29 juillet 2018 était la date retenue, celle de la tenue de l’élection présidentielle en République du Mali. L’enjeu était de taille, compte tenu des défis à relever. La présidentielle de cette année n’est à nulle autre pareille. La question n’est pas de savoir s’il faut reconduire un président afin qu’il continue une œuvre entamée ou s’il faut le sanctionner en lui trouvant un successeur. La question est de savoir qui élire pour qu’il libère la Patrie, refonde l’Etat et restitue, dans sa plénitude, la parole aux Maliennes et aux Maliens.
Il semble que cela n’ait pas été bien perçu. Nous avons, trois semaines durant, écouté les différents messages de campagne. Certes, tous les candidats ont mis l’accent sur la nécessité de restaurer la sécurité. Mais, à notre humble avis, il n’en est que deux qui ont eu un message franc à propos de la problématique du Nord : Dr Oumar Mariko et Dr Choguel Kokalla Maïga. Cependant, si la clarté du discours est manifeste chez les deux responsables politiques, le contenu du message n’est pas toujours le même.
Le candidat du parti Sadi est, sur cette problématique, on ne peut plus clair. En cas d’élection, il engagera le dialogue avec tous les Maliens concernés par la rébellion, y compris avec ceux que la Communauté internationale a voué aux gémonies sous le prétexte qu’ils se sont mis hors jeu en se versant dans le terrorisme. L’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, a déçu les attentes. Il se propose de remédier à cette déception à travers un dialogue authentiquement inclusif. Il sortira du G5 Sahel estimant qu’il n’est qu’une coquille vide dans la mesure où « 5 x 0 = 0 ».
Pour Choguel Maïga, la priorité est au rétablissement de l’autorité de l’Etat dans toute sa plénitude sur toute l’étendue du territoire national débarrassé de la présence étrangère. Cela suppose la reconstruction de l’Armée nationale afin de réussir le préalable à toute reconquête de la souveraineté nationale : l’inversion des rapports de force en faveur de l’Etat central avec le désarmement de tout groupe armé, rebelle ou milices d’autodéfense.
Hier, les Maliens ont voté. Qui sera le favori des urnes ? Des pronostics ont été émis, comme au tiercé ou au quarté : Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé « dans un mouchoir de poche », suivis de Cheick Modibo Diarra et d’Aliou Boubacar Diallo.
Les sondeurs devraient garder en mémoire que leur profession, ces dernières années, s’apparente à celle d’un marchand d’illusions. Il est arrivé, aux Etats-Unis d’Amérique, au Royaume Uni comme en France qu’ils se soient lourdement trompés.
Les électeurs d’hier se classent en deux catégories : ceux qui, en connaissance de cause, se sont acquittés de leur devoir de citoyen et ceux qui ont monnayé leurs voix contre piètres espèces craquantes. Peut être qu’au Mali, leurs prévisions se révéleront exactes.
Notre démocratie est à parfaire, ne manquera-t-on pas d’arguer en guise d’excuse. Il n’en demeure pas moins que celui qui, dans les jours à venir, sera élu président de la République, endossera une lourde responsabilité. Il devra éviter de s’inscrire dans l’histoire comme l’homme d’Etat sous le mandat duquel la partition du Mali a eu lieu.
LA REDACTION
Source: Le Sursaut