Vu le contexte actuel, on a envie de se demander familièrement : ” qui est donc fou pour récidiver l’acte de Sanogo ?”. La vigilance reste de mise.
De l’avis d’un PTF, bien informé de la situation politico-institutionnelle du Mali, tout peut arriver. Depuis en effet la déstabilisation du régime d’ATT en Mars 2012, l’on a assisté à une succession d’évènements incroyables. La chute des institutions, la prise du Nord, l’implantation de la charia pure et dure à Tombouctou, Gao et Kidal, la destruction de mausolées millénaires, une guerre fratricide entre bérets rouges et bérets verts, une lueur d’espoir avec l’opération Serval, puis la réalité absurde du statut de Kidal toujours hors de la souveraineté du Mali.
En résumé, dans notre pays, tout peut basculer d’un côté comme de l’autre. La question finalement n’est plus de savoir qui est responsable de ceci ou de cela, mais de rester sur ses gardes en sachant qu’à n’importe quel moment, la situation peut évoluer et de façon drastique. Indexer les autorités nouvelles qui entament un mandat difficile n’apportera rien au débat.
Signe clair d’une situation en dents de scie, les évènements de Kidal tout récemment. L’on se croyait sur une voie stabilisante avec une armée en reconstruction et nous voici à la case départ, sinon derrière les startings-blocks avec la défaite cinglante des FAMA le 21 Mai. “Aujourd’hui, confie un observateur averti, l’armée reste divisée. Elle est divisée entre les partisans nostalgiques de l’ère ATT, ceux d’Amadou Haya Sanogo qui ont été déçus par la tournure des évènements et ceux d’aujourd’hui, qui espèrent voir une armée nouvelle ». Sauf que la grande muette a subi un sérieux revers auquel s’est ajouté la démission de Boubèye puis l’arrivée d’un ancien colonel à la retraite censé lui redonner toute la rigueur qui manquait et un problème d’armements non négligeable. A tel point que des manifestants dans les rues, réclament l’aide de la Russie via Poutine, l’ennemi juré des USA.
Aujourd’hui, le Mali n’est pas sur un libre échiquie. L’incertitude de la situation politico-institutionnelle, certes en voie de restauration, ne permet pas de tabler sur des perspectives économiques fiables pour de nombreux opérateurs. Pire, le spectre d’un nouveau coup d’Etat semble hanter quelques esprits. L’arrestation d’un groupe de jeunes officiers vendredi dernier, suspectés de « tentative de déstabilisation » du pouvoir et «d’atteinte à la sureté de l’Etat » vient relancer le débat. Le Mali est-il à l’abri d’un putsch? La question parait légitime au moment où la fronde sociale se contient. Où des appels à boycotter les produits français sont lancés, quand d’autres se demandent si ce nouveau rebondissement n’est pas une diversion. Diversion ? Si conspiration il y a, tel que l’affirment les renseignements, qui est derrière cela ? Des éléments jeunes comme le lieutenant Mohamed Ouattara, si tant est qu’il soit impliqué, ne peuvent agir seuls.
Fi de toutes ces préoccupations, les autorités qui veulent calmer le jeu, en écartant la thèse du Coup d’Etat par la voie du ministre de la communication sur les ondes de Radio Klédu, ont tout intérêt à demeurer vigilantes. Car il suffit d’une seconde pour que tout bascule à nouveau…
Qu’Allah préserve notre Maliba !