Diéma, 7 août (AMAP) Le Cercle de Diéma est une zone d’élevage par excellence. Les troupeaux viennent de partout, de la Mauritanie, de Nara et divers autres horizons, pour alimenter les différentes foires hebdomadaires de Dioumara-Koussata, Fassoudébé et Torodo. Malgré toutes ces potentialités, le prix du mouton ne fléchi pas d’un iota, comme on peut le constater en cette période d’effervescence des achats d’animaux pour la fête de Tabaski.
Chaque année, à l’approche de la fête de tabaski, le prix du mouton grimpe comme une flèche à Diéma. Mais cette année, c’est pire, le prix du mouton est carrément hors de portée. Le bélier moyen est vendu à 100 000 Fcfa, « à prendre ou à laisser », vous disent certains marchands. Pour le bélier un peu plus grand, on vous demande 150 000 à 200 000 Fcfa. Avec 60 000 Fcfa en poche, aujourd’hui, à Diéma, il vous sera difficile de vous offrir un bélier, même âgé de 7 mois, répondant aux exigences du Coran en matière de moutons pour perpétuer le sacrifice d’Abraham.
A en croire certains, jamais le prix du mouton n’a atteint un tel sommet. C’est devenu une tradition à Diéma, la plupart des éleveurs n’attendent que la fête de tabaski pour vendre chers leurs animaux, qu’ils nourrissent et entretiennent pendant de longues périodes. « C’est du pur ‘Téféya’ », éructe Oumar, qui poursuit en disant que ces ‘téfé’s (personne qui vend chers des animaux, des objets et autres biens, qu’ils achètent à vils prix) doivent tenir compte de la conjoncture actuelle ».
La cherté du mouton à Diéma cette année, s’explique par deux raisons fondamentales, soutiennent les marchands. Premièrement, le coût excessif du tourteau, 25 000 Fcfa les 50 Kgs, qu’on utilise pour l’embauche. Deuxièmement, le nombre réduit de cheptel, en raison de la famine qui a décimé, l’année dernière, des milliers de têtes.
Modi, vaccinateur au Centre de santé communautaire (CSCOM) de Lakamané, rencontré sur sa moto, affirme que cette année, le prix du mouton a considérablement diminué. « Les commerçants ouolofs, a-t-il poursuivi, viennent rafler tous nos moutons pour les amener au Sénégal. Certains ne discutent même pas le prix, ils achètent comme bon leur semble », a dit Modi.
Par contre, Alassane Sidibé, du Secteur élevage, a évoqué des cas de commerçants ouolofs qui repartent, souvent, avec des camions presque vides, compte tenu de la rareté des moutons, cette année.
Mamadou résident à Gomitradougou a remis à son commissionnaire, 30000 Fcfa, avant de venir à Diéma, afin de lui trouver un bélier, pour sa famille moyenne. Et Modibo soutient que presque tous les éleveurs pratiquent l’embouche, ce qui fait qu’ils vendent chers leur troupeau. Sidy, un notable de Torodo, pense que ce sont les moutons des transhumants maures et peulhs qui sont vendus à des prix raisonnables. Sinon ceux que les femmes gardent à la maison, qu’on appelle ‘sagamonè’, sont intouchables. L’homme explique que le prix le plus bas du mouton à Torodo est fixé à 50 000 Fcfa.
Beaucoup de gens viennent de Bamako, de Nioro du Sahel et ailleurs pour acheter leur mouton de Tabaski. Par contre, d’autres préfèrent rester sur place pour faire leur commande. D’ailleurs, de cette histoire de commandes, cet homme, qui garde l’anonymat, en a par dessus la tête. Cette année, il n’a pas voulu prendre de l’argent avec ses cousins de Bamako pour acheter pour eux des moutons, puisque certains avaient commencé à douter de sa moralité.
Mohamed, un marchand maure, qui suivait ses animaux du côté du péage, est triste ce matin. Le bélier qu’il a vendu hier à quatre vingt mille francs cfa, a été volé nuitamment. Son client lui avait dit de garder l’animal parmi ses troupeaux jusqu’au lendemain. Bakary, explique que ce ne sont pas les moutons qui manquent aujourd’hui à Diéma, c’est plutôt l’argent qui ne circule pas. Tahé, chargeur d’animaux pour Dakar, parle aussi de la cherté du mouton, qui selon lui, est liée au coût élevé du tourteau. « Nos commerçants achètent la tonne de tourteau, a-t-il dit, à l’usine à Bamako, pour venir la revendre chèrement. Selon l’homme, beaucoup d’éleveurs ont arrêté d’élaguer les arbres. C’est pourquoi, le tourteau devient, de plus en plus, sollicité. Un autre de joindre sa voix : « Cette année, on risque d’égorger des moutons femelles ou des chèvres à la place des béliers ».
OB/MD (AMAP)