22 septembre 1960- 22 septembre 2018 ! Le Mali étrenne 58 ans d’indépendance, pour laquelle les pères fondateurs avaient la vision d’un pays culturellement, politiquement et économiquement debout sur le sentier du progrès. Notamment avec l’affirmation de notre souveraineté nationale, en corollaire avec l’établissement de relations extérieures en fonction des intérêts de notre peuple, en plus d’une réelle politique de développement économique, social et culturel à l’intérieur du pays.
Une telle politique n’est praticable sans la défense de l’intégrité territoriale, du maintien de la paix et de la sécurité nationale. C’est ainsi qu’avec une volonté politique inébranlable et avec l’aide des pays amis, le Mali a forgé une armée à hauteur de souhait en fonction des contraintes géopolitiques et économiques de l’époque.
Sous la 1ère République (de 1960 à 1968 sous l’Union soudanaise RDA avec Modiko Kéita) et la 2ème République (elle a commencé à partir 1974 avec Moussa Traoré), l’armée malienne a fait face avec succès à toutes les situations conflictuelles menaçant la sécurité nationale. Sous la 3ème République (de 1974 au 26 mars 1991), les politiques ont commis non pas une erreur, mais une faute politique grave en privilégiant la « démocratie » au détriment de la défense et de la justice. Cette politique a conduit le pays droit dans le mur. Avec, en toile de fond, une croissance sans développement, une démocratie formelle sans justice, sans valeurs morales. Un célèbre penseur disait : « Le sens moral est plus important que l’intelligence ; quand il disparait d’une nation ce sont toutes les structures qui s’écroulent ».
L’armée, la colonne vertébrale de la Nation, a été cassée moralement et ramenée qualitativement à l’image du pouvoir politique ornée aux couleurs de la corruption et de l’impunité. Du coup le Mali, ce beau riche, ce grand pays millénaire ou normalement chacun doit se sentir à l’aise, est laissé à la merci d’un groupuscule dénommé la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (CMA) qui le traine comme bon lui semble. Hélas !
La marche du pays vers le progrès, entamé après l’indépendance, verra son allure freinée par un coup d’état militaire stupide. Dès lors, le Mali se retrouve géré par des clans qui se succèdent au faîte du pouvoir. A 58 ans d’indépendance, le constat est aberrant : aucune ligne ne bouge. Aujourd’hui, l’éducation, la santé et la justice sont de grands corps malades. L’insécurité bat son plein et le pouvoir d’achat s’érode de jour en jour.
Malgré cet état de fait, on nous parle toujours de croissance macroéconomique. Encore des chiffres erronés qui n’ont rien à voir avec la réalité du pays. Le Mali actuel traverse une situation économique très controversée et très compliquée où il y a une dette intérieure qui avoisine plus de 100 milliards de FCFA, pendant que la pauvreté, un des meilleurs critères de mesure de performances économiques, est de plus en plus la chose la plus partagée dans le pays.
Face à l’incapacité notoire des hommes politiques qui ont mis leur tube digestif au-dessus de l’intérêt national, la jeunesse, en récréation permanente et sans aucun repère, sombre dans la consommation d’alcool, de cocaïne et d’autres drogues. Dans son entièreté, le peuple malien, semble-t-il, n’a pas pris l’ampleur de la gravité de la situation. Tous les peuples conscients et soucieux, à travers le monde, se lèvent pour manifester afin d’avoir une vie meilleure, sauf au Mali.
Du coup, les maux du Mali ne cessent de s’accumuler depuis qu’IBK et son clan de détourneurs de fonds public sont au pouvoir. La somme de 160 milliards devant servir à l’achat d’armement militaire a été presque détournée. C’est une surfacturation énorme qui s’abat sur les fonds du Mali devant servir à la construction de routes. Comment peut-on dépenser 500 millions pour un (1) km de goudron ? Alors que tout le monde c’est que 1 km de goudron coûte 100 millions FCFA. C’est incompréhensible de constater que c’est au Mali, l’un des pays les plus pauvres du monde où le km de goudron est l’un des plus coûteux au monde. A cette allure, c’est normal que les caisses de l’État malien résonnent vide.
Pendant que la rébellion est en train de gagner tout le pays, le peuple malien a faim. Le panier de la ménagère est tellement vide que les femmes ont désormais honte de l’amener au marché pour se contenter de menus sachets, le taux de chômage est trop élevé. Comme si cela ne suffisait pas, les libertés de presse, de manifestations et autres sont foulées au pied.
L’ampleur de la crise que vit notre cher Maliba nous interpelle tous et nous devons remplir notre devoir de vérité et de courage d’actions intelligentes et efficaces, face aux enjeux et défis de sortie de crise. Depuis des décennies, le Niger, la Mauritanie et l’Algérie se battent pour sauvegarder l’intégrité de leur territoire et la souveraineté de leurs Etats respectifs. Que faisons-nous au Mali ? Rien, absolument rien !
Le Mali traverse des moments rudes. Il appartient à chacun de ses fils de se considérer comme bâtisseur d’une nation forte, unie et solidaire car notre pays ne sera que ce que nous en ferons.
Aliou Touré
Source: Le Démocrate