Au cours d’une audition au Sénat français, l’ambassadeur du Mali en France, Toumani Djimé Diallo, s’en est sévèrement pris aux éléments de la légion étrangère mobilisés au sein de l’opération Barkhane. Le pire: sur des rumeurs infondées.
A Bamako, les forces françaises sont impopulaires. Mais pas pour leurs tatouages, encore moins pour leurs comportements dans les rues de Bamako. C’est un secret de polichinelle, les critiques des populations contre la Force Barkhane tirent leurs origines d’une chose: le soutien supposé de Paris aux ex-rebelles et l’absence prolongée de l’armée nationale et de l’administration à Kidal.
Une réalité que semble oublier l’ancien Sécréteur général de la présidence devenu ambassadeur du Mali en Allemagne en 2016, puis en France en 2018.
Toumani Djimé s’est planté ce mercredi sur le compte des forces françaises basées au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane.
«Je n’ai pas l’habitude de la langue de bois. Je vais vous parler franchement. Dans les forces [françaises], il y a les officiers, il y a l’armée normale, mais il y a aussi la Légion étrangère. Et c’est là le problème. Je vous dis en vous regardant droit dans les yeux, que par moment, dans les ‘Pigalle’ de Bamako, vous les y retrouvez, tatoués sur tout le corps, en train de rendre une image qui n’est pas celle que nous connaissons de l’armée nationale du Mali. Alors, ça fait peur, ça intrigue et ça pose des questionnements », a accusé le diplomate malien lors d’une audition devant la commission sénatoriale des affaires étrangères.
« Le président Macron avait promis 200 militaires français de plus à Pau. C’est maintenant 600 parmi lesquels on a fait appel au 3e régiment nîmois de la Légion étrangère. Alors, c’est bien parce qu’ils sont âpres à la bataille, au combat mais ils sont aussi âpres au gain. Ce n’est pas le type de soldat […] qui, si on les encadre pas, donneraient une belle image de l’armée », a-t-il ajouté.
Dans la foulée, l’état-major de l’armée française a réagi en indiquant qu’il n’y a pas de 3ème régiment Nîmes.
Mais aussi, dément, l’état-major, les légionnaires de Barkhane ne sont pas basés à Bamako. «Les légionnaires n’ont jamais été stationnés à Bamako, ils n’ont pas vocation à y aller et n’ont ni quartier libre ni temps de repos hors des bases opérationnelles » de Barkhane, situées dans le nord du pays », a confié à l’AFP le colonel Frédéric Barbry, porte-parole de l’Armée française.
La sortie ratée de l’ancien journaliste devenu homme politique a aussi suscité une réaction négative du côté du ministère français de la Défense.
Si au Mali le gouvernement n’a pas encore officiellement réagi, le président Ibrahim Boubacar Keïta a, ces dernier jours, vivement critiqué les manifestations réclamant le départ des forces françaises. Quelle mouche a donc piqué l’ambassadeur Toumani Djimé Diallo?
Lassina NIANGALY
Source: Tjikan