Les femmes maliennes ont activement participé à l’avènement de la démocratie dans notre pays. En guise d’illustration, ce point de repère important dans la lutte pour la démocratie au Mali. Lisez !
Discours à l’occasion de la marche du 30 Décembre 1990 prononcé par Madame SY KadiatouSow, 4ème vice-président de l’ADEMA-Association :
« Camarades, Chers Amis, Chers compatriotes. Après les différents débats au sein et en dehors de l’UDPM sur la démocratie, après les prises de position de l’UNTM, du Barreau malien, après la lettre ouverte du 7 Août 1990 avec plus d’un millier de signatures sur la nécessité de l’instauration du multipartisme au Mali, après le meeting et la marche respectivement de l’ADEMA du 9 Décembre et du CNID du 10 Décembre 1990, l’ADEMA et le CNID ont organisé, aujourd’hui 30 Décembre 1990, une grande marche unitaire, exigence de tous les démocrates de notre pays.
Le peuple malien, calmement, sérieusement, montre par cette marche sa détermination à arracher son droit de militer au sein du Parti ou de l’organisation de son choix. C’est un droit, ce n’est pas une faveur. Le meeting de l’ADEMA du 9 décembre sur la Déclaration Universelle des droits de l’Homme l’a amplement démontré. C’est en violation du Droit International auquel il a adhéré que le régime malien a fait de son Parti, un Parti non seulement unique, mais aussi constitutionnel. Le moins que nous puissions exiger aujourd’hui, c’est l’abrogation de cette Constitution qui a fait le lit du Parti unique donc : du népotisme, de la corruption, de la concussion, du carriérisme tant dénoncés par le peuple malien. Cette Constitution, disons-nous, a conduit à la régression économique, politique et sociale de notre pays.
Camarades, Chers Amis, Chers Compatriotes. Cette date du 30 décembre 1990 n’a pas été choisie au hasard. Elle l’a été pour :
- Signifier à ceux qui sont au pouvoir qu’en fin d’année 90 et début 91, organisé au sein de l’ADEMA, du CNID et de toutes les organisations qui militent pour le changement politique, le peuple malien ne veut plus continuer à subir passivement son sort, mais tient à imposer sa volonté. Sa volonté ? C’est l’instauration de la démocratie pluraliste et du multipartisme intégral au Mali et dans l’immédiat ! Des rumeurs disent que le Secrétaire Général de l’UDPM, Président de la République ne veut pas agir sous la pression de la rue. Mais il ne tient qu’à lui et à lui seul de n’avoir pas à agir sous la pression. Le peuple malien, patient, lui a laissé suffisamment de temps pour agir à froid. Mais il n’a pas saisi le message. Maintenant, c’est terminé car, comme l’affirme la Déclaration du Comité de Soutien à la Lettre Ouverte : « Le destin de notre peuple ne saurait se dérouler au rythme des assises de L’UDPM et que ce peuple est désormais résolu à dénoncer et à combattre tout ce qui, jusque-là, avait été douloureusement ». La morale de l’histoire est qu’en toute chose, il convient d’agir à temps sinon, on y sera contraint par l’histoire avec plus d’efforts et de sacrifices.
- Dire que le peuple malien qui lutte pour la démocratie pluraliste, pour la liberté d’association, pour le multipartisme intégral, aborde une nouvelle phase de son évolution qui se caractérise par le rejet catégorique de l’attentisme. « Le peuple malien est assez mûr pour assumer son destin », dit très souvent le Secrétaire Général de l’UDPM. Pourquoi alors confiner ce même peuple dans le carcan d’un parti unique qui ne mobilise plus personne et dont la déconfiture est patente ? Question à laquelle le Secrétaire Général de l’UDPM ne répond pas et pour cause. Pour beaucoup de Maliens il est clair que la démocratie pluraliste est la seule capable de substituer à l’État de fait actuel, un État véritablement de droit.
Camarades, Chers Amis, Chers Compatriotes, nos exigences à l’issue de cette marche grandiose, nous clamons haut et fort pour que même les sourds entendent nos exigences dans l’immédiat.
- L’abrogation de la Constitution du 2 Juin 1974 ;
- L’affirmation solennelle du droit de chaque Malien à militer au sein du parti ou organisation de son choix ;
- La renonciation à toute tentation de consultation référendaire sur le multipartisme qui doit être intégral dans le cadre de la nouvelle Constitution. C’est au peuple et à lui seul que doit revenir le droit de choisir entre les partis par élections libres. C’est de ce droit que dépendra le maintien ou non sur la scène politique de telle ou telle organisation politique. Nous rejetons d’ores et déjà toute limitation du nombre de partis sous quelques prétextes que ce soit.
Camarades, Chers Amis, Chers Compatriotes, Vous savez qu’actuellement la plupart des peuples africains ont compris qu’il n’y a pas d’autre issue d’opérer l’ouverture démocratique pluraliste, que d’accepter le multipartisme. Notre pays, le Mali est parmi les rares États qui continuent à traîner et à tergiverser. N’est-il pas honteux pour nous, qui avions toujours été à l’avant-garde de la lutte pour le changement, d’être actuellement les « lanternes rouges » des États africains ? Ceci n’a été possible que parce que le peuple malien a laissé, jusque-là, son sort entre les mains de gens qui ne pensent qu’à leurs seuls intérêts. Disons à ceux qui nous écoutent que la passivité est révolue, que le peuple est debout, il ne se laissera plus manipuler ni intimider. En avant donc pour la conquête de la démocratie pluraliste et le multipartisme.
Bamako, le 30 Décembre 1990, Pour le Comité exécutif de l’ADEMA et du CNID ».
C’est du No comment !
Sambou Sissoko
Source: Le Démocrate