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Député élue dans le cercle de Youwarou, Mme Diallo Aissata Touré répond aux questions de Mali Mussow sur la faible représentativité des femmes á l’élection présidentielle de juillet prochain.

Député élue dans le cercle de Youwarou, Mme Diallo Aissata Touré répond aux questions de Mali Mussow sur la faible représentativité des femmes á l’élection présidentielle de juillet prochain.

Mali Mussow : C’est bientôt la présidentielle au Mali. Jusque-là une seule candidature féminine officielle. Cela signifie-t-il que les femmes politiques au Mali craignent ce haut niveau ?

Aissata Touré Diallo : Nous avons déjà la réponse avec la déclaration de Mme Kanté Djenebou Ndiaye. Elle est indépendante donc pas de parti politique derrière. Si le niveau est trop haut pour les femmes, je ne pense pas. Il faut juste réunir, logiquement à mon avis, un certain nombre de conditions pour prétendre à une responsabilité de ce niveau. Pour moi ce n’est pas du folklore, ni un enrichissement de CV. Il faut avoir une vision une stratégie, un projet de société solide, fédérer une grande partie des acteurs sociaux, avoir une assise financière et une bonne connaissance de la sphère politique.

Officieusement l’on parle de deux autres candidates. Les connaissez-vous ? Pourquoi jouent-elles à cache-cache ?

Effectivement j’ai vu une annonce sur Facebook en rapport avec cela. Pourquoi elles se cachent ? Elles sont les seules à pouvoir répondre à ces questions. Il ne faut juste pas rentrer dans cette échéance pour faire de la figuration.

Pour beaucoup ces annonces sont une stratégie politique qui permet d’amuser la galerie, histoire de remplir aux exigences de l’égalité entre genre. Votre avis.

Satisfaire à la question du genre ? La situation générale du pays est trop critique pour rentrer dans ces considérations. Par contre si elles se sentent capables et montrent les signaux forts alors oui on les prendra au sérieux.

Certains vont même à affirmer qu’il est impossible et inconcevable qu’une femme brigue la fonction de Présidente de la République au Mali. Que répondez-vous à cela ?

Bien sûr que certains pensent que les femmes ne doivent pas briguer ce poste mais, il existe des résistances partout dans le monde. Comment voulez-vous écarter 52% de la population mondiale de la gestion des questions publiques ? Les résistances commencent à tomber petit à petit.

Honorable Diallo Aissata Toure, Député élue à Youwarou.

Le poids social et la religion n’en sont-ils pas pour quelque chose ? Puisque beaucoup sont ceux qui pensent que la femme doit toujours être derrière les hommes.

Vous avez mis le doigt dans la plaie. Le poids social et la religion sont les facteurs qui freinent le plus la percée des femmes sur plusieurs plans d’ailleurs ! Il faut un travail de fond. Cela commence par amener un changement de mentalité, une ouverture d’esprit sur plusieurs aspects sociaux. Certains hommes même à des niveaux de responsabilité insoupçonnables, ont toujours une position figée sur la prise de décision ou la gestion de pouvoirs politiques et administratifs par les femmes. Je prends l’exemple de certaines épouses qui sont forcées de choisir entre foyer et fonctions politiques ou fonctions administratives. C’est tellement triste.

Etre femme est finalement plus un handicap qu’un avantage en politique au Mali.

De façon générale oui les obstacles et les défis sont considérables lorsqu’on est femmes et pas seulement qu’en Afrique et qu’au Mali particulièrement. Mais, individuellement chaque femme peut décider ou s’organiser pour faire de ce handicap un avantage et un tremplin pour faire les choses différemment et se faire apprécier et accepter.

Avez-vous déjà pensé à être un jour Présidente de la République du Mali ? Sinon pourquoi ?

Pourquoi pas un jour ? Je suis ambitieuse comme tout humain et je travaille dur.

Depuis votre élection dans votre circonscription qu’avez-vous fait pour améliorer les conditions de vie des femmes rurales et des jeunes filles ?

Les députés n’ont pas vocation à construire des infrastructures, hôpitaux, routes, écoles… Nous n’avons pas de budget pour cela. Cependant, j’ai participé à mettre à la disposition de ma communauté deux moulins pour des groupements de femmes de deux communes, la jeunesse du chef-lieu de cercle dispose d’un tricycle pour le ramassage des déchets ménagers. J’ai aussi aidé à l’achat et à la mise à disposition des moteurs et des filets pour les embarcations de pêche des groupements de femmes.

Propos recueillis par la redaction de Maliactu.info

 

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