C’est une question qui mérite d’être posée au regard des divergences de vue entre Pr Dioncouda Traoré et IBK sur la gestion de la crise qui prévaut dans les régions du centre (Ségou et Mopti).
La récente déclaration faite par l’ancien président de la transition, Pr Dioncouda Traoré et Haut représentant du président de la République pour les régions du centre de prendre langue avec les chefs terroriste amadou Kouffa et Iyad Ag Ghali, a été très mal accueillie par Koulouba. Il s’agit d’une déclaration qui contraste la position du gouvernement et celle du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita.
«Je suis prêt à travailler avec tous les Maliens et toutes les Maliennes. Nous sommes prêts à lancer une passerelle de dialogue avec tout le monde sans exclusion. J’ai envoyé des émissaires à Amadou Koufa et Iyad Ag Ghali. Le dialogue est nécessaire et indispensable. Il faut qu’on se rencontre et qu’on se parle» a dit en substance, le haut représentant du président de la République pour les régions du nord, Pr Dioncouda Traoré. C’était d’une conférence de presse, qu’il animée la semaine dernière.
Alors qu’il se trouve qu’une négociation avec les chefs terroristes n’est pas l’ordre du jour. Même si cela a été l’une des résolutions issues du dialogue national inclusif. Le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Tiébilé Dramé a précisé, lors d’une conférence de présentation des vœux à la presse, que cela n’était la position de l’Etat malien encore moins, celle des partenaires engagés auprès du Mali dans la résolution de cette crise.
Une façon diplomate pour lui de dire que les déclarations du Haut représentant du président de la République pour les régions du centre de dialoguer avec Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa, n’engage que lui seul, pas l’Etat Malien. La logique voudrait le Haut représentant du président de la République consulte son «employeur » de faire toute déclaration.
Selon des sources concordantes, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita est très mécontent de l’ancien président de la transition pour avoir pris, seul, la décision d’engager le dialogue avec les terroristes. La même source indique que la colère d’IBK contre son haut représentant pour les régions du centre, s’explique par le fait que la France et d’autres partenaires engagés au Mali dans la lutte contre le terrorisme, sont allergiques à une négociation avec les groupes terroristes qui ensanglantent le Mali et le Sahel.
IBK va-t-il mettre fin à la mission de son Haut Représentant pour incohérence ou contradiction de vue sur la gestion de la crise au centre ? La question demeure. Mais ce qui est sûr et certain, c’est que le torchon brûle entre les deux.
Rappelons que l’ancien président de la transition, Pr Dioncouda Traoré a été nommé en qualité de Haut représentant du président de la République pour le centre juin 2019 au Conseil des ministres. Mais l’opinion nationale n’a pas été suffisamment informée sur ses missions. Sa nomination a été même décriée par certains Maliens qui estiment qu’il n’est pas la personne mieux indiquée pour ramener la cohésion et le vivre ensemble dans les régions du centre minées par les attaques terroristes et les conflits intercommunautaires.
Aboubacar Berthé
Source : Le Serment du Mali