Bamako, 7 août (AMAP) Habituellement, en fin juin déjà, on ne trouve plus de mangues sur les marchés. Mais cette année, jusqu’en début août, l’on constate, par endroits, la présence de quelques variétés de mangues en vente. Un tour des marchés de Bamako, la capitale du Mali, en dit davantage sur cette exception.
Mama Ouattara est vendeuse de mangues aux abords du Marché de Torokorobougou, en commune V du district de Bamako. Debout devant sa marchandise, elle guette les piétons, motocyclistes, automobilistes et usagers des minibus Sotrama qui passent. La commerçante explique que, depuis l’année dernière, la mangue n’a pas complètement disparu du marché. Présentement, elle achète au prix de gros, trois grosses mangues à 500 Fcfa et quatre petites mangues au même prix. «La période des mangues est presque terminée. Il y a deux ou trois mois, trois grosses mangues étaient vendues à 100 Fcfa contre cinq petites à 100 Fcfa», indique-t-elle.
A la question de savoir pourquoi la mangue est toujours disponible à cette période, Djénébou, une jeune commerçante au marché de Badalabougou, toujours en commune V, répond que cela est dû au fait que les productions arrivent sur le marché à des périodes différentes de l’année. Une autre vendeuse, Nankani Keïta, installée à l’entrée du Centre international de conférences de Bamako (CICB), a dit que c’est parce qu’on est parvenu à convaincre les producteurs de ne pas cueillir les mangues non mûres. « D’où la prolongation de la saison des mangues », a-t-elle expliqué.
Le Service commercial sylvain international (SCS International) est une entreprise spécialisée dans la production, l’exportation et la commercialisation des fruits et légumes, notamment la mangue. La société exporte vers l’Europe et dans la sous-région et travaille avec un réseau de producteurs de 1150 personnes. Son directeur général, Moussa Sylvain Diakité, a cité cinq raisons pour lesquelles la mangue est encore disponible sur le marché. « La première, selon lui, est liée à l’insécurité qui règne dans les Régions du Nord du Mali ». « Ce qui fait que cette partie du pays n’est plus approvisionnée en mangue », a-t-il expliqué.
Ensuite, il y a eu l’arrêt inattendu de la campagne d’exportation vers l’Europe et le fait que ce sont seulement trois à quatre variétés de mangues qui sont exportées à savoir : les Kent, Keite, Ameli et Valancia. « Toutes les autres variétés sont consommées localement », a-t-il souligné, avant de préciser que, selon les dernières enquêtes, il existe près de 120 variétés de mangues au Mali. Par ailleurs, la disponibilité de la mangue est aussi due au retard enregistré dans les récoltes qui ont également été bonnes.
Concernant l’arrêt de la campagne avant la période habituelle, notre source a indiqué qu’elle est provoquée par une loi européenne devant entrer en vigueur en septembre 2019. Cette loi a trait à la mouche de fruits, une variété de mouche venue d’Inde. Une fois qu’elle pique les mangues, celles-ci pourrissent. Elles ne sont ni consommables ni transformables. Avec cette nouvelle disposition européenne, qui concerne toute l’Afrique de l’Ouest, le Mal, pour exporter ses mangues vers l’Europe, doit garantir que ses mangues ne sont pas infectées par la mouche de fruits.
« A cet effet, nos autorités devront, à partir de septembre 2019, expliquer ce que c’est que la mouche de fruits, les zones affectées par l’insecte, notifier les solutions et ensuite garantir que les mangues maliennes ne sont pas affectées par cet insecte », a fait savoir Moussa Sylvain Diakité.
Ce dernier, qui exporte la mangue depuis 12 ans, a saisi l’opportunité pour évoquer l’inorganisation du secteur de la mangue. Selon lui, «n’importe qui se lève et se proclame producteur et exportateur de mangues sans remplir toutes les conditions prévues, y compris le fait de disposer d’un centre de conditionnement individuel ou collectif répondant aux normes nationales et internationales et d’avoir un réseau de producteurs certifiés».
La société SCS international travaille avec un réseau de producteurs composé de six coopératives appartenant à 46 villages, dans les Régions de Koulikoro, Sikasso et le district de Bamako. L’entreprise exporte chaque année 1500 tonnes de mangues vers l’Europe et dans la sous-région. «Avec une agriculture bien structurée, le Mali peut engranger des milliards de Fcfa. Ce montant peut être utilisé pour créer des emplois pour les jeunes et garantir aux Maliens des services de base de qualité», estime M. Diakité.
ABM/MD (AMAP)