L’ouverture hier du procès de l’ex Chef de la junte militaire de 2012 a été marquée par un fait non des moindres. Le principal accusé, le Général Amadou Haya Sanogo a surpris plus d’un par la présentation qu’il a faite de sa personne à la barre ; une présentation qui aura suscité de l’ovation chez certains et de l’indignation chez d’autres dans la salle Lamissa Bengaly réquisitionnée en rescousse, le Tribunal de Sikasso jugé trop exigu pour abriter un tel événement.
« Je suis le Général de corps Amadou Aya Sanogo, originaire de Ségou et ancien Chef d’Etat du Mali», a déclaré l’auteur du coup d’état militaire ayant renversé le Président Amadou Toumani Touré le 22 mars 2012. Répondant ainsi à la sommation à lui faite par le Président du Tribunal de décliner son identité, celui qui est poursuivi pour ’’assassinat et complicité d’assassinat’’ de militaires venait ainsi de faire sensation. Pour preuve, ce sont des applaudissements nourris qui ont jailli dans une partie de la salle pas forcément acquise à la cause du putschiste mais émue par la sérénité déconcertante dont il a fait montre. Une autre partie de la salle s’est contentée de manifester son indignation vis-à-vis de cette présentation surprenante par des jurons et des murmures. C’est à peine que les réactions du public de la salle Lamissa Bengaly se sont tues que le Procureur Général a bondi pour saisir la balle au rebond : «Vous n’êtes pas ici en tant que Général. Dans l’arrêt de renvoi, vous êtes un citoyen malien et vous avez commis des crimes», a lancé Mamadou Lamine Coulibaly sans pour autant s’attendre à la promptitude dont la défense a fait preuve à son tour. «Sanogo est bien Général », telle a été la réplique administrée par l’un des Avocats en charge de la défense de celui qui aura déjà passé 3 ans de détention depuis son arrestation en novembre 2013.
C’est dans cette atmosphère du berger à la bergère que se sont déroulées les toutes premières heures de cette audience tant attendue dans le Kénèdougou ; une audience à laquelle, faut-il le souligner, le héros de 2012 de Kati, désormais réduit à zéro, est arrivé bien détendu feignant la sérénité des grands jours. Vêtu d’un costume marron, chemise blanche avec une cravate violette soigneusement nouée, le fameux Général muni d’une grande enveloppe contenant, Dieu seul sait, de quels papiers, a laissé entrevoir à son arrivée qu’il avait minutieusement tout préparé pour amuser la galerie. Ainsi lancé, ce procès qui devra reprendre le vendredi 2 décembre, augure une suite qui va tenir toutes ses promesses. C’est le moins que l’on puisse retenir de cette déclaration faite par le Procureur Général avant le début des empoignades verbales : «Le procès mettra le temps qu’il faut pour la manifestation de la vérité». Du suspens en perspective !
Katito WADADA
Source: LE COMBAT