le projet de constitution qu’il a voulu pour l’avenir du Mali que les ressources nationales appartiennent souverainement au peuple. L’audit commandité sur nos mines, dont toute l’opération a été surveillée comme du lait sur le feu par M. Alousséni Sanou, ci-devant ministre de l’Economie et des Finances, a, entre autres avantages, d’assurer à notre le bénéfice de prix davantage élevés que les miettes et broutilles que nous récoltions il y a trente ans. Un nouveau code minier, quête ancienne certes mais volonté souveraine maintenant affirmée, a été conséquemment élaboré. Il a intégré des innovations majeures, particulièrement en mettant l’accent sur le contenu local. C’est à ce titre qu’est fortement affirmé que l’ensemble des dispositions et mesures nouvelles exige des entreprises minières donnent la priorité aux communautés locales, aux entreprises nationales et aux matériaux produits localement dans l’exécution de leurs contrats.

On ne peut demander mieux quand on sait que, hier, le bradage de nos mines a été une activité criminelle florissante qui a fait de nouveaux hyper riches qui traitaient avec des acteurs étrangers qui ne souciaient guère ni de pollution de l’environnement, ni de la santé des populations, au point d’en arriver à envahir les lits de nos cours d’eau pour le grand malheur des vivants halieutiques et fauniques. Les étrangers sont ainsi les propriétaires de la quasi-totalité des permis (d’exploration ou d’exploitation) miniers qui leur ont été vendus par des Maliens inconscients et prédateurs. Mais nous ne sommes toujours pas sortis de l’auberge, ce sont malheureusement encore des Maliens, et non l’État du Mali, qui sont les actionnaires dans les sociétés minières qui ont pignon sur rue dans le monde. Celles-ci sont toutes montées par des systèmes de délits d’initiés, en raison des connaissances que détiennent les nationaux sur notre potentiel. Le cas de Randgold, pensé et conçu au Mali, puis monté ailleurs où elle n’existait pas, qui sera plus tard racheté par Barrick Gold, suffit à nous faire verser des larmes. Nous sommes toujours chancelants entre les bénédictions de posséder des mines qui suffisent à notre bonheur, et les malédictions qui nous les voient dérober par le truchement de certains de nous-mêmes. Comme non le dit, la nuit n’est pas si loin. En effet, pour bien des avertis du secteur minier et du monde des affaires, les multinationales sont désormais à nos portes, avec leurs arsenaux de destruction massive qu’elles n’hésiteront point à utiliser contre nous. Ce n’est plus un secret de polichinelle que d’affirmer que ces multinationales, impérialistes qui ne se retiennent point de lever des armées pour aller combattre Dieu afin de lui chiper  le pétrole de son enfer, sont en train d’infiltrer nombre de nos institutions, dont la plus docte qui vote les lois, le CNT pour ne pas le nommer. Mais les institutions ne sont délinquantes que parce que les hommes et les femmes qui les animent sont des desperados dressés contre les intérêts de leur propre patrie.

Amadou N’Fa Diallo

Le National

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